Grand Prix d'Italie | Carlos Sainz sur le podium, Charles Leclerc a pris du plaisir : Ferrari a brillé à Monza

Il y a des couleurs qui sont plus lourdes que d'autres. Être en rouge quand on est pilote ou responsable d'une écurie Formule 1, un jour de course à l'Autodromo nazionale di Monza, est un devoir. Devant ses tifosi, Ferrari doit briller, faire rêver, et obtenir des résultats. Dans une livrée spéciale en référence à l'exploit de la marque aux 24 Heures du Mans, la Scuderia a décidé de ne pas choisir. Et si la victoire ne pouvait pas échapper à des Red Bull intouchables, Carlos Sainz et Charles Leclerc ont créé l'enthousiasme en résistant aux Red Bull, puis en se disputant le podium, tout en assurant le résultat. Un beau sourire dans une saison jusque-là difficile.

Dès les essais, Ferrari avait fait tapis en misant sur un package aérodynamique minimal pour exploiter les lignes droites, et des réglages adaptés pour briller en qualification. Et si le pari avait fonctionné avec la pole position de Carlos Sainz et la troisième place de Leclerc sur la grille, tout restait à faire ce dimanche.

De l’aveu même des pilotes de l’écurie italienne, Red Bull devait être plus rapide en course, la faute à la capacité unique de la monoplace autrichienne à maintenir un rythme sans entamer trop la durabilité de ses pneumatiques. La position des Rouges sur la grille pouvait même s’apparenter à un cadeau empoisonné : à trop vouloir suivre les Red Bull, Sainz et Leclerc ne risquaient-ils pas de tout perdre ? Le raisonnement se trouvait même renforcé par l’historique récent de la Scuderia, prompte aux erreurs et aux résultats décevants.

Pour une fois, Ferrari a eu tout bon. Fidèle à l’engouement de ses fans, les pilotes rouges ont tout donné, à commencer par Carlos Sainz. Visiblement décidé à se battre, l’Espagnol n’a pas hésité à être rugueux devant Max Verstappen en début de course, puis devant Sergio Pérez ensuite, passant à plusieurs reprises proche de la correctionnelle. Et s’il a dû baisser pavillon face à la froide logique de la mécanique, il a réussi, de justesse, à rester du bon côté de la ligne rouge, dans les contacts comme dans la gestion de ses pneus.

A côté de son coéquipier, Leclerc a presque été raisonnable. Presque. Car après une course passée à patienter derrière Max Verstappen et Carlos Sainz, après avoir été irrémédiablement déposé par "Checo" Pérez, le Monégasque a voulu profiter de l’usure des pneumatiques de son équipier pour l’attaquer dans les derniers tours. Le moment choisi pour l’écurie italienne d’effectuer son dernier pari, peut-être le plus fou.

Avec Sainz 3e et Leclerc 4e, Ferrari tenait son meilleur résultat de la saison, à domicile. Pourtant, les deux pilotes ont eu le droit de se disputer la chance de monter sur le podium adoré de Monza. Cette décision a bien failli coûter très cher à tout le monde au vu de la dureté des joutes dans les derniers tours. Une décision irrationnelle, sur le papier, qui risque pourtant de rester comme un des points forts de la saison de la Scuderia, tant le spectacle a été appréciable, même pour les principaux concernés.

Carlos Sainz, celui qui aurait le plus bénéficié d’un gel des positions, n’a pas semblé perturbé par la décision de ses responsables. "C’est toujours un plaisir de se battre contre Charles. On a pris du plaisir, j’espère que vous aussi", a témoigné l’Espagnol au micro de Canal +. "C’était cool de se battre pour des positions intéressantes. Je me suis beaucoup amusé. Je suis content pour Carlos qui a été meilleur tout le week-end", a concédé, beau joueur, son coéquipier.

Un contact, un double abandon, et le déchaînement médiatique aurait été terrible. Mais cette fois, la chance a souri à la Scuderia. Grâce à ces 27 points à domicile, Ferrari remonte à la troisième place au Championnat du monde des constructeurs devant Aston Martin. Le Grand Prix a également rassuré quant à la capacité de la SF-23 à tenir le rythme de Red Bull, sur un circuit favorable à ses qualités. Surtout, Ferrari a retrouvé, l’espace d’un week-end, la passion qui la caractérise. Jusqu’à la folie, mais dans l’esprit de la course.