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Ferrari n'est "pas en crise, mais juste en pleine tempête"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/08/2020 à 22:41 GMT+2

GRAND PRIX DE BELGIQUE - Leurs SF1000 techniquement dépassées, Sebastian Vettel et Charles Leclerc (Ferrari) ont commencé et terminé 13e et 14e, dimanche à Spa. En subissant en piste et même au stand un niveau d'impréparation insuffisant de leur équipe.

Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Belgique 2020

Crédit: Getty Images

Treizième et quatorzième dimanche à Spa-Francorchamps, Sebastian Vettel et Charles Leclerc n'ont pas échappé au fiasco annoncé depuis une qualification, qui avait reflété les inquiétantes carences de leur SF1000. "Cette piste exige de l'efficience aérodynamique et de la puissance, et nous avons manqué sévèrement des deux, a exposé leur directeur, Mattia Binotto. Charles et Sebastian ont fait de leur mieux, en qualification et en course, mais nous n'avons pas pu marquer de point. Nous sommes déçus et en colère, comme le sont nos fans, à juste titre. C'est un moment difficile au dans une saison qui nous savions dès le début éprouvante, mais c'est dans ces moments-là qu'il faut se tenir déterminé et regarder devant. C'est la seule façon de s'en sortir."
Pour autant, Monza devrait être pire encore, le week-end prochain, car le "temple de la vitesse" fait la part belle à la puissance, sans répit sur ses 5,793 kilomètres. Le manager italien le sait, et c'est peut-être pour cela qu'il a provisionné des jours plus pénibles encore dans la perspective du Grand Prix d'Italie. "Nous ne sommes pas en crise, mais juste en pleine tempête, a-t-il assuré, dans des propos tenus à Motorsport.com. C'est clairement un très mauvais résultat. Nous sommes tous responsables de cette situation. Je prends ma responsabilité de patron de l'équipe, mais chacun travaillant pour Ferrari prend sa part de responsabilité également. Nous devons transformer cette frustration actuelle en réaction et en persévérance."

"Pourquoi fait-on des arrêts si lents ?"

Dans une suite d'options erronées, d'approximations, de revers en piste ponctués de moments de tension, Sebastian Vettel et Charles Leclerc ont bataillé pendant 44 tours contre des Alfa Romeo et des Haas sur le circuit des Ardennes. Loin de leur splendeur de 2019.
Le Monégasque, qualifié quatorzième, s'est fourvoyé en prenant des "tendre" pour le départ, alors que les "medium" faisait la quasi-unanimité dans la seconde moitié de grille, et a très vite reculé au classement. Dès le 3e tour, Pierre Gasly, avec son AlphaTauri chaussée de "dur" l'a dépossédé d'une belle neuvième place arrachée dans le premier tour. Le début d'un calvaire car Sergio Pérez (Racing Point) et Lando Norris (McLaren) n'étaient pas loin dans ses rétros. "Je souffre tellement dans les lignes droite", a-t-il lâché au tour suivant.
Au moins, la neutralisation du 10e tour a abrégé ses souffrances pneumatiques : au 11e passage, il a suivi le mouvement pour aller chercher des "dur" qui n'étaient pas prêts dans le stand rouge. Comme si cette option était improbable. A cran, le natif de Monte-Carlo a laissé exploser sa colère dans une bordée de jurons.
Repartir au combat, il a tenté une attaque au 19e tour sur Sebastian Vettel, douzième, et s'est fait remettre à sa place. "Pourquoi fait-on des arrêts si lents ?", a-t-il demandé sur le ton sec, en repartant avec des "medium" au 25e tour. "On t'expliquera plus tard" lui a répondu l'équipe, qui n'a pas jugé nécessaire de lui en dire plus. Un mécanicien avait eu besoin de quelques secondes supplémentaires pour injecter de l'air dans le système pneumatique, au niveau du ponton. Ça l'aurait peut-être calmé.

Erreur de timing, pneus pas prêts

En pneus frais, il a passé Nicholas Latifi (Williams), Kevin Magnussen (Haas) puis est parvenu à faire sauter Romain Grosjean (Haas), en fin d'épreuve. Pour en revenir à sa position de départ, la quatorzième.
Pour couronner le tout, Charles Leclerc a été convoqué chez les commissaires à l'arrivée, pour s'expliquer sur sa lenteur dans le tour de mise en grille. Ce type de tour doit se faire dans un délai imparti selon le règlement, 64 secondes en l'occurrence à Spa-Francorchamps. Un timing incombant à l'équipe, qui a semblé loin des standards d'un top team top dimanche. Frileuse même à l'idée de faire rentrer ses voitures en même temps pour un double arrêt, comme l'ont fait Mercedes et Renault.
"Tout d'abord, nous avons perdu du temps lors des deux pit stops à cause de problèmes, a-t-il expliqué. Durant le deuxième relais, nous savions que nous ne pourrions faire de miracle, donc, vu notre position, avec un train de voitures devant sans possibilité de doubler, nous avons décidé de faire quelque chose de différent en faisant un second arrêt. C'est dommage, ça n'a pas marché, mais par-dessus tour, nous n'avions pas la vitesse ce week-end."
Quant à Sebastian Vettel, il a paru hésiter entre combativité et résignation, à l'image de son tout droit au n°5 après avoir cédé la douzième place à Pierre Gasly. A cet instant, il répétait que ses gommes étaient à bout, il était même le plus lent en piste, mais son muret ne l'entendait pas.
"On a un peu plus souffert que d'habitude ce week-end, ça vient de la piste qui nous a moins bien convenus, a-t-il déclaré à Canal+. On était clairement moins rapides que les autres et il faut comprendre pourquoi. On a difficilement fait entrer notre voiture dans une bonne fenêtre de fonctionnement. Ce n'est pas surréaliste, c'est la réalité, notre réalité : dans tous les sports il faut faire face à la réalité même si c'est dur. On n'a pas eu un accident au premier tour, on n'est pas rentré au stand pour changer l'aileron avant et on n'est pas reparti 15e. On était à notre place. On a fait ce résultat sans rencontrer de gros problème, ou de grosses erreurs." Et comme son coéquipier, il a fini à sa place de départ, la treizième.
Alors, les tifosi peuvent-ils voir un motif d'espoir dans cette saison qui n'en est même pas à sa moitié ? Oui quand même, si l'on en croit Charles Leclerc. "A Monza, ce sera pareil ou pire, a-t-il avoué au micro de Canal+. J'espère qu'à partir de Mugello on pourra revoir un peu la lumière du jour."
Le passage au stand de Charles Leclerc (Ferrari) lors du Grand Prix de Belgique, le 30 août 2020
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