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Un tour dans la magie de Spa : Häkkinen audacieux, Rosberg et Grosjean gaffeurs, Verstappen kamikaze

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 27/08/2020 à 21:27 GMT+2

GRAND PRIX DE BELGIQUE - Pour célébrer la légende du circuit de Spa-Francorchamps, nous vous proposons de le revisiter presque virage après virage, avec ceux qui en ont été les héros heureux ou malheureux.

Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Belgique 2015

Crédit: Daimler AG

La Source

2012 : Le strike de Grosjean
Romain Grosjean est un jeune talent, excité à l'idée de remporter sa première victoire avec sa Lotus. Il est fougueux, surtout. Qualifié 8e, il cherche le gros coup au départ. En optant pour la corde du n°1, il pense surprendre Lewis Hamilton (McLaren)… Son freinage est bien trop tardif et son erreur de jugement énorme. Dans un terrible engrenage, sa E20 percute la MP4 de l'Anglais, escalade la Sauber de Sergio Pérez et passe par-dessus la Ferrari de Fernando Alonso. L'extérieur du virage n'est plus qu'une scène de désolation, où par miracle on ne déplore aucun blessé.
"Je pensais avoir dépassé Hamilton. Dans ma tête, ma voiture ne devait pas toucher la McLaren. Peut-être n'ai-je pas bien appréhendé les dimensions de ma F1", s'excuse le Français, champion en titre de GP2. Il est en surtout à son septième accrochage en douze départs. Un signal d'alarme pour la FIA qui le suspend pour le Grand Prix d'Italie et le verbalise à hauteur de 50.000 euros.
Fernando Alonso n'est "pas en colère", il aura pourtant de quoi ruminer en fin de saison : il concède 18 points à Sebastian Vettel (Red Bull) et il lui en manquera quatre pour être sacré au dépens de l'Allemand...

Eau rouge

1998 : A fond la casse
Le championnat n'a plus que quatre courses à vivre et la tension est à son comble entre McLaren et Ferrari. Sur la grille, les pilotes de l'écurie anglaise, Mika Häkkinen et David Coulthard, barrent la vue du pilote de Maranello, Michael Schumacher. Mais la plus grande adversité reste la pluie. Au premier tournant, le piège se referme sur Coulthard qui provoque une réaction en chaîne, en rebondissant d'un mur à l'autre… A droite, à gauche... Dans un nuage de projection d'eau, les monoplaces s'entrechoquent, se fragmentent aveuglément. Treize voitures hors d'usage sur 22, c'est désormais le plus grand carambolage de tous les temps.

Raidillon

2011 : Webber mystifie Alonso
Dévaler à deux de front la descente qui débouche sur le raidillon est le défi le plus dangereux de tous les circuits du championnat du monde. L'incompréhension peut y être tragique, comme aux 1000 km de Spa en 1985, lorsque le malheureux Stefan Bellof avait tenté de doubler Jacky Ickx.
La chance de Mark Webber et de Fernando Alonso est d'être amis dans la vie et de se respecter aussi en piste. L'Australien n'est pas un tendre, l'Espagnol non plus, mais ils ont l'intelligence de savoir qu'à un moment, il ne doit en rester qu'un. Parce que le lieu impose sa loi physique : Eau rouge est une cuvette marquée par une compression, où la seule possibilité est de passer avec une auto en appui maxi aéro et mécanique (le grip des pneus). Ralentir, c'est risquer de déstabiliser son bolide sur un transfert de masse.
Pour tenter un dépassement, il faut donc se décider à mi-descente, et s'y tenir. Ce voyage sans retour, l'Australien de Red Bull l'entreprend sur l'Espagnol de Ferrari au 9e tour en choisissant l'extérieur. A 280 km/h, la Red Bull se réfugie sur la bordure plate de gauche, coincée à sa droite par la "rossa". Il est sur la meilleure trajectoire, et Alonso n'a plus qu'à s'incliner. La manœuvre sera saluée dans un concert de louanges. "Je n'ai pas eu le temps de calculer, dira l'Aussie. J'avais la rage d'avoir raté mon départ. J'étais comme porté par toute ma frustration. J'ai retenu ma respiration en bas du raidillon et regardé dans mes rétros au sommet. J'ai vu qu'il était toujours à l'intérieur. Pas le choix, je suis resté pied dedans. Ma trajectoire était un peu meilleure et au bout du compte ça a fait la différence. Il faut deux pilotes faisant du bon boulot pour que ça se passe bien. Ça fait encore plus plaisir quand c'est un gars de la trempe de Fernando. Mais il sait quand assez est assez."

Kemmel

2000 : Häkkinen double Schumacher
Remis d'un tête-à-queue en début d'épreuve sur une piste mouillée, Mika Häkkinen (McLaren) opère la jonction sur le leader, son rival pour le titre Michael Schumacher (Ferrari), à cinq tours de l'arrivée. Son attaque, dans la ligne droite de 1,2 km, est brutalement réprimée par l'Allemand, à qui il adresse un poing rageur. Mais ce ne saurait le dissuader. Au tour suivant, il décide de répliquer son attaque. Et il est si déterminé que le présence du retardataire Ricardo Zonta (BAR), au milieu de la piste, n'y change rien. Il se rue à droite, Schumi à gauche. Interdiction d'éternuer…
"Dans la descente d'Eau rouge, j'ai vu Schumacher et Häkkinen dans mes rétroviseurs", racontera le Brésilien. "J'ai conservé ma ligne au milieu pour leur laisser la place, j'ai levé le pied et j'ai vu deux missiles me passer de chaque côté".
Pas de doute, le Finlandais finit la course en trombes. Premièrement parce que sa McLaren, réglée pour le sec, à l'avantage sur la Ferrari, configurée pour le mouillée. Le double champion du monde en titre ne pouvait sortir vainqueur de cette explication musclée, comme il l'explique : "Je l'aurais de toute façon passé. Mais avec ce retardataire, j'ai bénéficié d'un effet d'aspiration supplémentaire."
Il fallait tout ça pour que Schumacher s'incline, et avoue : "Mika a fait une manœuvre sensationnelle."

Les Combes

2014 : Rififi chez Mercedes
La Flèche d'argent de la nouvelle ère turbo-hybride fait graviter Lewis Hamilton et Nico Rosberg sur une autre planète. Elle a surtout fait exploser depuis longtemps une amitié de 20 ans. Dans le duel à couteaux tirés entre le Britannique et l'Allemand, les coups tordus ne sont jamais loin et ce Grand Prix de Belgique en apporte une nouvelle illustration. En voulant rester au plus près du leader après la ligne droite de Kemmel, Rosberg, leader du championnat du monde, se rabat trop tôt à l'entrée du virage à droite, et touche la monoplace frappée du n°44.
L'Allemand est fautif mais il n'est pas celui qui paie l'addition. S'il peut continuer la course avec un aileron cassé, son coéquipier voit la crevaison sur sa monoplace dégénérer jusqu'à devoir abandonner. Rosberg termine deuxième et porte son avance à 29 points sur son voisin de stand.
Toto Wolff et Niki Lauda jugent l'incident "inacceptable". Rosberg n'est pas sanctionné par les commissaires mais il le sera en interne.

Fagnes

1994 : Schumacher, disqualification en bois
Au 19e tour, Michael Schumacher perd le contrôle et contemple les alentours dans un 360° qui n'empêche pas sa Benetton de filer vers la victoire. Cependant, les délégués techniques de la FIA ne veulent rien savoir : les 2,4mm qui manquent à l'épaisseur de la planche de bois du fond plat de sa B194 n'ont pas été raboté sur la bordure du dans ce gauche rapide qui suit Pouhon. Le pilote qui domine le championnat de la tête et des épaules est privé de sa victoire, qui revient à son rival Damon Hill (Williams).

Stavelot

1987, Mansell dans toute sa splendeur
Furieux d'avoir manqué son départ de la pole position, Nigel Mansell entreprend de repasser Ayrton Senna au plus vite. C’est-à-dire à la première occasion, bonne ou mauvaise. A l'approche du raccordement vers la partie historique du tracé, l'Anglais retarde son freinage comme un damné et entreprend de contourner le Brésilien par extérieur. Le contact est inévitable, la Williams et la Lotus partent dans le décor. Mansell aura le plus de chance et repartira. Avant d'abandonner et filer plus vite au garage Lotus boxer Senna !

Blanchimont

2015 : Verstappen en mode kamikaze
11e tour : nettement plus rapide, Max Verstappen recule depuis plusieurs virages devant les obstructions de Felipe Nasr. Mais avec le Néerlandais de 17 ans, la patience est une notion toute relative. Quitte à insister à l'extérieur dans la grande courbe qui ramène la ligne de départ/arrivée. Même poussé sur une bordure à plus de 300 km/h, il tient à rendre raison au Brésilien de Sauber, au freinage de la dernière chicane. Elu dépassement de l'année.
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