Berger soupçonne Webber

Gerhard Berger a toujours été considéré comme très bien informé sur les coulisses de la Formule 1, et il ne parle pas à tort et à travers. C'est pour cela que sa déclaration sur la sortie de piste de Mark Webber (Red Bull) en Corée du Sud est particulièrement troublante. "Il aurait pu taper les freins et stopper la voiture dans le mur", a estimé à la chaîne autrichienne Servus TV l'Autrichien de 51 ans, passé en 210 Grands Prix par ATS, Arrows, Benetton, Ferrari et McLaren, pour 12 pole positions et 10 victoires. "Il a percuté Rosberg, mais c'était le mauvais pilote. Je pense que, dans son esprit, il aurait préféré Alonso ou Hamilton", a-t-il ajouté.

Se sachant perdu, le pilote de Queanbeyan aurait-il fait exprès de traverser la piste après avoir glissé et tapé le mur ? Apparemment oui... "Je pense que c'est très clair : il est sorti et savait que c'était fichu", a martelé l'ex-copropriétaire de Toro Rosso, toujours proche de Dietrich Mateschitz, le P-DG Red Bull. "Sur un moment comme ça, on est frustré et mille choses passent par la tête. C'est très évident ; on voit qu'il ne bloque pas les roues. Peut-être a-t-il eu un problème de freins, mais je ne pense pas. On peut avoir l'impression qu'il vaut mieux emporter quelqu'un avec soi, pour lui prendre des points…"

"C'est totalement de ma faute, je suis allé sur la bordure à la sortie du N.12 et j'ai vécu une sortie de piste au ralenti", avait réagi Webber, sur l'instant. "Je pensais pouvoir la rattraper, mais j'en ai perdu le contrôle et j'ai tapé le mur. Rien d'énorme, mais de suffisant pour me renvoyer de l'autre côté de la piste, où Nico [Rosberg] m'a percuté, ce qui a ruiné sa course aussi."

"C'était très difficile de savoir où la voiture de Mark allait se diriger et j'ai pris la décision de passer à gauche, mais il est parti en tête-à-queue dans ma direction et je n'ai pu l'éviter", avait expliqué Rosberg. L'Allemand avait ensuite twitté sur l'accident, de façon plus explicite : "Putain ! Je ne comprends pas pourquoi Webber n'a pas touché les freins. C'était dingue de revenir sur la piste comme ça."

On sait que tout est possible en Formule 1 depuis le comportement inconscient de Nelson Piquet au GP de Singapour 2008. Mais Webber avait-il intérêt à s'offrir en cible à Yeongam, au point d'exposer sa vie ? Tout au moins, revenir en piste volontairement était pour lui prendre le risque d'endommager son moteur dans un choc avec une autre voiture, et devoir en monter un neuf au GP du Brésil, donc récolter une pénalité de dix places sur la grille.

"Comme chaque incident en F1, des opinions sont émises sans la connaissance de tous les faits", a réagi Chris Horner, directeur d'équipe de RBR, pour qui "l'instinct naturel et immédiat de tout pilote est de ne pas laisser tomber". "Sur le vif, Mark a décidé de continuer comme n'importe quel pilote l'aurait fait", a-t-il ajouté. Avant de qualifier d'"absurde" la suggestion de Berger.