F1 - GP de Singapour - Leclerc (Ferrari)en pole, Verstappen 8e après une erreur de Red Bull, Hamilton (Mercedes) 3e

Max Verstappen avait raison d'être prudent quant à ses chances de devenir champion du monde une deuxième fois dès ce Grand Prix de Singapour. Le Néerlandais en connaît les conditions : il doit gagner dimanche, et espérer des contre-performances de Charles Leclerc (Ferrari) et Sergio Pérez (Red Bull). Mais cette chevauchée irrésistible a connu un coup d'arrêt incroyable samedi, lors de la qualification qui s'est déroulée dans la nuit singapourienne, sous la forme d'un véritable coup de théâtre, une erreur impensable de cette machine à gagner qu'est Red Bull Racing.

Alors qu'il attaquait le troisième et dernier partiel pour aller chercher la pole position de la dix-septième manche du Mondial, le Batave a été stoppé dans son élan par un appel de son ingénieur, Gianpiero Lambiase. "Rentre au box !", l'a exhorté l'Italien, responsable de la RB18 n°1 et de l'exploitation des monoplaces autrichiennes.

"Putain, qu'est-ce que c'est que ça ? Qu'est-ce que vous me racontez les gars ? Je ne saisis pas, de quoi s'agit-il ?", lui a répondu le pilote, aussi étonné qu'énervé. "On t'expliquera plus tard", lui a répondu le technicien transalpin. L'hypothèse la plus probable sur le moment était une panne d'essence dans son tour de décélération, ou du moins une quantité d'essence insuffisante restante dans le réservoir (un litre obligatoire) pour permettre aux commissaires techniques de réaliser le contrôle d'usage à son retour dans le parc fermé. Le Néerlandais a confirmé après la séance qu'il s'agissait bien d'un soucis avec son plein, mais il a estimé qu'il aurait pu terminer sa tentative et blâmé son équipe pour cette erreur.

Depuis le début de la Q3, la piste était en constante amélioration et Red Bull avait programmé un ultime tour pour tout rafler, à la fermeture de la piste. Max Verstappen en est donc resté avec son huitième temps, synonyme d'enfer dimanche, sur ce circuit où les dépassements sont réputés difficiles. Loin de Charles Leclerc (Ferrari) et Sergio Pérez (Red Bull), rivés en première ligne !

En cette saison où Red Bull Racing n'avait pas encore connu de gros couac, à part des problèmes de fiabilité dans les trois premiers Grands Prix, c'est au contraire Ferrari, loin d'être irréprochable dans le domaine opérationnel, qui a pour une fois été parfaite lors de cette session disputée sur une piste piégeuse, mouillée en Q1, humide en Q2, et juste bonne pour les slicks "tendre" en Q3. En Q2, Charles Leclerc avait d'ailleurs réclamé des "tendre", sans que son équipe n'accède à sa demande. C'était la bonne décision à prendre, et l'équipe de Maranello a encore joué sur du velours dans le money time, où les voitures ont tourné, tourné, sans interruption, à la recherche des bonnes températures de fonctionnement. Et Ferrari avait manifestement prévu assez d'essence pour ses Charles, Red Bull ce qu'il fallait pour "Checo" mais semble-t-il pas pour son "Super Max"...

Au bout d'un tour en 1'49"412, à une minute du baisser du drapeau sur la séance, le Monégasque a donc arraché sa 18e position de pointe en carrière, sa neuvième saisonnière, et sa deuxième de suite dans les rues de Singapour après 2019, les éditions 2020 et 2021 ayant été annulées pour cause de pandémie de Covid-19. Et 0"022, c'est la plus faible marge avec laquelle le pilote de Monte-Carlo a signé toutes ses pole positions.

Dans ce chaos qui nous vend déjà bien les 61 tours et deux heures de course dimanche dans l'étuve de la cité-Etat, Lewis Hamilton (Mercedes) a aussi raté de peu le coche, puisqu'il lui a manqué 0"054 pour décrocher sa première pole position de l'année. Mais ses chances de faire triompher enfin sa Flèche d'argent n'ont jamais été aussi grandes. Et face à la déception suscitée par son coéquipier George Russell, sorti dès la Q2 avec le 11e temps, il peut regarder avec confiance le palmarès du Grand Prix de Singapour, où figurent uniquement des champions du monde depuis la création de l'épreuve, en 2008. Il est même le mieux placé de ceux-là, car derrière Carlos Sainz (Ferrari), quatrième, Fernando Alonso (Alpine) est cinquième, alors que Lando Norris (McLaren) et Pierre Gasly (AlphaTauri) barrent la route de Max Verstappen.

Pierre Gasly, septième après des entraînements très compliqués, n'a pas été la seule bonne surprise de la dernière partie de qualification, puisque Kevin Magnussen (Haas) et Yuki Tsunoda (AlphaTauri) se sont glissés eux aussi dans le top 10. En revanche, Esteban Ocon (Alpine) a manqué ce rendez-vous, et pas qu'un peu. Sans freins, le Français a échoué au 18e rang.