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GP de Singapour - Singapour, le Koh Lanta de la F1 : Sauna, suées et pole cruciale pour une virée en enfer

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/09/2022 à 10:14 GMT+2

GRAND PRIX DE SINGAPOUR - Les pilotes savent qu'ils vont souffrir sur le circuit de la cité-Etat ce week-end, pendant trois jours - ou plutôt trois nuits - et à chaque tour, par les pires conditions météo de l'année. Sur l'une des pistes les plus éprouvantes, avec tous ses virages serrés et ses nombreux changement de vitesses. Mais ils s'y sont tous préparés d'une façon spéciale.

Verstappen titré dès Singapour si ...

En 2008, le Grand Prix de Singapour était devenu la première épreuve de l'histoire du championnat du monde de Formule 1 programmée en nocturne. Depuis, la multiplication des événements disputés sous les projecteurs - il y en a 1600 sur le circuit de Marina Bay - ont banalisé ces images d'un ruban lumineux serpentant dans les rues de la cité-Etat du Sud-Est asiatique, sous fond de carte postale, entre passages devant la Mairie, le dôme, la grande roue installée juste avant la ligne droite des stands. Sans oublier le petit pont très étroit offrant un autre spot de choix aux photographes.
La débauche de watts n'est pas du tout écolo mais les organisateurs singapouriens ont l'excuse du décalage horaire. La qualification débute à 21h locales samedi et la course à 20h dimanche, soit respectivement 15h et 14h pour la France, et 9h et 8h pour la côte Est des Etats-Unis d'Amérique.
Néanmoins, l'épreuve a gardé un autre caractère unique. Elle est réputée la plus dure physiquement pour les organismes des pilotes depuis la disparition du Grand Prix de Malaisie, en 2018. Singapour, c'est aussi un climat d'une humidité record (84%), dans une chaleur irrespirable (30°C jour et nuit soit la définition d'une canicule), sur un circuit composé de 23 virages (seul Djeddah en compte plus), pour la course la plus longue de l'année puisqu'elle va à la limite des deux heures.
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Sainz pense à Singapour dès le début de l'année

"C'est un des circuits les plus physiques de la saison, il fait chaud et ça tourne tout le temps, il n'y a pas vraiment d'endroits pour respirer. En plus il y a beaucoup de bosses, c'est assez extrême", notait Nico Rosberg, en 2008. "Il faut vraiment se battre au volant pour sortir un bon tour. Je dirais qu'il faut deux fois plus d'énergie qu'à Monaco pour boucler un tour", ajoutait Lewis Hamilton. Depuis, ça n'a pas changé et l'augmentation du poids des monoplaces en 2022 a même accentué les efforts demandés aux pilotes.
Ces derniers ont exceptionnellement bénéficié cette année d'une pause de presque trois semaines en raison de l'annulation du Grand Prix de Russie et ça n'est pas de trop pour eux car l'enfer les attend. Pendant les 61 tours de course, les 20 pilotes de la grille devraient vivre une expérience encore plus extrême que lors du Grand Prix de Miami, début mai, que Max Verstappen (Red Bull) avait fini dans un état livide, épuisé.
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Singapour absent du championnat du monde en 2020 et 2021 avec la pandémie de Covid, les pilotes ont repris séances d'entraînements sur des vélos elliptiques et autres bancs de musculation installés dans des hammams, des saunas, seuls moyens de reproduire les conditions de l'étuve asiatique.
"Quand je commence à m'entraîner en janvier et février, je ne pense jamais à la première course de la saison mais à celle-ci, révèle Carlos Sainz (Ferrari). Parce que c'est là que l'on fait face aux conditions les plus difficiles. Il y a d'autres courses avec des températures très élevées, mais ici seulement l'humidité est suffocante et cela, combiné au fait que la piste tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, la rend particulièrement fatigante pour le cou. Ajouté à cela, la piste est très bosselée et on a le tableau complet. Ce n'est pas seulement physique, c'est aussi mentalement exigeant, car dans les dix derniers tours, environ, on se bat autant avec son esprit autant que ses muscles."

Le sauna, parfait combo chaleur - humidité

"C'est un circuit urbain traditionnel dont les murs punissent le moindre manque de concentration, confirme Andrea Ferrari, le préparateur physique de son coéquipier, Charles Leclerc. De plus, il n'y a pas de longues lignes droites, donc le pilote ne peut jamais souffler, car ce n'est qu'en ligne droite que le rythme cardiaque peut ralentir un peu pour donner une pause à l'athlète. Le climat de Singapour compromet la thermorégulation, la capacité du corps à dissiper la chaleur. Les pilotes transpirent beaucoup (trois litres par course) et perdent ainsi des sels minéraux et du calcium, indispensables à la fonction musculaire qui à son tour affecte les performances physiques en piste." On appelle ça un cercle vicieux...
"Sur la distance de la course, un pilote peut perdre jusqu'à trois kilos et cela peut entraîner une baisse significative des performances, ajoute le coach du Monégasque. Pour surmonter cela, l'athlète doit rester hydraté en permanence tout au long de la course. Pour les aider à passer le week-end dans les meilleures conditions possibles, l'objectif est d'arriver le plus tôt possible à Singapour pour s'adapter au climat et effectuer quelques entraînements dans ces conditions extrêmes, après avoir commencé ce programme les semaines précédentes, avec l'aide de saunas pour simuler la chaleur et l'humidité de la ville."
La particularité des horaires est que les pilotes vont éviter les effets du décalage horaire. "C'est l'aspect le plus facile du week-end à gérer : les horaires des pilotes les obligent à rester à l'heure européenne, à arriver en piste en fin d'après-midi et à repartir au petit matin, explique Andrea Ferrari. Physiquement et psychologiquement, cette course est beaucoup plus simple que la course du week-end suivant au Japon, où les pilotes devront se remettre à l'heure locale."
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Charles Leclerc (Ferrari) lors de la séance de qualifications du Grand Prix de Singapour 2019

Crédit: Getty Images

Ça double quand même

Quand on sait qu'il y a 91 changements de rapports de boîte de vitesses tout au long des 5,063 kilomètres de Marina Bay, cela fait d'un tour à Singapour une performance en soi. "C'est important d'avoir un bon tour de qualification ici, donc nous allons nous concentrer là-dessus", confirme Max Verstappen. Ce propos pourrait paraître un lieu commun mais il n'en est rien, on sait pourquoi. Et plus encore parce que la pole position à Singapour est la plus importante de la saison, avec celle de Montmelo. Huit des 12 pilotes partis en tête ont gagné depuis la création du Grand Prix, soit un taux de conversion de 66%.
Ce fort pourcentage s'explique-t-il par une absence chronique de dépassements ? Justement non. Les chiffres sont même très fluctuants d'une année à l'autre. Depuis 2018, la moyenne est assez faible (de 12 par course) mais l'édition en a procuré 49 en 2012 et 3 en 2009. Et la dernière en date, en 2019, en a apporté 29 dont 22 avec DRS. Et les neutralisations régulières (au moins une voiture de sécurité par an) ne semblent pas non plus avoir remis en question l'ordre établi à l'avant de peloton.
Avec une moyenne de 5 abandons par course, le Grand Prix de Singapour ne se situe pas non plus dans une moyenne élevée. Ce qui signifie que chaque pilote se prépare spécialement bien à cette échéance.
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