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Grand Prix de Singapour | Frédéric Vasseur : "Carlos Sainz a fait un job méga tout le week-end"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 17/09/2023 à 18:17 GMT+2

Carlos Sainz a concrétisé tout un travail d'équipe, en gagnant dimanche à Singapour. Dans la peau d'un leader chez Ferrari depuis Monza, l'Espagnol a déroulé le plan rêvé par Frédéric Vasseur et ses stratèges. En faisant preuve d'une solidité que son patron a particulièrement appréciée.

Carlos Sainz et Frédéric Vasseur (Ferrari) au Grand Prix de Singapour 2023

Crédit: Getty Images

Frédéric Vasseur n'a pu retenir ses larmes. Le manager français a été submergé par l'émotion au moment où Carlos Sainz a coupé en vainqueur la ligne d'arrivée du Grand Prix de Singapour, dimanche. Dans la nuit de la cité-état, le Français a conquis sa première victoire en Formule 1 mais, surtout, la Scuderia a vu le bout du tunnel, Max Verstappen la fin de sa série-record de dix victoires, et Red Bull le terme de ses 14 courses d'invincibilité (et même 15 en comptant Abou Dabi 2022).
"Ce n'est pas un accomplissement, juste une étape, a-t-il confié à Canal+. Ça fait hyper plaisir pour l'ensemble de l'équipe parce qu'on a eu des débuts difficiles. Monza a été une première étape, on s'y attendait un peu mais là pas du tout. Carlos a fait un job méga tout le week-end en étant hyper intelligent toute la course, en manageant très bien la situation. Je suis plus que ravi pour lui. On avait un plan hyper clair depuis le début, qui s'est déroulé à merveille. Il ne fallait pas plus pousser que ça, parce que bizarrement il fallait garder les gens derrière nous."
Course après course, le championnat du monde 2023 avait jusque-là vécu au rythme des records de l'équipe autrichienne et de l'impuissance de ses rivales, mais l'histoire retient désormais aussi autre chose : Ferrari a été la première écurie à faire tomber l'écurie de Milton Keynes de son piédestal.

L'option de Leclerc déterminante au départ

Pour en arriver là, la firme transalpine a bien joué le coup, finement, à deux contre un. C'est ce qu'on lui avait si souvent reproché sous l'ère des stratégies alambiquées voire hasardeuses de Mattia Binotto. Avant même de débarquer à Maranello le 9 janvier dernier, Fred Vasseur, ex-Renault et Sauber/Alfa Romeo, avait décortiqué tous les scénarios de course du Cheval cabré en 2022. Et en conséquence renvoyé le stratégiste en chef à l'usine, simplifié la communication et les prises de décision dans le feu de l'action.
Avec Carlos Sainz en pole comme à Monza et Charles Leclerc qualifié troisième sur ce tourniquet à l'opposé des exigences du "Temple de la vitesse", les Rouges avaient décidé de diversifier leurs plans pour s'assurer de neutraliser la concurrence dans une course paradoxalement de lenteur. Tout d'abord, il fallait se débarrasser rapidement du facteur X, George Russell (Mercedes), pour permettre au Madrilène de s'échapper, gérer en tête avec son coéquipier monégasque en couverture. Sainz en "medium" et Leclerc en "tendre" - un choix agressif - , le plan a parfaitement fonctionné : au coup d'envoi, l'Ibère s'est envolé et son coéquipier a débordé l'Anglais, sans défense en "medium".
A partir de là, Ferrari a fait un choix difficile mais nécessaire : sacrifier Leclerc en lui demandant d'ouvrir un écart de trois puis cinq secondes pour parer toute tentative d'undercut de Russell. Il ne fallait pas minimiser ce risque : à Singapour, il y a toujours eu beaucoup à gagner sur un retour en piste en gommes neuves.
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Carlos Sainz (Ferrari) au Grand Prix de Singapour 2023

Crédit: Getty Images

"Très bizarrement, je n'étais pas stressé"

Mais l'intervention de la voiture de sécurité, au 20e tour, a fini de précipiter les évènements et condamner "Charlot" à une course altruiste. En prévision de la décision de la direction de course, Ferrari lui a demandé de ralentir pour repousser le peloton. Un autre coup bien senti. Son retard passé de 4"9 à 11" sur son coéquipier, Leclerc a eu droit à la double peine, en perdant deux places devant son garage, laissant passer George Russell (Mercedes) et Lando Norris (McLaren), en plus de Max Verstappen et Sergio Pérez (Red Bull), restés en piste.
C'est ainsi que Carlos Sainz s'est retrouvé seul devant à contrôler la meute, ce qu'il a très bien fait. Et le coup de poker des Mercedes - un deuxième arrêt sous voiture de sécurité virtuelle pour passer des "medium" frais - n'y a rien changé. La McLaren de Lando Norris et les Mercedes étaient assez envahissantes dans les rétroviseurs de la SF23 n°55, mais l'Espagnol n'a pas craqué. Au contraire de George Russell, qui a pris un mur de face dans le dernier tour.
"Très bizarrement, je n'étais pas stressé, a assuré Fred Vasseur à la chaîne française. J'avais vraiment l'impression que Carlos était dans le contrôle depuis le début, et qu'il voulait garder Norris dans le DRS pour que Norris ne se fasse pas doubler (par Russell). Il l'a très bien géré. Il avait aussi un peu de marge pour aller un peu plus vite, mais ce n'était pas dans son intérêt. Toute la course, il a été dans cette gestion et il l'a fait."

"C'était sous contrôle, j'avais l'esprit libre"

Déjà vainqueur à Silverstone dans la confusion en 2022, Sainz a bien mérité sa deuxième victoire en Grand Prix. "C'est un sentiment incroyable, un week-end incroyable, a réagi Carlos Sainz, pour Formula 1. Je veux remercier tout le monde chez Ferrari pour tous ces efforts, pour avoir changé la tournure de cette saison après un début difficile. On a gagné la course ! On savait ce qu'on avait à faire, qu'il fallait les faire parfaitement bien. Je suis persuadé que toute l'Italie va être fière aujourd'hui !"
Et détailler son objectif de course. "Il fallait gérer la dégradation des pneus, je voulais vraiment rester dans la fenêtre fixée, a-t-il relaté. Je savais que ce serait aussi un long relais en pneus 'dur' sur la seconde partie de course. Je savais que si George avait une opportunité de mettre son deuxième train de 'medium', il faudrait tout faire à la perfection. On a réussi."
Norris, à la fin ? "C'était sous contrôle C'était sous contrôle, a-t-il coupé, avec assurance. J'avais l'esprit libre, le rythme pour faire ce que je voulais. Bien sûr, on n'est jamais loin de l'erreur, mais je suis parvenu à tout gérer."

Leclerc fataliste

Dans le parc fermé, Charles Leclerc a donné une accolade rapide à son coéquipier. Déçu ? Forcément, mais en parfait team player, il a insisté sur ce succès collectif profitable à tous, à terme. "Je ne pense pas qu'on aurait pu faire quelque chose de mieux, a-t-il confié à Canal+. En allant à cette course, je savais que ça allait être difficile. J'ai changé le choix des pneus avec un 'tendre' ce matin, au dernier moment, pour essayer justement de faire exactement ce qu'on a fait au début - prendre la deuxième place - et ensuite ralentir les autres pour que Carlos parte, et qu'après je puisse m'arrêter, sans qu'il se fasse undercuter. Le problème est qu'il y a eu une voiture de sécurité, du coup on s'est tous arrêté au même moment. Après, j'ai eu le trafic pour repartir des stands. Je crois que j'ai perdu trois positions (deux en fait, dans la pit lane). Je suis reparti 6e ou 7e car les Red Bull étaient aussi entre nous."
Le mal était fait. "Après ça, je savais que la course allait être compliquée, car doubler ici est tout simplement très difficile, a-t-il ajouté. A la fin, la gestion de la course a été extrêmement bonne car Carlos a gagné aujourd'hui. Voilà, c'était à moi de faire un meilleur boulot en qualification."
Carlos Sainz et Charles Leclerc avaient fait le spectacle pour un podium en fin de course à Monza, mais cette victoire, même acquise au prix d'une gestion rigoureuse, a une saveur incomparable pour l'équipe et ses fidèles tifosi. Dimanche, la Scuderia a définitivement tourné la page des années Mattia Binotto, et peut penser à l'avenir avec confiance.
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