Grand Prix de Singapour - La pole et une grande chance de victoire : Ferrari salue le "pas en avant" de Sainz

En dépareillant les SF23 dans les dernières secondes de la qualification, samedi à Singapour, George Russell (Mercedes) n'a pas gâché les applaudissements des mécaniciens chez Ferrari, le plaisir et encore moins la satisfaction de l'équipe managée par Frédéric Vasseur.

Deux semaines après Monza, Carlos Sainz a réussi le tour de force de décrocher une pole position sur un circuit aux caractéristiques diamétralement opposées à celle du temple de la vitesse italien. Et Charles Leclerc a complété le tableau d'ensemble avec son troisième temps, certes assez frustrant puisque tout s'est joué à 0"072 entre le top 3, mais gage de chances de victoires bien plus grandes qu'en Lombardie. Pour une raison simple : Max Verstappen (Red Bull) ne jouera pas les entremetteurs dimanche, sauf improbable retournement de situation. Piégé par le comportement inconstant de sa RB19, parti dans une mauvaise direction de réglages, le n°1 mondial, vainqueur des dix dernières courses, s'élancera de la 11e place sur ce circuit où l'on double peu. A peine plus qu'à Monaco.

Auteur de sa cinquième position de pointe en carrière, sa deuxième de suite, Carlos Sainz s'est donc un peu plus affirmé chez Ferrari. C'est la troisième fois de suite qu'il bat son coéquipier monégasque en qualification, et l'équipe l'a vu venir de loin.

"Cette pole était un peu plus inespérée (ndlr : qu'à Monza) parce que ce n'est pas le circuit sur lequel on se sentait le mieux, a réagi Fred Vasseur, sur Canal+. Je suis très content pour Carlos parce qu'il fait un super week-end, depuis le début. La grosse différence est que Carlos a fait un pas en avant. Il l'a fait surtout depuis le début du week-end. Contrairement au début de saison, il est bien dans le rythme en essais libres 1 et 2, ça nous aide aussi à bâtir notre progression de la voiture. Il avait tendance à partir de loin au début des week-ends, et là il ne le fait plus du tout. C'est un vrai support pour nous."

A chaud, le Madrilène a livré la même analyse : "Comme à Monza, je me suis senti à l'aise dès les essais libres 1 jusqu'en Q3. Je me suis concentré pour ne commettre aucune erreur dans mon dernier tour. La séance a été un peu chaotique pour tout le monde mais j'ai pu m'en sortir avec cette pole position. C'est un peu l'histoire de notre année : sur certaines pistes il nous manque des choses, sur d'autres ça va."

Songe-t-il à sa deuxième victoire en Formule 1, après Silverstone 2022 ? Forcément. Mais il prévient : Mercedes est une menace à considérer. "Ce week-end, c'est un peu comme à Monza : on sait que notre point faible est notre rythme de course mais on y travaille, a-t-il admis. Clairement, on fait des progrès. Le rythme de course est toujours un point d'interrogation. Mercedes est plus rapide que nous le dimanche. Je vais essayer de faire un bon premier relais. Après, on verra si on peut viser la victoire. Je vais tout donner comme à Monza et j'espère que dimanche ce sera suffisant."

En vérité, Ferrari a gagné son pari de juste mettre l'accent sur l'exploitation de sa machine ce week-end. C'est souvent ce qu'il faut faire sur un circuit urbain, éloigné des standards, où apporter tout un tas de nouvelles pièces est un risque de confusion. L'équipe est partie du bon pied dès les premiers tours, et elle a gardé le cap sur cette piste où on a encore vu le grip énormément évoluer.

Il ne fallait pas perdre le fil. Sainz l'a de suite saisi, Leclerc a fini par le rattraper. Un peu en retrait - on parle de 0"2 à 0"3 - de son coéquipier, "Charlot" a fini par tout aligner en Q3. Même s'il lui en a manqué, l'effort a été souligné par son patron. "Je ne pense pas que la voiture convient moins bien à Charles : il est mieux dans les deux dernières qualifications que lors des courses précédentes", a coupé Fred Vasseur, sur la chaîne française.

A sa descente de voiture, le pilote de la Principauté avait détaillé l'équation du week-end. "Ici, c'est toujours un équilibre entre le premier et le dernier secteur, a-t-il dit. Tout était très serré, les Mercedes étaient très rapides, a-t-il poursuivi. La qualification a été très intéressante. Malheureusement, il m'en a manqué un tout petit peu. Jusqu'à présent, on a eu un très bon niveau de performance. On ne s'y attendait pas, c'est très bon pour le futur. On a l'air assez rapides sur longs relais depuis le début du week-end..."

L'an dernier, Max Verstappen, huitième sur la grille de départ, était resté englué dans le peloton. Une ou plusieurs interventions de la voiture de sécurité pourraient encore rythmer la course mais il ne tient qu'à Ferrari de tout faire dans l'ordre pour aller chercher sa première victoire depuis le 10 juillet 2022, en Autriche.