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Plus de patience, moins de fautes : Charles Leclerc (Ferrari) se sent devenir "plus fort"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 14/11/2020 à 09:46 GMT+1

GRAND PRIX DE TURQUIE - Passés les fastes de 2019, Charles Leclerc (Ferrari) vit une saison ingrate en 2020. Qui l'a amené à se concentrer sur ses qualités pour devenir un pilote plus fiable, meilleur gestionnaire, et finalement plus fort.

Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Turquie 2020

Crédit: Getty Images

Les promesses nées de la première saison en Formule 1 chez Sauber en 2018 et des succès qui avaient coïncidé avec sa promotion chez Ferrari en 2019 - sept pole positions et deux victoires - suivaient une courbe ascensionnelle qui s'est brisée cette année. En cette fin de campagne 2020, Charles Leclerc se bat pour arracher la quatrième place du Championnat du monde à l'outsider Daniel Ricciardo (Renault), qui le précède de dix points, et la Scuderia se débat à la sixième chez les constructeurs, 14 longueurs devant AlphaTauri, l'équipe B de Red Bull. Une année sans victoire, Maranello en a déjà connues, et pas plus tard qu'en 2016. Mais deux podiums serait le plus maigre bilan depuis 1993.
Le "Petit prince" est retombé de son nuage, brutalement. La faute à la remise en conformité du V6 Ferrari - diront nous pudiquement - qui lui a fait perdre quelques 60 chevaux l'hiver dernier, et une aérodynamique trop dépendante de la Vmax. Qui n'apportait donc pas assez d'appui en virage. Tout ce que le Reparto Corse s'est donné pour mission de reconstituer.
Néanmoins, Charles Leclerc refuse la fatalité de ce fiasco technique et s'interdit de baisser les bras sportivement. Car c'est de lui que reviendra cette lumière que les Rouges ne voient pas encore vraiment au bout du tunnel. C'est écrit : Ferrari a verrouillé son contrat jusqu'en 2024 - soit le bail le plus long du paddock - et lui confirme à l'envie. Il est son avenir.
Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Turquie 2020

Fidélité à Ferrari

Cette réalité a d'ailleurs sonné comme une évidence au détour d'une mise au point devant les spéculations relatives à la possible retraite de Lewis Hamilton. "Mercedes fait un excellent boulot, j'ai beaucoup de respect pour leur façon de travailler mais je resterai plutôt chez Ferrari, où je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour remettre l'équipe où elle mérite d'être. Je suis à peu près sûr de pouvoir y parvenir", avait assuré le Monégasque à Sport Bild, après le Grand Prix d'Emilie-Romagne.
Bref, Charles Leclerc ne sait pas encore exactement quand il aura fini de remonter la pente - pas avant 2022 il faut le craindre -, mais il sait avec qui, ce qui est le plus important. Malgré d'évidentes difficultés cette année, des flottements qui ont donné l'impression d'un pas en arrière, parfois. Comme le pit stop calamiteux du dernier Grand Prix de Belgique, lorsque ses pneus n'étaient pasprêts. Ce qui l'a fait sortir pester à la radio. Où ce doute émis en direct, toujours à Spa-Francorchamps, par son ingénieur, en début de course ; "Plan B ou plan C, on évalue". Ce à quoi il avait répondu : "Il va falloir vite se décider, ces plans sont très différents."
Ce week-end ardennais avait sûrement compilé le pire de ce que les Rouges sont malheureusement encore capables de temps à autres. Mais quel pilote affichant quelques années de Formule 1 n'a pas vécu cela ? Cela n'a rien d'évident, mais il doit le voir comme un investissement pour la suite.
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"Hamilton flottait au-dessus de la piste, c'est celui qui m'a le plus impressionné dans ma carrière"

"Je suis satisfait de ma saison"

"Je pense que ça a fait de moi un meilleur pilote, assurément, car en des moments difficiles j'ai puisé ma détermination d'autres manières, en me concentrant sur moi, pour essayer de progresser, même si ce n'est pas pour des podiums ou des victoires, nous nous battons pour des accessits. Au bout du compte, ça signifie plus pour moi, a-t-il avoué, avant le rendez-vous en Turquie. En termes de patience aussi. Je ne pense pas que j'étais un gars très patient mais à présent je dois l'être, dans la situation où je suis, et je pense m'être amélioré de ce point de vue aussi."
Ce sentiment de meilleur contrôle de ses émotions lui permet certainement de mieux aborder tout ce qui tient à la performance. "A un niveau personnel, je peux dire que je suis satisfait de ma saison. J'ai commis moins de fautes que l'année dernière et je pense avoir grandi de plusieurs façons, spécialement dans les courses, par exemple en gestion des pneumatiques, assure-t-il. Dans une saison comme celle-là, où chaque détail peut faire la différence, je crois être parvenu à travailler sur moi, sur ma sensibilité technique, sur la façon de gérer la voiture et aider l'équipe à faire mieux. Je suis convaincu qu'à la fin de la saison, je serai un pilote plus fort."
Cette saison, la SF1000 a en de trop nombreuses circonstances détruit ses gommes "tendre" avant l'heure, anéantissant les chances d'un bon résultat entrevu en qualification. Cependant, un circuit comme Portimao a encore montré les progrès sensibles effectués dans ce domaine, parmi tant d'autres. "Il réussit à tirer tout ce qui est possible de la voiture, mais je ne pense pas qu'il a fait un bon de géant qualitatif cette année, rectifie son coéquipier, Sebastian Vettel. Il a toujours été très fort, à la fois en 2018 chez Sauber et lors de sa première année chez Ferrari."
Charles Leclerc et Sebastian Vettel (Ferrari) au Grand Prix de Turquie 2020

Plus régulier aux essais

En termes d'erreurs, son crash en Q2 à Bakou en 2019 a été un tournant. Laurent Mekies, directeur sportif et aussi directeur d'équipe délégué ce week-end en l'absence de Mattia Binotto, l'a expliqué : le pilote de la Principauté ne pilote plus "en dedans" - pourrait-on dire - lors des essais libres. De sorte qu'il ne se retrouve pas obligé d'attaquer dur d'un coup en qualification, au moment le plus critique. Les limites de sa SF1000, il les explore le vendredi et le samedi matin aussi, et ses résultats gagnent en régularité, en lisibilité.
Bien sûr, il y a cette année le fail de l'attaque ratée sur Sebastian Vettel au premier tour du Grand Prix de Styrie, qui a fini par renvoyer les deux machines au garage. Mais on préfère retenir ses week-ends significatifs à Silverstone (4e et 5e), et ces deux dernières prestations, à Portimao (4e) et Imola (5e).
Engagé avec le staff technique dans un long redressement, Charles Leclerc connait la feuille de route. Il sait que l'objectif de cette fin de saison est la performance en course plus qu'en qualification et que les évolutions installées sur la voiture sont destinées à préparer 2021. Avec l'espoir que le nouveau moteur permet au package global de faire un bond en avant.
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