Formule 1 - Un milliard perdu pour Renault, "Rien ne change pour Alpine" : le départ de Luca De Meo, est-ce si grave ?
Mis à jour 19/06/2025 à 15:44 GMT+2
Le PDG de Renault, et directeur de fait de l'écurie Alpine – en F1 comme en WEC –, Luca De Meo a annoncé ce dimanche son départ de la marque. L'Italien avait redressé les ventes du losange, et l'action en bourse du groupe a chuté dans la foulée de près de 10%. Son bilan, en revanche, est bien moins bon côté sport mécanique. Et les conséquences pourraient être bien différentes pour Alpine.
"Alpine, c'est beaucoup de marketing mais côté sportif, c'est un fiasco"
Video credit: Eurosport
Dans la presse financière, on parle de "transfert du siècle" et de "virage sans précédent". Luca De Meo, le PDG du groupe Renault, a annoncé ce dimanche qu'il quitterait son poste pour rejoindre Kering à la mi-juillet. Pertes et fracas sur les marchés : l'action du groupe français a immédiatement perdu 9% de sa valeur, soit un milliard en capitalisation boursière perdu dans la soirée. Deux salles, deux ambiances avec Alpine Racing, la branche sport automobile du groupe que dirigeait, de facto, l'Italien. En place depuis 2020, il a été le principal architecte de ce à quoi ressemble aujourd'hui Alpine F1.
Et il n'y a pas vraiment obtenu les mêmes résultats que sur l'automobile de série. Si les boursicoteurs ont vendu en panique à l'annonce de son départ, c'est parce que Luca De Meo avait effectivement redressé les résultats de la marque au losange. Marge opérationnelle record en 126 ans d'existence, valeur de l'action multipliée par deux, … ses méthodes gagnantes ont même été analysées dans un cours de management de l'université de Harvard. Un bilan qui peut sembler bien étonnant pour celui qui ne suivrait que les résultats sportifs du groupe. Depuis cinq ans, les résultats d'Alpine F1 stagnent, voire empirent, et le département Endurance peine à rehausser la note générale.
Lorsque Luca de Meo est arrivé, à l'été 2020, l'écurie qui s'appelait alors Renault F1 était en train d'achever sa saison la plus prolifique (181 points) depuis les deux titres de champion de Fernando Alonso en 2005 et 2006. La saison dernière, un double podium au Brésil sauvait Alpine F1 d'une neuvième place au classement constructeur. Surtout, entre temps, l'écurie aura connu un changement de nom, cinq directeurs d'équipe et autant de pilotes différents. Sans aucun progrès, sans aucune révolution, si ce n'est de prendre le pire chez ce qui se fait de meilleur – un management qui s'inspire de plus en plus de Red Bull, par exemple – et d'abandonner ce que l'écurie faisait de mieux – l'usine de Viry-Châtillon, et Oscar Piastri, entre autres.
Gasly veut "comprendre ce que cela signifie"
"Une fois de plus, Luca de Meo part juste avant que les conséquences de ses décisions ne se fassent pleinement ressentir, a écrit l'ancien directeur juridique de l'écurie Pierre Chauty sur LinkedIn. Alpine F1 est en détresse, le programme moteur de Viry-Châtillon est en cours de démantèlement et Ampere, son projet de véhicule électrique tant vanté, est plongé dans l'incertitude." Parmi les likes de la publication, plusieurs employés actuels de l'écurie. Symbole de la côte de l'Italien au sein des effectifs. Des petites mains, du moins. Après le Grand Prix du Canada ce week-end, Pierre Gasly était lui bien plus mesuré : "J'ai évidemment une très bonne relation avec Luca, il fait partie des gens qui m'ont pris dans l'équipe et je pense que c'est une personne très inspirante, donc évidemment la première réaction est que je suis très triste de la voir partir."
Quelques secondes plus tard, il se plaignait du manque de rythme de son A525 et regrettait d'être resté "coincé pendant 40 tours" derrière la modeste VCARB de Liam Lawson. "Il faut que je rencontre le management et que je comprenne un peu ce que cela signifie pour l'équipe" s'interrogeait-il tout de même. Réponse du patron officieux Flavio Briatore, débauché par De Meo lui-même : "Rien ne change pour moi, ni pour l'équipe." A court-terme, il a certainement raison mais qu'en sera-t-il d'ici la fin de l'année ? Un an après son arrivée, son bilan personnel est difficilement défendable. D'autant plus qu'il promet toujours que Alpine pourra viser la plus haute marche du podium dès la saison prochaine et le changement de réglementation. Avec un nouveau commandant à bord, certainement moins acquis à sa cause, ses décisions pourraient être examinées sous un autre jour. Voire ne plus être examinées du tout : en 2020, Luca De Meo avait poussé devant le conseil d'administration pour conserver l'engagement de Renault en F1. Et malgré les résultats de nouveau en hausse de la marque, la question pourrait bien revenir sur la table.
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