Grand Prix du Canada | Oscar Piastri (McLaren) doublé, Max Verstappen (Red Bull) challengé : Andrea Kimi Antonelli (Mercedes), toujours plus gros
Mis à jour 18/06/2025 à 09:21 GMT+2
Après un vrai coup de mou à zéro point et moult problèmes techniques, Andrea Kimi Antonelli a rassuré Mercedes en reprenant sa courbe de progression toujours aussi raide, à Montréal. Un podium avec la manière, comme ont pu le constater Oscar Piastri (McLaren) et Max Verstappen (Red Bull).
Mercedes bluffé : "Antonelli a un leadership naturel comme Hamilton et Vettel"
Video credit: Eurosport
Mercedes savait à quoi s'attendre pour une première année en Formule 1. Mais finalement, les résultats n'ont pas été si irréguliers que redoutés. Les pics de forme ont même été nombreux en début de saison, plus hauts que prévu, avant un passage à vide que l'Etoile à trois branches avait provisionné. Mais après trois week-ends frustrants, laborieux, parfois décousus, Andrea Kimi Antonelli a rebondi de façon spectaculaire.
Dimanche, au Grand Prix du Canada, l'Italien a en effet connu sa première cérémonie du podium en Formule 1. Des honneurs accordés à un talent précoce, et définitivement spécial. À 18 ans et 294 jours, il est devenu le troisième plus jeune auteur d'un top 3 en Formule 1, juste derrière Max Verstappen, à qui il fait plus penser en termes de vitesse pure que Lance Stroll, l'autre pilote qui le précède dans cette marque de parcours. Et non content d'avoir posé ce jalon supplémentaire, il a fait faire un bond en avant à son pays, puisque l'Italie n'avait plus vu l'un de ses représentants sur un podium depuis Jarno Trulli, au Grand Prix du Japon en 2009.
Les lycéens d'Imola, "une erreur que nous ne répéterons pas"
Mais au-delà de ce résultat signé dans la Belle province, qui justifie un peu plus l'énorme confiance placée en lui chez Mercedes, c'est sa manière assurée qui l'a aspiré un peu plus vers les sommets. Une manière en forme de mise au point après un triptyque épuisant mentalement, pénible techniquement, soldé sans le moindre point, entre erreurs de jeunesse et abandons.
À Imola, près de chez lui, il avait invité toute sa classe de terminale ; une dispersion pas du goût de son mentor. "Tout le monde voulait un petit peu de Kimi, avait rapporté Toto Wolff, directeur de Mercedes. Dès le vendredi, il était juste épuisé. Je lui ai parlé samedi, il m'a dit : 'Je n’ai plus d’énergie à cause de tout ça.'" "C’est une erreur que nous ne répéterons pas", avait-il promis, en parlant à Monaco de ces "gosses" par ailleurs très polis mais à la présence totalement incongrue.
Pâle 13e en qualification, "AKA" avait abandonné sa course anonyme sur un problème d'accélérateur. Emporté par le hors-sujet technique de l'écurie à Monaco (18e), il avait redressé la barre à Montmelo (6e le samedi) avant une défaillance de son moteur le dimanche. Trois rendez-vous manqués de suite.
Un C6 difficile à cerner
Ecoeuré par cet enchainement, il avait buté sur un autre obstacle, plus sérieux, qui le taraude encore. "Je pense qu'avec le nouveau pneu C6 (ndlr : introduit à Imola et reconduit à Monaco), j'ai galéré pour trouver la régularité dans la performance de la gomme, a-t-il exposé, juste avant le rendez-vous montréalais. Il est super pointu, vraiment difficile à mettre dans la bonne fenêtre dès le tour de préparation. J'ai eu du mal avec ça. À Imola, j'ai fait du yoyo : en essais libres 3, je me souviens avoir été haut, puis avoir soudain perdu 0"5 ou 0"6 en qualification. Cela a entamé ma confiance."
Pourquoi évoquait-il le sujet dans le paddock québécois ? Parce qu'après un retour au choix de mélanges les plus durs de la gamme Pirelli (C1, C2, C3) à Montmelo, les fameux C6 étaient à nouveau de mise au Canada. Où il a un peu avancé dans la maîtrise du sujet ; avec un petit coup de pouce de circonstances car il a laissé tomber les gommes rouges - comme Russell - pour réussir le 4e temps en Q3, en gommes "medium"… usées !
"Je me sentais beaucoup plus à l'aise avec le C6, a-t-il raconté. J'ai mis un peu de temps à trouver le rythme, ce qui m'a fait brûler mes deux trains de 'medium' neufs avant la Q3. Le pneu usé en Q3 m'a légèrement désavantagé. L'adhérence a commencé à diminuer dans le dernier secteur et j'ai perdu pas mal de temps. Mon tour n'était pas particulièrement excellent."
Un jugement sévère ? "Kimi est légèrement déçu de sa quatrième place, ce qui témoigne de son niveau d'exigence et des progrès qu'il a déjà réalisés lors de sa première saison", s'est empressé de corriger Toto Wolff, toujours là pour faire la part des choses.
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George Russell et Andrea Kimi Antonelli (Mercedes) au Grand Prix du Canada 2025
Crédit: Getty Images
Piastri doublé et contrôlé
Restait à voir comment les W16 allaient supporter le dimanche la hausse du mercure, qui ne leur convient ordinairement pas... Russell poleman et solide leader, le Transalpin a livré derrière lui une copie parfaite sur ce circuit où les rails ne sont jamais loin. Oscar Piastri (McLaren) peut témoigner : il n'avait perdu une place au départ qu'au profit de Max Verstappen (Red Bull) cette saison, à Melbourne et Imola.
Le n°1 mondial a donc été ajouté à la liste du prodige bolognais, qui a passé son capot devant celui de sa McLaren dès le troisième virage ; une manœuvre propre, calibrée, pour occuper une troisième place qu'il a défendue sans quitter la trajectoire idéale sous la pression de l'Australien en fin de parcours. Mieux : il a failli réussir sa tentative d'overcut sur le quadruple champion du monde, au 39e des 70 tours. À cette occasion, le Néerlandais a vu d'un peu plus près cette relève italienne avec laquelle il devra composer à l'avenir.
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Andrea Kimi Antonelli (Mercedes) et Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix du Canada 2025
Crédit: Getty Images
"Le départ a été la clé, j'ai pris une place à Piastri et nous avons montré notre rythme", a sobrement commenté Andrea Kimi Antonelli. Toto Wolff, qui l'a chaudement félicité dans le parc fermé, a été plus loquace sur ses progrès. "Kimi a fait une course géniale, a relevé le boss. Il mérite amplement ce podium et je suis sûr que le meilleur reste à venir." Ce qu'Andrew Shovlin s'est empressé de compléter. "Ce premier podium est un nouveau jalon dans sa première moitié de saison de pilote de Formule 1 (qu'il complètera en Autriche le 29 juin), et il l'a fait sous une grosse pression du leader du championnat du monde", a dit le directeur de l'ingénierie de piste. Un autre cap franchi de la part du jeune Transalpin, visiblement fait du même mental que ces grands qu'il aime côtoyer.
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