Formule 1 - Intimidations, collisions volontaires : Comment Max Verstappen (Red Bull) s'est mis en danger

Un point, c'est ce qui reste sur le permis de courir - la superlicence - de Max Verstappen (Red Bull), qui en compte normalement 12, après sa nouvelle incartade à Montmelo, dimanche. Chaque point étant restitué un an après son retrait, il sera suspendu en cas de perte d'un point d'ici le 30 juin, date où il doit en récupérer deux. Voici comment il en est arrivé là.

Verstappen, une faute vraiment intentionnelle sur Russell ?

Video credit: Eurosport

30 juin 2024, Autriche - 2 points - Collision

Ça chauffe depuis quelques tours entre le leader Max Verstappen (Red Bull) et Lando Norris (McLaren). Au 59e passage, l'Anglais a passé le Néerlandais, rejeté en hors-piste, et lui redonne la position. Au 60e tour, la tension monte encore et Norris se plaint : "Il ne peut pas continuer à bouger comme ça."
63e tour : Norris double, Verstappen réplique. L'Anglais rouvre la radio. "Il devrait rendre la place. J'étais devant lui au point de corde." Verstappen, droit dans ses bottes : "Il m'a forcé à aller dehors."
Le tour suivant est le dernier du duel. Le Britannique attaque à l'extérieur au n°3, un virage à droite, et Verstappen se défend en braquant… à gauche. Contact, double contact, double hors-piste. Verstappen s'extirpe et file. Pneu arrière gauche crevé, il poursuit et finit 5e. Norris le déborde, crève à son tour et finit par abandonner.
Sanction : 10 secondes de pénalité à l'arrivée (aucune place perdue) et 2 points sur sa superlicence.
Explication des commissaires : "Le pilote de la voiture n°1 a bougé vers à gauche, causant une collision avec la voiture n°4. Le pilote de la n°1 est principalement en faute."
"Je lui ai laissé une place juste, respectueuse, sur le fil du rasoir, mais ce n'est pas ce que j'ai eu en retour", regrette Norris. "Nous nous sommes touchés selon un angle bizarre, plaide mollement Max Verstappen. Je suis embêté aussi (comme Norris). Ces choses arrivent, on ne veut pas. Il est arrivé d'assez loin, un peu hors de contrôle. J'ai choisi l'autre côté et nos pneus arrière se sont touchés. Je ne m'attendais pas à ça, par l'extérieur."

27 octobre 2024, Mexico : 2 points - Double intimidation

Impuissant devant Carlos Sainz (Ferrari), à qui il cède sa place de leader au 9e tour, Max Verstappen supporte encore moins l'attaque de Lando Norris dans la boucle suivante. De rage, il pousse son rival en hors-piste, au virage n°4 puis au n°8.
Sanction : 10 secondes de pénalité pour chaque sortie de piste de Norris et 2 points de superlicence pour l'infraction au virage n°4.
Explication des commissaires pour l'infraction au n°4 : "Norris devançait Verstappen à l'entrée, à la corde et vers la sortie du virage lorsqu'il a commencé à être contraint à la sortie de piste. La pénalité est standard dans ce genre de cas."
"Ce n'est pas une conduite très propre, à mon avis", estime Norris. "20 secondes, c'est beaucoup, mais je ne vais pas pleurer pour ça, coupe Verstappen. Je pense juste que la pénalité au n°4 constituait un peu plus un point d'interrogation. J'irai toujours à la limite pour faire le maximum à chaque course. Parfois, il faut franchir une ligne."

1er novembre 2024, Sao Paulo : 1 point - Survitesse sous voiture de sécurité virtuelle

Un peu bête de se faire pincer pour une procédure de voiture de sécurité virtuelle, qui plus est lors d'un sprint. Alors que la neutralisation prend fin pour le dernier de la mini-course du samedi, Verstappen se rapproche de Piastri, deuxième. Trop, et il le sait…
Chaque pilote est tenu de respecter des temps de passage à des points précis du circuit, afin de maintenir les écarts en l'état. Mais pour le pilote Red Bull, la tentation est trop grande de s'attaquer à l'Australien.
Sanction : 5 secondes de pénalité et un point de superlicence.
Explication des commissaires : "Le pilote était 0"63 en dessous du temps minimum à la fin de la voiture de sécurité virtuelle quand le feu est passé au vert." Là encore, "la pénalité standard est appliquée pour le gain de temps."
Dans le bureau de la FIA, le quadruple champion du monde a expliqué que son équipe lui a notifié son avance sur le temps delta, mais qu'il n'a pu "le corriger à temps." Ni se retenir, en fait. "Je devais être proche Oscar", avoue-t-il devant la presse.

1er décembre 2024, Qatar : 1 point – Lenteur en qualification

En pole provisoire, le Batave roule au ralenti avant de se lancer dans son ultime tour chrono, alors que Russell déboule. Planté sur la trajectoire, il oblige l'Anglais, lui aussi dans un tour de préparation, à freiner en urgence.
Sanction : une place de pénalité sur la grille et un point de superlicence.
Explication des commissaires : "D'évidence le pilote de la voiture n°1 tentait de refroidir ses pneus. Il pouvait voir la voiture n°63 [Russell] approcher car il a regardé plusieurs fois dans son rétroviseur dans la petite ligne droite entre les virages n°11 et 12."
Le pilote de la RB20 réfute l'intentionnalité et s'énerve. "Il n'avait qu'à freiner. J'ai freiné, comme toutes les voitures devant moi. Je ne veux pas les emmerder. J'en ai un peu marre de tout ça."
Et de déplacer le problème sur le Britannique, dont il dit ne pas avoir supporter le lobbying auprès des commissaires, afin de lui coller une pénalité. "Je n'arrive pas à croire que je l'aie eue, s'insurge-t-il. Mais bon, d'une certaine manière je ne suis pas surpris du monde dans lequel je vis. Je suis allé bien des fois dans le bureau des commissaires, avec des rivaux, et je n'avais jamais vu quelqu'un essayer de tromper quelqu'un d'autre à ce point. J'ai perdu tout respecter pour lui."
C'est le début d'une triste affaire, grave même, qui va envenimer leurs relations durablement. Le pilote Mercedes expliquera plus tard avoir reçu des menaces du champion du monde lui promettant : "Je vais mettre ta putain de tête dans le mur."

8 décembre 2024, Abou Dabi : 2 points – Collision

Après ces excès regrettables, les démêlés du pilote de Christian Horner avec la FIA sont d'une totale banalité. Au départ du Grand Prix d'Abou Dabi, il percute Piastri en tentant de le double à l'intérieur du n°1. S'il boucle le premier tour au 11e rang, l'Australien est 19e et dernier.
Alors que le natif de Melbourne ironise à la radio sur "une manoeuvre de champion du monde", Verstappen reconnaît sa faute: "J'ai essayé de prendre l'intérieur et j'ai vite réalisé, une fois engagé, que le trou se refermait. Je me suis déjà excusé auprès d'Oscar. Ce n'est pas ce que je voulais, et spécialement avec lui."
Sanction : une pénalité de 10 secondes et un point de superlicence.
Explication des commissaires : "La voiture n°1 n'a jamais été à la hauteur de la n°81. Le pilote de la n°1 est entièrement en faute."

1er juin 2025, Espagne : 3 points – Collision

"Mad Max" au comble de la frustration et de l'esprit vengeur. Mal chaussé, en perte de contrôle au restart en fin d'épreuve, il se fait happer par Leclerc (Ferrari) et bientôt par Russell (Mercedes). Un sens de l'opportunité de l'Anglais que le pilote de la RB21 ne tolère pas. Parti tout droit au n°1, il est poussé par son muret à rendre sa 4e position au pilote de la Flèche d'argent n°63. Une exécution retorse doublée d'un coup de sang, puisqu'il se jette finalement à l'intérieur du virage n°5 où Russell se fait tamponner. Sur les nerfs, MV1 s'exécute finalement au n°12. Ironie de l'histoire, la FIA estime qu'il a été obligé de couper le virage n°2 quand Russell l'a attaqué.
Sanction : pénalité de 10 secondes à l'arrivée (rétrogradation de P4 à P10) et trois points de superlicence.
Explication des commissaires : "Le pilote de la voiture n°1 était visiblement mécontent de la demande de son équipe de rendre sa position. Après que la voiture n°63 a pris le dessus sur la voiture n°1 à l'entrée du virage n°5, cette dernière a soudainement accéléré et est entrée en collision avec la n°63."
"Est-ce que c'est important ?, coupe Verstappen au micro de Sky Sports F1. Je préfère parler de la course plutôt que d'un moment particulier."
Pour Russell (4e), l'analyse est facile à faire : "Cela vous surprend ? Je pense qu'il était en colère. Je le connais depuis douze ans et il est plus souvent énervé qu'il ne l'est pas."
Le lendemain, Red Bull révèle que son pilote lui a présenté ses excuses. "Notre choix de pneus à la fin et des manœuvres (ndlr : dépassements par Leclerc et Russell) ont alimenté ma frustration, conduisant à une manoeuvre qui n'était pas bonne et n'aurait pas dû arriver. Je donne toujours tout pour l'équipe et les émotions peuvent monter haut", explique le pilote dans un post.
Verstappen doit désormais éviter toute perte de point lors des deux prochains Grands Prix, au Canada (15 juin) et en Autriche (29 juin). Sans quoi la suspension tombera automatiquement comme pour Kevin Magnussen, le seul pilote ayant fait face à cette sanction, l'an dernier.

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité