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Ferrari reboosté en un an : Frédéric Vasseur était bien le patron qui manquait aux Rouges

Stéphane VRIGNAUD

Mis à jour 04/04/2024 à 10:01 GMT+2

Il est arrivé en janvier 2023 précédé d'une belle réputation mais on lui promettait un exercice du pouvoir compliqué, voire conflictuel chez Ferrari. Frédéric Vasseur a vite trouvé ses marques sans faire la révolution à Maranello. Le recrutement de Lewis Hamiton n'a pas coupé les ailes de Carlos Sainz, bien au contraire, et Ferrari s'affirme comme le meilleur contradicteur de Red Bull.

"Sainz un N°1 embarrassant pour Leclerc"

Il a retourné ses derniers détracteurs, nostalgiques des années Binotto ou sceptiques par principe, peut-être parce qu'il n'était pas du sérail. Pas tant que ça en fait : il entretenait déjà des liens étroits avec la Scuderia chez Sauber / Alfa Romeo, à travers un partenariat de moteur lorsqu'il a pris ses fonctions de manager général - appellation inédite - à Maranello, le 9 janvier 2023.
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Hamilton décevant, Piastri en leader : les tops et flops du début de saison

En un peu plus d'an, Frédéric Vasseur a validé le choix audacieux de John Elkann, le président de Ferrari, convaincu qu'il était l'homme de la situation. Dans le même délai que ne l'avait fait il y a trente ans l'iconique Jean Todt, dont la marche patiente vers la réussite servait sa cause jusque-là. Il n'en est pas encore à enquiller les titres mais il s'est débarrassé de cette comparaison encombrante, cette ombre du passé à laquelle tout le monde dans l'entourage des Rouges faisaient référence, sauf lui.

Pas de l'anti-Binotto, juste l'antithèse

Frédéric Vasseur a fait oublier la gouvernance Mattia Binotto en réussissant précisément là où son confrère avait échoué. A Silverstone, en 2022, le directeur d'équipe italien avait enclenché le lent et douloureux processus de son éviction en misant maladroitement sur la victoire de Carlos Sainz, au détriment de Charles Leclerc, meilleur arbitre du duel Max Verstappen - Lewis Hamilton et incarnation des rêves de gloire ferraristes. La victoire de l'Espagnol au récent Grand Prix d'Australie a définitivement tourné la page et a même offert au Francilien de 55 ans ce luxe qui ne paraît plus de mise en Formule 1 : réclamer du temps pour faire les choses. Sans vivre en permanence dans l'urgence, sans céder au court-termisme.
Fred Vasseur ne voulait pas de guerre de clans en arrivant, c'est pour ça qu'il a fait le ménage, en incitant les tenants de l'ancienne direction à faire leurs bagages. Comme l'intriguant Gino Rosato, garde rapprochée des grosses huiles rouges, devenu depuis toxique. Sans pour autant braquer personne. C'est comme ça qu'il a mis au placard le stratégiste controversé Inaki Rueda en le repositionnant à l'usine, quand il aurait été tellement plus simple de le remercier.
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Sainz e Vasseur festeggiano per la vittoria di Melbourne Mondiale 2024

Crédit: Getty Images

Sainz remercié et galvanisé

Magnanime, il n'a pas choisi entre l'élu Charles Leclerc et l'aspirant Carlos Sainz, contre les évidences, parfois. Et c'est un des grands marqueurs de sa gestion. Aujourd'hui, cette hauteur de vue le sert de façon aussi spectaculaire qu'inattendue : Sainz est le seul vainqueur non-Red Bull depuis fin 2022 et le succès de George Russell au Brésil. Et le Madrilène reste le seul à avoir fait chuter l'écurie de Milton Keynes deux fois depuis Melbourne, il y a tout juste deux ans. Un sacré tour de force pour un pilote qui sera remercié en fin de saison mais surtout pas négligé par son patron.
En tant qu'ingénieur de formation diplômé de l'ESTACA, Fred Vasseur sait surtout que l'histoire est un éternel recommencement, que chaque saison rebat les cartes, en technique comme en pilotage. Selon une étrange alternance chez Ferrari, d'ailleurs, qui n'a jamais pu installer le Monégasque dans un rôle de leader, comme c'était voulu. Sainz a pris le dessus avec le modèle 2021, Leclerc a restauré sa légitimité avec un titre honorifique de vice-champion du monde en 2022, et a coiffé l'Ibère au poteau de justesse en 2023. Et la SF24 vient de refaire pencher la balance de l'autre côté. La "rossa" pose manifestement un problème insoluble au pilote de la Principauté en matière d'équilibre aéro, qui impacte l'appui et par conséquent les pneus : grainage, surchauffe, usure accélérée, c'est un cercle infernal.

Sauber ne fait plus le poids

Fred vasseur se démarque aussi de ses confrères par son un regard acéré sur le design des machines, leur fabrication, leur exploitation. En 2022, la Sauber avait été la seule machine née au poids minimal autorisé. Bien sûr, elle n'était pas aussi performante que la Red Bull, mais on avait pu reconnaître sa patte de manager soucieux d'optimiser le cahier des charges. Et comme par hasard, Sauber a, depuis son départ, rechuté : en dehors de son vert flashy, la robe de la machine suisse a succombé au tout-carbone, manifestation d'une surcharge pondérale.
Qu'est-ce qui peut expliquer cette rechute ? Des normes de sécurité plus sévères en 2024 qui ont conduit à renforcer les structures. Comme par hasard encore, la Ferrari est cette année la seule monoplace avec la Red Bull entièrement recouverte de cette peinture devenue fardeau. Et pour en revenir à Vasseur, on n'imaginerait pas l'écurie suisse sous son autorité plombée par des problèmes de fixations de roues trois courses de suite...

Un autre "TRANSFERT du siècle" en préparation

Réputé trop proche de Mercedes lors de son arrivée à Maranello, il n'a pourtant jamais renié son amitié avec Toto Wolff, une polémique qui devait le confondre aux yeux de certains. Et ce sont ses liens avec Lewis Hamilton, du temps où Ron Dennis l'avait chargé de le préparer à la Formule 1, qui lui ont permis de réussir son coup le plus sensationnel, le 1er février dernier, en signant le septuple champion du monde pour 2025. Un Rubicon que n'aurait jamais franchi l'Anglais sans le souvenir respectueux de ses deux saisons pour l'écurie française.
Aussi fin qu'il peut être cassant, Fred Vasseur a de grands desseins et n'a peur de rien. Il est prêt pour le prochain coup. Après le "transfert du siècle" chez les pilotes, on pourrait avoir l'équivalent chez les techniciens puisqu'il est question de "discussions avancées" entre lui et Adrian Newey, le cerveau de Red Bull Racing. Vasseur a convaincu Hamilton parce qu'il l'a senti prêt à changer d'air. Le patron français connaît beaucoup moins le génie anglais, mais il sait que le moment est propice - les turbulences de l'affaire Horner - à cet autre transfert dont le Cheval cabré a toujours rêvé. On pourrait être fixé rapidement car Vasseur est un homme pressé et épris de vitesse.
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