Grand Prix du Qatar 2025 | En laissant Oscar Piastri et Lando Norris en piste, McLaren encore aveuglée par son obsession

Le Grand Prix du Qatar est terminé depuis de nombreuses heures. Mais il est encore impossible de savoir si McLaren a compris quelle était la bonne décision à prendre lorsque la voiture de sécurité a fait son apparition à la fin du septième des 57 tours de course. L'écurie championne du monde a au moins rapidement saisi que la sienne, à savoir laisser Oscar Piastri et Lando Norris, était la mauvaise.

De ce constat, il est possible de tirer deux hypothèses. La première est que les "Papayes" ont (encore) privilégié l'équité absolue entre leurs deux pilotes ; en les stoppant au même moment que l'ensemble du plateau, et donc en effectuant un double arrêt, McLaren aurait offert la victoire à Piastri mais pris le risque de renvoyer Norris un petit peu plus loin que la troisième place qu'il occupait initialement. Ce qui n'aurait pas eu de conséquences dramatiques. On y reviendra.

L'autre éventualité est que l'écurie de Woking a simplement commis une erreur de jugement. C'est la thèse avancée par Andrea Stella lui-même. "En toute honnêteté, nous ne nous attendions pas à ce que tout le monde s'arrête, a certifié le patron de l'équipe sur Sky Sports. Évidemment, quand tout le monde derrière vous s'arrête, c'est qu'il s'agit de la bonne chose à faire. Mais quand vous êtes leader, vous ne savez pas exactement ce que les autres vont faire. Il aurait pu y avoir une perte pour Lando en cas de double arrêt. Mais effectivement, la principale raison est liée au fait que nous ne nous attendions pas à ce que tout le monde s'arrête."

La réalité se situe donc, sans doute, entre ces deux hypothèses. McLaren a commis une erreur grossière, indigne de son statut. Ce n'est pas nous qui le disons. Ce sont les autres qui le sous-entendent. À plusieurs reprises, Hannah Schmitz, boss de la stratégie de Red Bull, et Laurent Mekies, patron de l'écurie, ont admis que ce scénario avait été envisagé et préparé bien avant la course. Comme chez toutes les autres écuries. C'était ce que les Britanniques appellent un "no-brainer".

Si l'écurie orange s'est trompée, c'est sans doute parce qu'elle n'a pas voulu créer une faille dans sa politique d'équité parfaite. Personne n'avait attendu l'avant-dernier Grand Prix de la saison pour savoir que cette approche-là n'était pas infaillible, en plus de s'opposer frontalement à la glorieuse incertitude du sport. Ce qui s'est passé pendant et après le Grand Prix d'Italie avait déjà rendu tout cela assez évident.

Mais cette fois, le Qatar a offert une preuve par l'absurde. Car si elle avait choisi d'effectuer un double arrêt ou de différencier les stratégies - même Norris, qui aurait ainsi été désavantagé par rapport à son coéquipier, a laissé entendre qu'il s'agissait de la meilleure option -, McLaren aurait non seulement permis à Piastri de s'imposer, mais elle aurait aussi offert de meilleures chances au Britannique de terminer sur le podium. Retrouver les positions qui étaient celles que ses deux pilotes occupaient avant la voiture de sécurité, à savoir la première et la troisième, avec Verstappen entre eux, était largement envisageable. Voire même, probable.

Mieux, cela aurait permis d'écarter presque complètement Verstappen de la course au titre et de resserrer l'écart à douze points entre Norris et Piastri, avant le dernier Grand Prix de la saison. Au lieu de cela, et alors que l'Australien doit désormais espérer un miracle pour être sacré (alors qu'il était le plus fort, et d'assez loin, sur l'ensemble du week-end qatarien), McLaren continue de se réjouir que ses "deux pilotes soient encore en lice pour jouer le titre", dixit Stella. L'obsession en est devenue aveuglante.