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Prost, Senna, Schumacher, Hamilton... : Leurs premiers tours de surdoués qui ont sidéré la F1

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 03/04/2020 à 18:42 GMT+2

FORMULE 1 - Alain Prost, Ayrton Senna, Michael Schumacher et Lewis Hamilton figurent aujourd'hui parmi les pilotes les plus titrés de l'Histoire. Ils ont aussi en commun d'avoir impressionné dès les premier tours dans une F1. Flashback sur leur découverte d'une monoplace...

Michael Schumacher (Jordan) au Grand Prix de Belgique 1991

Crédit: Imago

Alain Prost : 6 novembre 1979, Le Castellet - McLaren

L'année 1979 touche à sa fin. Champion d'Europe de Formule 3 en 1979, Alain Prost est rempli de certitudes : il n'a pas de temps à perdre en Formule 2 et veut débuter en Formule 1 au plus vite. Il pensait se glisser dans la Brabham abandonnée par le fracassant retraité de Montréal, Niki Lauda, et que Ligier irait plus loin qu'une simple discussion. McLaren lui a fait miroiter le volant d'une troisième monoplace pour le dernier Grand Prix de la saison, à Watkins Glen. Trois touches, autant de déceptions.
McLaren pousse quand même la curiosité à vouloir le tester. Rendez-vous est pris pour un simple essai au Castellet, début novembre. Enfin, pas tout à fait : John Watson n'a pas de coéquipier pour 1980. Patrick Tambay, son habituel voisin de stand, devrait être celui-ci mais il ne se présente pas à la convocation. Le Cannois a-t-il compris ce qui va lui arriver ? Toujours est-il qu'il ne se sent pas concerné par ce test comparatif dont le vainqueur pourrait gagner une titularisation.
John Watson est là pour faire les régler et le chrono de référence, sur un mulet. Alain Prost n'a donc qu'un rival : Kevin Cogan, un Américain pensionnaire de la Formule Atlantique en Amérique du Nord.
De la Formule 3 à la Formule 1, il y a un monde. Le jeune Français le découvre en constatant la puissance du V8, la lourdeur de la direction et le manque de constance des freins. Mais il le sait, c'est le mulet. Il a une journée et demie pour montrer ce qu'il vaut. 1'9"5 est le temps fixé par Watson. Au bout de 40 tours, il en est à 1"9"4. Au milieu de tout ça, il passe en revue les variables mécaniques d'une monoplace : suspension, aéro… Au final, il tourne en 1'8"7. Et dans la colonne des "moins", on note juste un tête-à-queue.
Kevin Cogan ne sera jamais un rival pour lui. Une demi-journée de test et six tête-à-queue plus tard, il est reconduit à l'aéroport par le boss de McLaren. Et Alain Prost convoqué pour une autre séance d'essai.
John Watson, Alain Prost et Gordon Coppuck (McLaren) au Grand Prix des Pays-Bas 1980

Ayrton Senna : 18 juillet 1983, Donington - Williams

Le Brésilien n'est pas encore champion d'Angleterre de Formule 3 qu'il a gagné un essai avec Williams, l'équipe du champion du monde de Formule 1 en titre, Keke Rosberg. Au cœur de l'été, il est convié à Donington pour découvrir une monoplace de Formule 1. C'est là le seul objectif assigné par le patron de l'écurie, Frank Williams. Le Pauliste sait que ce dernier a voulu le mettre en confiance en choisissant Donington. "Toutes les courses que j'ai disputées ici, je les ai gagnées", rappelle-t-il. En Formule Ford 1600, Formule Ford 2000, Formule 3.
Arrivé tôt au circuit, accueilli par les mécaniciens, il est de suite allé voir la FW08C. Et il a déjà réglé des détails essentiels lorsqu'il se glisse dans le cockpit de la FW08C. Il est fortement harnaché dans un baquet étroit. De quoi ressentir les mouvements d'une machine à la vivacité hors normes.
Si le premier run est prudent, il prend peu à peu ses marques, rentre régulièrement livrer des impressions sur le châssis et le moteur que les ingénieurs connaissent déjà. En 83 tours, le Sud-Américain ajoute à son crédit un chrono de 1'00"5 qui surpasse d'une seconde ce qu'une Williams a jusque-là réalisé à Donington.
"C'est tout ce que je pouvais espérer : j'ai beaucoup appris, bouclé des séries régulières et bénéficié de la supervision de Frank Williams", dit-il.
Mais ça s'arrête là. "On ne prend pas de jeunes inexpérimentés", explique Frank Williams. "On lui donne la voiture pour qu'il se fasse une impression et prenne une décision en étant mieux renseigné quand il se sentira prêt."

Michael Schumacher : 20 août 1991, Silverstone - Jordan

Cinq jours plus tôt, Bertrand Gachot a écopé de 18 mois de prison ferme pour une altercation avec un chauffeur de taxi à Londres. Un baquet est libre chez Jordan et le patron, Eddie Jordan, se penche, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, sur la candidature de Michael Schumacher, connu pour être un protégé de Mercedes en Sports Prototypes.
Pour parer au plus pressé et faire au plus court, car le Grand Prix de Belgique débute trois jours plus tard à Spa, l'écurie choisit de faire tourner l'Allemand à deux pas de l'usine, sur le circuit de Silverstone. Michael Schumacher est rompu aux 730 chevaux du V12 Mercedes de sa Sauber mais une Formule 1 est quand même beaucoup plus vive en termes de réaction.
"J'ai été impressionné par sa puissance car je n'étais pas habitué aux monoplaces de F1, et en fait, dans le premier tour, je me suis dit que ce serait trop difficile à contrôler", dira l'espoir de 22 ans.
Pourtant, son adaptation est fulgurante. "Je me suis mis derrière le rail, pour le voir sortir des stands. A partir de là, il était à fond !, explique Mark Gallagher, responsable du projet F1 chez Cosworth. Là, il y avait une chicane, dans laquelle il s'est loupé à la fin de son premier tour. Nous avons tous pensé qu'il allait taper. Mais non, il a rattrapé la voiture et l'a maîtrisée en passant façon rallye. C'était plutôt impressionnant !"
"Au deuxième tour, il a balancé la voiture comme s'il l'avait pilotée toute sa vie", rapporte de son côté Trevor Foster, le team manager.
Au bout du compte, il tourne une demi-seconde plus vite que le titulaire, Andrea de Cesaris. Eddie Jordan est plus que convaincu, surtout après l'assurance de recevoir 150 000 livres sterling de la part de Mercedes pour le Grand Prix de Belgique.

Fernando Alonso : 13 décembre 1999, Jerez de la Frontera - Minardi

L'Espagnol a roulé pour la première fois dans une Formule 1 à seulement 18 ans, en récompense de son titre en Euro Open Movistar, série qui allait devenir World Series by Renault.
A cette époque de l'année, le circuit andalou aurait du être un cadre ensoleillé mais la pluie avait gâché la journée de tests collectifs. Dans ces conditions, que l'on pouvait imaginer difficilement pires, le natif d'Oviedo avait tourné à une seconde du titulaire, Marc Gené, en seulement 18 tours contre 27 au pilote régulier de l'écurie. 18 tours, c'est aussi le quota qui avait été accordé à l'Italien Giorgio Vinella pour son titre en Formule 3000 italienne. Pour un chrono quasi 2"3 moins rapide que l'Ibère.

Lewis Hamilton : 19 septembre 2006, Silverstone - McLaren

Champion de GP2 depuis dix jours, l'Anglais a enfin l'opportunité d'être testé par l'écurie de Woking, dont le patron, Ron Dennis, le couve depuis ses 12 ans.
Silverstone, c'est le circuit où il a signé sa dernière victoire en GP2 trois mois plus tôt, en soulevant l'enthousiasme de la foule. Sur ce tracé qu'il apprécie particulièrement, l'espoir de 21 prend ses marques sur une petite série de tours tout sauf impressionnante. "Il était nulle part", se souvient l'essayeur maison Pedro de la Rosa, titulaire depuis l'éviction de Juan Pablo Montoya. L'Espagnol a établi un tour de base pour offrir un point de repère au grand espoir du sport auto britannique.
De la Rosa ne se doute pas de ce qui va arriver. "Je me rappelle scrutant ses data avec Phil Prew, mon ingénieur d'alors. Phil m'a dit : 'Le garçon va devoir s'améliorer sacrément dans les années à venir. C'est un long chemin pour lui, mais il sera bon. Il faudra lui donner du temps, etc'… Je me suis dit : 'Oui, oui, oui…'"
C'est alors que LH est ressorti avec d'autres intentions, celles de pousser sa MP4. "J'ai regardé les chronos, et j'ai vu que Lewis était plus rapide dans son deuxième run, se souvient PDLR. J'ai demandé : 'Que se passe-t-il ?' 'Nous lui avons mis des pneus neufs' (a répondu Phil Prew). J'ai regardé les data… Il était tellement rapide dans Copse, Becketts, Maggotts… J'ai juste réalisé le potentiel de Lewis Hamilton. En deux secondes devant les data, j'ai compris que nous avions un énorme problème. Nous et tous les autres pilotes. C'était sa première fois à Silverstone, son deuxième run, et il était très très rapide. J'ai vu beaucoup de pilotes dans ma vie, des très bons, et j'en suis très honoré. Mais lui, je me suis dit : 'Wahoo, il est très spécial'.
McLaren n'aura dès lors plus de doute et le titularisera bientôt pour 2007.
Lewis Hamilton (McLaren)
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