Ferrari exclut tout podium

La question taraude les Transalpins et sympathisants ferraristes. Que vaut cette F2012 ? Difficile de répondre, car le Reparto Corse (le département Course) est un peu passé du tout au tout entre 2011 et 2012. D'une monoplace coupablement conventionnelle à une machine extrêmement ambitieuse, pointue dans tous les sens du terme. Autant l'Italien Aldo Costa s'était montré conservateur l'an passé, autant son successeur anglais Pat Fry a fait preuve de hardiesse pour restaurer la réputation de Maranello dans le 63e championnat du monde de Formule 1 qui débutera le 18 mars. En travaillant pourtant avec le même chef designer, le Grec Nikolas Tombazis.

A l'issue de trois campagnes de quatre jours de tests de pré-saison, une à Jerez de la Frontera et deux à Montmelo, Pat Fry n'a pu éluder le sujet, dimanche. Confiant son scepticisme, pour ne pas dire plus. "A deux semaines du coup d'envoi de la saison, les tifosi veulent savoir ce qu'ils peuvent espérer à Melbourne... Pensez-vous qu'il est exclu de lutter pour le podium ?", s'est inquiété la presse, à l'issue des essais. "A l'instant présent, je dirais oui. Mais je suppose que je suis toujours pessimiste…", a répondu le boss de la technique. Avant de tout résumer dans cette formule : "Je suis déçu par notre niveau de performance actuel. Je pense que nous avons pas mal de travail devant nous… Dans les premières courses, nous souffrions car nous ne sommes pas à 100%"

Pendant les tests espagnols, Ferrari a encore utilisé un marqueur fluo sur ses ailerons pour visualiser l'écoulement des flux d'air. Dans la continuité de ce que l'on avait vu en fin de saison 2011. Les techniciens rouges ont donné le sentiment de poursuivre leur expérimentation... Pas bon signe. Au plan aéro, ils n'ont d'ailleurs visiblement pas trouvé la bonne formule. Ils avaient modifié des sorties d'échappements pour les tests de Montmelo 1 (dirigés vers le milieu du train arrière), et sont revenus dans leur position initiale pour Montmelo 2… "Ça nous a mis dans une position un peu défensive", a ajouté l'ancien technicien de McLaren. En 2011, la Scuderia était passée un peu au travers au sujet du fond plat soufflé, elle avait signé sa seule victoire à Silverstone, là où la FIA avait introduit des restrictions momentanées. Elle n'a visiblement pas encore profité du nivellement décrété par les instances. Et en dépit d'une perte de 30% de l'appui généré par le fond plat, Red Bull a quand même gardé une belle avance.

Et puis, Pat Fry a souligné la sensibilité de la F2012 aux réglages, avoué que sa fenêtre d'exploitation est "étroite" et que l'auto "oscille entre équilibre et déséquilibre"... En 2011, le GP d'Australie s'était couru par environ 18°C dans l'air et 22°C sur la piste, et celui de Malaisie par respectivement 28°C et 31°C. Si le staff parvient à rendre la voiture performante dans des fenêtres météo différentes, l'illusion peut être parfaite. Mais le problème surviendra immanquablement si la météo change, si le mercure se déplace notablement en cours de Grand Prix. Fernando Alonso l'a admis en confiant que l'équilibre de la voiture variait beaucoup en fonction des montes pneumatiques. Donc d'un relais à l'autre. Ce qui ne serait pas une nouveauté : la 150°Italia ne supportait plus les gommes "dur".

"Nous connaissons les quantités de carburant avec lesquelles les diverses équipes travaillent historiquement. Mais si elles ont changé de méthodologie par rapport aux deux-trois dernières années, je pourrais soit être déprimé, soit très déçu ou seulement un peu déçu", a ajouté Fry. Il a néanmoins rassuré sur un point : la capacité de la voiture à faire rapidement monter les gommes en température, une qualité essentielle en qualification. "Ici, il faisait froid et nous y sommes parvenus. Ça au moins, c'est résolu".