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Grands Prix doublés mais génétique modifiée : pourquoi le calendrier de la saison pose problème

Julien Pereira

Mis à jour 06/03/2022 à 17:54 GMT+1

SAISON 2020 – Pour sauver son exercice (et de juteux contrats), la F1 a opté pour l'organisation de deux Grands Prix sur les circuits de Spielberg et de Silverstone. Et pourrait encore multiplier la formule pour recoller, au mieux, à ses saisons marathons. Alors que, sportivement et éthiquement, le contraire aurait été plus judicieux.

Max Verstappen (Red Bull) lors des essais libres du Grand Prix d'Autriche 2019

Crédit: Getty Images

Si vous lisez ces lignes, il y a fort à parier que, d'ici un mois, vous serez confortablement installés devant votre téléviseur. Une semaine plus tard, peut-être aurez-vous une sensation de déjà-vu. Car oui, le microcosme de la F1 va se remettre à tourner différemment… ou en boucle : au moment de bricoler le calendrier - partiel - de reprise, les organisateurs du Mondial y ont glissé quelques particularités.
Cela ne vous a sûrement pas échappé, l'édition 2020 sera inaugurée par deux courses, organisées sur un seul et même circuit, celui de Spielberg, en l'espace de sept jours. Silverstone aura droit au même privilège au mois d'août. Et Sotchi et Shanghaï pourraient aussi hériter de cette formule.
Lewis Hamilton (Mercedes) vainqueur du Grand Prix de Grande-Bretagne 2019, sur le podium
Tout cela envoie le signal positif d'un retour progressif à la vie d'avant. Il faut s'en réjouir. Mais si l'on était rabat-joie – et on l'est – on oserait vous préciser que ces choix ont été motivés par une seule et unique quête : renflouer les caisses. Dans la période d'incertitude que nous traversons, la F1 a fait un constat simple : si un Grand Prix est organisable ici, il l'est une deuxième fois aussi. Élémentaire. Et salvateur.

Des centaines de millions à sauver

Sur les 2022 millions de dollars de revenus globaux générés par le Formula One Group en 2019, près de 800 millions découlaient des droits télé. Cette année, les contrats signés avec les diffuseurs du monde entier portaient sur une saison à 22 épreuves. Le promoteur de la F1 a donc tablé sur un minimum de 15 manches pour éviter que de trop nombreuses clauses de pénalités, glissées dans les fameux accords de diffusion, puissent être activées.
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Sebastian Vettel (Ferrari) lors du Grand Prix de Grande-Bretagne 2019

Crédit: Getty Images

Quand on connaît la situation financière des écuries et des constructeurs qui les soutiennent, ainsi que les milliers d'emplois qui en dépendent, on peut apprécier que toutes les mesures soient prises pour les sauver. On peut aussi critiquer le modèle, bien moins vertueux, à l'origine du désastre économique dans lequel sont empêtrés tous les acteurs de ce sport. Et s'interroger sur les conséquences que ces décisions auront sur ce qui devrait être le point de départ de toutes les réflexions, une fois la question sanitaire résolue : le sport, son ADN et son essence.

Un raisonnement par l'absurde ?

Chase Carey, le patron de la F1, et Ross Brawn, son directeur sportif, ont justifié ces fameux "back-to-back" en maîtres de la communication qu'ils sont : publiquement, la question économique n'est pas éludée mais elle est sous-jacente. Ainsi, organiser deux courses sur un même circuit devient "une réelle considération car il répond à certains défis majeurs", assure l'ancien stratège de la Scuderia Ferrari.
Au niveau sanitaire, il est selon lui beaucoup plus aisé d'assurer la sécurité de tout ce petit monde s'il est sédentarisé durant quinze jours, plutôt que s'il se retrouve d'un côté et de l'autre de l'Europe sur la même période. Au niveau matériel, une réduction des déplacements implique une économie de frets, donc de coûts logistiques. Cette réflexion-là est élémentaire, aussi, mais elle découle d'un raisonnement par l'absurde, auquel on peut opposer un constat beaucoup plus évident. Et bénéfique. Se passer d'une deuxième manche sur les circuits concernés auraient offert les mêmes avantages, sanitaires et logistiques.
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1er janvier, trois courses en 8 jours, Dijon en Suisse... Les bizarreries du calendrier F1

Surtout, ils n'auraient pas touché à la génétique de la F1. Dans l'Histoire du Mondial, il y a eu plusieurs épreuves dans un même pays lors d'une même saison, il y a eu le Grand Prix de Suisse à Dijon, mais il n'y a jamais eu deux courses comptant pour le championnat disputées sur un même tracé. Et qui sait, peut-être que dans vingt ans, nous débattrons des records de Michael Schumacher, tout en haut du podium à huit reprises à Magny-Cours, à ceux de Lewis Hamilton, potentiel octuple vainqueur à Silverstone… sur sept saisons différentes.

Tant mieux pour Hamilton et Mercedes, tant pis pour les autres

On parlera aussi de l'unique gagnant du "Grand Prix de Styrie" - l'appellation officielle du Grand Prix d'Autriche bis - qui n'aura pourtant fait ni plus ni moins que celui qui aura passé la ligne en premier la semaine précédente. Bref, tout cela est un peu fouillis, et démontre encore que les propriétaires de la F1 débordent d'imagination.
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On croyait que Schumacher était intouchable, Hamilton a prouvé le contraire

Sur ce coup, c'est dommage. Sportivement, le règlement n'impose que huit épreuves, disputées sur trois continents différents, pour accorder le titre officiel de "championnat du monde" à une compétition. Et avec un calendrier réduit, la couronne n'aurait pas été dévalorisée. Au contraire.
Mercedes et Lewis Hamilton sont des machines si bien rodées que la démultiplication des épreuves leur est favorable : plus de Grands Prix, c'est aussi plus de chances d'effacer les exploits de leurs rivaux, qu'il s'agisse des Ferraristes Charles Leclerc et Sebastian Vettel. Ou du braqueur Max Verstappen. Lequel sera d'ailleurs très attendu en Autriche. Plutôt deux fois qu'une.
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