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Lewis Hamilton ne veut pas des Pirelli de 2021, qui pourraient tout changer (en mal) pour lui

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 28/11/2020 à 11:26 GMT+1

GRAND PRIX DE BAHREÏN - Lewis Hamilton (Mercedes) s'est retenu de vivement critiquer les pneus Pirelli de 2021, dont il a testé un nouvel échantillon, vendredi à Sakhir. Pour lui, ces pneus ne représentent pas un progrès. S'il n'en veut pas, c'est peut-être aussi parce qu'ils risqueraient de remettre en question l'avance de Mercedes…

Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Bahreïn 2020

Crédit: Getty Images

C'est une mauvaise surprise pour Lewis Hamilton. Et une inquiétude non feinte en vue de la saison 2021, qui risquerait de remettre en question la suprématie de Mercedes. Donc la sienne, ce qui serait un peu bête pour lui en cette année qui se veut de quasi statu quo convenu entre les équipes avant la révolution des monoplaces à effet de sol et des jantes non plus de 13 mais de 18 pouces en 2022.
Le Britannique a eu comme ses collègues un avant-goût du Pirelli C3 de 2021 de milieu de gamme (de C1 pour le plus dur au C5 pour le plus tendre), lors des essais libres 1 et 2, à Sakhir. Lors de la première journée du Grand Prix du Portugal, les dix équipes avaient pu essayer à l'aveugle un panel de prototypes de pneus de course en développement au sein de la firme milanaise. Cela n'avait pas été un franc succès.
Vendredi, lorsqu'on lui a demandé son avis sur le C3, censé être déjà validé pour 2021, le Britannique a avoué ne pas vouloir heurter les responsables du manufacturier transalpin, unique fournisseur des gommes en Formule 1 depuis 2011.
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Je préfère rester avec les pneus actuels
"Mon dieu… Je me retiens de ne rien dire, a-t-il commencé par déclarer, dans des propos retranscrits, entre autres, par crash.net. Nous avons le même pneu depuis deux ans. Fin 2019, ils (Pirelli) avaient présenté un nouveau pneu, comme ils le font normalement. Et c'était un peu pire (ndlr : les équipes les avaient rejetés à l'unanimité). Ils avaient alors dit : 'OK, nous allons garder les pneus de la saison écoulée. Ils ont donc eu deux ans pour développer un meilleur pneu. Et ils arrivent avec un pneu trois kilos plus lourd (11,5 kg pour un pneu arrière de 2020). Ils sont plus lents d'une seconde par tour."
"Je sais que ça ne fait pas vraiment de différence pour les fans, a-t-il poursuivi. Mais du point de vue du pilote, nous travaillons avec des marques et des partenaires à la pointe de le technologie, qui progressent et vont de l'avant. Si on régresse après deux ans de développement, je ne sais pas ce qui se passe. Ça n'est pas bon et c'est une inquiétude. Je préfère rester avec les pneus actuels. Si c'est tout ce qu'ils ont, si c'est le mieux qu'ils puissent faire, nous devrions garder ce pneu."
Fin 2019, Pirelli avait accepté d'utiliser ses produits encore une année, mais début août, au Grand Prix de Grande-Bretagne, une vague d'explosions de pneus en fin de course avait confronté le paddock à la réalité. Les vitesses de passage plus grandes en virages, du fait de charges aérodynamiques en constante accroissement sur les monoplaces, avaient soumis les Pirelli à des limites physiques pour lesquels ils n'avaient pas été conçus à l'origine, en 2019.

Les 18 pouces de 2022, une autre bombe à retardement

Mario Isola, directeur de Pirelli Motorsport, et son staff technique avaient alors promis aux teams de renforcer l'architecture des gommes, spécialement à l'arrière, pour suivre l'augmentation prévisionnelles des contraintes en 2021, malgré la stabilité du règlement technique. A Portimao, le manufacturier avait soumis des prototypes 2021 à l'essai, sans convaincre. Sakhir n'a fait qu'exacerber le mécontentement des équipes, ce test étant le dernier avant homologation des enveloppes pour 2021.
Est-il possible d'en rester là comme le suggère Lewis Hamilton ? Raisonnablement non, mais ce qui l'exaspère le plus c'est le sentiment de ne pas avoir été entendu lorsque, fin 2019, il avait représenté les pilotes de la GPDA (Grand Prix Drivers Association) lors d'une réunion à la FIA pour réclamer des gommes permettant de faire autre chose de la gestion au long cours lors du dimanche. "Nous avons échangé des mails pour les aider, et ce n'est pas mieux, a-t-il rappelé. Je ne dirais pas que nous ne pouvons rien faire de plus. Finalement, c'est de la technologie. Je ne sais pas si nous sommes à la limite de la technologie ou si c'est juste leur limite."
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Bahreïn 2020
Mais ce qui l'inquiète au-delà de l'an prochain, c'est la révolution des jantes de 18 pouces, en 2022, voulue par Pirelli pour des raisons commerciales. "J'ai entendu que nous perdrons du grip avec ce pneu, a-t-il exposé. Je pense que nous avons besoin de légèrement moins d'appuis aérodynamiques (ndlr : générés pas le fond plat, les ailerons) et plus de grip mécanique (ndlr : produit par les pneus) et beaucoup de ça vient des pneus, de sorte de pouvoir suivre de plus près (ndlr : des voitures)."

Affaire sensible

En vérité, Lewis Hamilton ne fait que relayer la grogne d'autres pilotes et non des moindres (Vettel : "J'espère qu'on ne les reverra plus"), et des équipes, qui n'ont pas apprécié d'être mises devant le fait accompli alors qu'elles sont en train de finaliser le design de leurs prochaines monoplaces, basées sur les pneus de 2020. Un pneu plus lourd, au comportement différent, pousserait les concepteurs à redessiner les suspensions des voitures, reconsidérer les interactions entre parties aérodynamiques et mécaniques. Tout ce qui rend une monoplace performante ou non.
A n'en pas douter, il s'agit là d'un dossier sensible, d'un enjeu y compris sur le plan sportif puisque le rapport de forces entre les écuries pourrait s'en trouver modifier. Avec un risque évident pour Mercedes de perdre son avance technique.
Pour se convaincre du dilemme que cela représente, on peut rappeler le dernier changement d'importance qui n'avait pas fait que des heureux dans la pite lane, fin 2018. Pirelli avait introduit un pneu à bande de roulement moins épaisse pour supporter l'échauffement des gommes, réduire le cloquage, les risques d'explosion, sur certains circuits. Par mesure de sécurité, la firme italienne les avaient imposées en 2019. Ferrari s'en était insurgé, arguant que cela ne pouvait que conforter Mercedes dans sa domination. On ne parlait pourtant que d'une différence de 0,4mm mais pour la Scuderia, cela avait un impact considérable sur le rendement globale de sa monoplace.
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