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Pourquoi Valtteri Bottas était en bout de course chez Mercedes

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 07/09/2021 à 21:47 GMT+2

FORMULE 1 2021 - A bout de souffle, son crédit épuisé par trop d'erreurs, d'événements contraires, Valtteri Bottas ne sera pas parvenu à dépasser en cinq saisons son rôle de pilote n°2 chez Mercedes. Secoué au sein même de Mercedes par le pigiste George Russell fin 2020 à Sakhir à qui il laissera sa place, il pilotera pour Alfa Romeo en 2022.

Valtteri Bottas (Mercedes) au Grand Prix d'Autriche 2021

Crédit: Getty Images

Grand Prix d'Australie 2018, troisième partie de qualification. Ce samedi 24 mars à Melbourne, Valtteri Bottas n'a plus d'excuses. Il a fait une année d'apprentissage chez Mercedes, et le temps est aux résultats concrets. Fort de quatre pole positions et de trois victoires en 2017, il s'est mis en tête de rivaliser pour de bon avec Lewis Hamilton. Pour le titre. Et il l'a clamé haut et fort.
Malheureusement, cette Q3 aux Antipodes révèle ses failles aperçues l'année passée, que l'on avait mise sur le compte de la méconnaissance de son nouvel environnement ou de la malchance.
Dans son premier tour lancé, l'ex-pilote Williams part en tête-à-queue dans le virage n°1 et fracasse sa Flèche d'argent contre un mur du n°2. "Je pense que j'attaquais trop. Je suis entré large et les bordures étaient humides. J'ai perdu l'arrière. Je suis désolé pour l'équipe." Erreur, malchance ? Les deux ? Le Finlandais donnera encore souvent chez les champions du monde le sentiment d'échouer dans un entre-deux. Son dévouement sans faille plaidera sa cause, jusqu'au sacrifice de sa victoire au Grand Prix de Russie pour un Lewis Hamilton qui ne demandait rien, et qui n'avait pas besoin de ça dans son duel avec le Ferrariste Sebastian Vettel.
Valtteri Bottas (Mercedes) au Grand Prix du Mexique 2018

L'invention du Bottas 2.0

Toto Wolff avait cédé au luxe de cette peur que Jean Todt avait aussi eue chez Ferrari pour Michael Schumacher, au Grand Prix d'Autriche 2002. Pour des dommages collatéraux plus importants encore. Comme Rubens Barrichello à Spielberg, le pilote nordique avait compris qu'il ne serait jamais qu'un numéro 2 chez les numéro 1. En cette maudite année 2018 qui devait lui faire franchir un palier, il avait été privé d'une victoire indiscutable, et à la place il avait eu droit à un traitement insupportable.
Toto Wolff, son patron d'équipe et manager personnel, n'a jamais reconnu son erreur mais avoué qu'il devrait passer une partie de son hiver à "reconstruire le moral" de son poulain.
Mercedes nous avait alors servi un discours qu'on allait entendre avant chaque début de saison. En substance : "Valtteri Bottas est regonflé à bloc, il est prêt à challenger Lewis". Et le plan com' n'avait pas tardé à prendre une autre dimension du côté du Finlandais. Après sa victoire en ouverture de la saison 2019 à Melbourne, devant Lewis Hamilton, il était devenu un nouvel homme et le Valtteri Bottas 2.0 était né ! L'opération conquête couronnée par cinq pole positions et quatre succès, Mercedes ne s'était pas arrêté en si bon chemin en reprenant à son compte une version 3.0, en 2020. En référence à la barbe de trois jours arborée à Melbourne, son équipe l'avait mis en scène avec une barbe d'un mètre : décidé à franchir le dernier pas vers le Graal...

Réfractaire déjà à Montmelo

Malheureusement, malgré cinq pole positions et deux victoires cette quatrième saison fut celle du déclassement par rapport à un Lewis Hamilton surpuissant, mais surtout le réserviste de la firme à l'étoile George Russell, qui l'éclipsa dans un rôle d'équipier de circonstances à Sakhir, au volant de la W11 de Lewis Hamilton.
Valtteri Bottas n'était dès lors plus en ballottage mais en sursis, sur la sellette même, et le pilote comme son team avaient acté cette réalité à travers l'absence de concept 4.0 à l'orée du championnat 2021... Qui fut un chemin de croix pour le Finlandais plus très volant, auquel Mercedes décida de mettre fin. VB77 n'avait plus beaucoup de crédit lorsqu'il s'est fait balancer dans le décor par un George Russell fautif mais offensif à Imola. Juge et partie, Toto Wolff avait décidé de le protéger médiatiquement en fustigeant le jeune britannique placé par ses soins chez Williams. Mais le compte à rebours avait commencé depuis longtemps.
Valtteri Bottas se savait-il déjà condamné au moment du rendez-vous suivant, au Grand Prix d'Espagne ? Son comportement l'a laissé penser. Ce jour-là, il avait mis un tour pour laisser passer Lewis Hamilton, engagé dans une remontée tendue pour souffler la victoire à Max Verstappen.
"J'aurais pu le laisser passer plus tôt mais j'avais ma propre course à faire", coupa-t-il. Une bravade que Mercedes avait pourtant tenté d'empêcher en lui lançant : "Ne bloque pas Hamilton !"
Lewis Hamilton et Valtteri Bottas (Mercedes) au Grand Prix d'Espagne 2021

La roue de l'infortune

Faisant bonne figure devant micros et caméras, Toto Wolff avait son propre avis sur la question. Et l'épisode suivant, à Monaco, ne fit que conforter l'Autrichien dans cette perception que le pilote de la W12 n'était plus l'indispensable et infaillible paravent aux défaillances marginales de son pilote star. Au bout d'un week-end "sans" pour le Britannique, Valtteri Bottas avait vécu le cauchemar d'un pit stop interminable, anéanti par une roue impossible à décoller. Malchance ou simple mythe ?
"Que ce soit une erreur humaine ou un problème technique, ça n'a pas d'importance. Nous avons besoin d'en trouver l'origine, et si c'est une erreur humaine, il faut soutenir le gars qui l'a commise", avait déclaré le pilote, plus touché qu'on le pensait par le fiasco. Ce coup du sort venait d'alimenter le mythe de l'éternel maudit. Mais rapidement, Toto Wolff admit que son pilote avait manqué de quelques centimètres l'endroit convenu pour s'arrêter, afin de positionner ses roues exactement en face de chacun des quatre pistolets près à crépiter. Trois mécaniciens avaient rectifié leur position mais pas le quatrième, qui avait poli l'écrou d'une roue devenue impossible à ôter, sinon deux jours plus tard à l'usine.
Erreur, malchance ? La question lancinante, désespérante, revenait une fois de plus au moment de juger la trajectoire du Nordique, dépourvue de victoire en 2021. Elle trouva une réponse définitive en deux temps. Tout d'abord après le strike du départ qui le laissa anéanti en bord de piste en Hongrie, et qui fit paradoxalement les affaires de Lewis Hamilton et Mercedes mais pas les siennes. Puis l'exploit de son concurrent au poste George Russell, brillant deuxième en qualification à Spa-Francorchamps, et confirmé dans les circonstances que l'on connaît le dimanche.
"Ce ne fut pas un processus facile ni une décision évidente", a avoué Toto Wolff, mardi, au moment de l'annonce du recrutement de George Russell. A bout d'arguments pour défendre les résultats de son pilote mais pas d'élégance pour justifier sa décision, le manager de Mercedes F1 a jugé que son pilote avait fait un "travail fantastique pendant cinq saisons" et apporté "une contribution essentielle au succès et au développement de Mercedes." Valtteri Bottas était effectivement venu pour soutenir a minima Lewis Hamilton et apporter les points nécessaires pour décrocher des titres Constructeurs. Mission accomplie, même si 2021 n'a pas rendu son verdict.
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