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Formule 1 - Surarmement de Red Bull, économies de Mercedes : l'hiver du grand bluff avant la nouvelle réglementation

Julien Pereira

Mis à jour 24/12/2021 à 12:04 GMT+1

La saison 2021 avait à peine commencé qu'elles s'étaient déjà tournées vers 2022. Alors qu'un nouveau règlement technique s'apprête à entrer en vigueur, chaque écurie (ou presque) estime avoir fourni les efforts nécessaires pour tirer son épingle du jeu. En réalité, seule l'exploitation d'une zone grise pourrait bousculer la hiérarchie. Avant les essais de février, place au poker menteur.

La Formule 1 sort-elle grandie de cette saison ?

En F1, la saison n'avait jamais été aussi longue. Paradoxalement, l'hiver non plus. Le baisser de rideau du Championnat 2021 a eu lieu à Abu Dhabi en plein cœur du mois de décembre mais l'intersaison, elle, a débuté il y a bien plus longtemps. Bouleversement majeur dans l'histoire de la discipline, le nouveau règlement technique s'apprête à entrer en vigueur, après que son introduction a été retardée d'un an en raison de la pandémie. Autrement dit, si la course au développement se disputait sur un circuit, les prochaines semaines seraient, pour les écuries, le dernier virage à ne surtout pas manquer.
Réduction des coûts et plafonds budgétaires oblige, chaque constructeur a même amputé, en 2021, tout ou partie de ses ambitions pour maximiser ses chances de se faire une place au soleil l'année prochaine. C'est en tout cas ce que la plupart des dirigeants n'ont cessé de nous dire, tout au long de l'exercice écoulé. Le directeur technique d'Alfa Romeo, Jan Monchaux, imagine son équipe "faire un bond en avant et se rapprocher de l'avant de la grille." Chez Haas, Günther Steiner est à peine moins optimiste et vise une percée "au milieu du peloton". Ces deux écuries furent pourtant les moins performantes (13 points pour Alfa, 0 pour Haas) cette année.
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Bref, la confiance et l'enthousiasme règnent partout, à tel point qu'on finirait même par croire que plusieurs monoplaces franchiront la ligne d'arrivée en même temps lors des prochains Grands Prix. Dans le lot, seule Williams a admis avoir pris du retard. L'écurie de Grove pouvait difficilement défendre une autre version. Elle n'avait pas de mulet à aligner lors des deux journées d'essais privés à Abu Dhabi, juste après le dernier Grand Prix de la saison. Elle a donc dû faire l'impasse et accepter de partir avec un temps de retard, puisque les fenêtres de tests se sont réduites en même temps que les saisons se sont allongées.

Pas de réponses avant fin février

Avant de plonger dans ce qui pourrait être l'exercice le plus chargé de l'histoire s'il est épargné par la pandémie, les écuries auront droit à deux fois trois jours d'essais. À Barcelone les 23, 24 et 25 février prochains, puis à Sakhir les 11, 12 et 13 mars. D'ici-là, chaque tentative de hiérarchisation sera vaine ou spéculative. Il y a tout juste un an, personne n'aurait imaginé que Red Bull puisse hisser les performances de sa RB16B à la hauteur des Flèches d'Ebène. Finalement, l'écurie autrichienne avait déjà tiré un profit... du contexte actuel.
Jugeant sa monoplace suffisamment compétitive à l'issue de la saison 2020, Mercedes s'était contentée de développements aérodynamiques à la marge. Ce qui ne l'a pas empêchée de rafler un huitième titre "Constructeurs" de rang, et d'effleurer une nouvelle couronne "Pilotes", finalement perdue dans le dernier tour du dernier Grand Prix de l'année.
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Derrière cela, l'idée était évidente : la firme allemande comptait elle aussi conserver d'importantes ressources pour tenter d'étendre à une nouvelle époque la domination qu'elle avait installée au début de la précédente ère, celle des grands débuts des motorisations hybrides. Ce qui, sur une telle durée, constituerait un exploit unique dans l'histoire de la F1. L'Étoile à trois branches en a encore beaucoup sous la pédale et le "moteur miracle" installé dans la voiture de Lewis Hamilton en novembre dernier n'en est même pas l'illustration.

Mercedes en avance ? Red Bull a aussi sorti l'artillerie lourde

Il y a quelques jours, le directeur technique de Mercedes Mike Elliott révélait à F1 TV que l'écurie n'avait utilisé aucun des deux jetons de développement auxquels elle avait eu droit pour faire évoluer sa voiture en 2020 et 2021. Les dirigeants de l'équipe ont gardé le secret tout au long de la saison et le timing de cette annonce laisse penser que la firme allemande a voulu réaffirmer son statut d'équipe à battre. Un costume que Red Bull, très à l'aise avec son étiquette d'outsider, lui laisse bien volontiers. "Ils ont plus de gens dans le marketing et la communication que nous n'avons de mécaniciens", disait récemment Christian Horner au sujet de ses rivaux, lors d'un entretien accordé au Times.
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La réalité est un petit peu plus complexe : pour se réinstaller sur le toit du monde comme elle l'avait fait au début de la précédente décennie avec le règne de Sebastian Vettel, Red Bull a sorti l'artillerie lourde. De nombreux ingénieurs de Honda, son motoriste officiellement retiré de la compétition à l'issue de cette saison, ont été recrutés. Et en première partie de saison, la marque de boisson énergisante a enrôlé à tour de bras de nombreux cadres passés par... Mercedes, en vue de renforcer le développement mécanique.
En 2022, il ne serait donc pas étonnant d'assister, de nouveau, à une lutte acharnée entre ces deux constructeurs, même si Ferrari et McLaren ont elles aussi caché une bonne partie de leur jeu (et de leurs moyens) cette année. À moins que l'une de ces équipes ne parvienne encore à dégoter et exploiter une zone grise, comme il en existe dans chaque nouveau règlement, pour partir avec un avantage considérable sur la concurrence. "Les règles sont écrites de manière à être les plus restrictives possibles, explique James Key, directeur technique de McLaren, à Auto Motor und Sport. Mais cela stimule l'innovation. [...] Je pense que certaines écuries vont jouer des tours. Mais la FIA suivra tout ça de près."
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