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Handball/Euro 2022 - Les Jeux de 2024 à l'horizon, l'équipe de France entre incertitudes et volonté de briller

Vincent Roussel

Mis à jour 05/11/2022 à 16:27 GMT+1

EURO 2022 – Alors que le sélectionneur Olivier Krumbholz a déjà les JO 2024 en ligne de mire, il doit composer avec une équipe privée de quelques cadres, et dont certaines joueuses manquent de fraîcheur, physique ou mentale. Mais cela n’empêche pas son groupe, vice-champion du monde en titre, d’être comme toujours ambitieux, avec le dernier carré comme objectif. Au minimum.

Olivier Krumbholz et les joueuses de l'équipe de France lors du 2e match de préparation à l'Euro 2022 face à la Pologne

Crédit: Imago

D’un naturel joyeux et jamais avare d’une petite blague, Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe de France, qui a tout gagné, en a vu d’autres. Pourtant, à l’orée de cet Euro organisé en Macédoine du Nord, en Slovénie et au Monténégro jusqu’au 20 novembre, il n’a pu laisser échapper quelques signes d’inquiétude. Simple réflexe de coach, ou vraie angoisse face à l’envie de réussir, qui est viscéralement ancrée en lui, comme dans le reste de son équipe, championne olympique à Tokyo 2020, finaliste malheureuse du Mondial l’an passé, et titrée dans cette compétition en 2018 ?
Au moment de croiser la presse à la Maison du Handball, fin octobre, le Mosellan venait d’annoncer le forfait Laura Glauser, qui formait jusqu’alors un solide duo dans le but tricolore avec Cléôpatre Darleux. "Ça fait partie malheureusement du chemin d’une équipe, l’important c’est que Laura récupère bien de sa blessure", lâchait-il, fataliste, avant de dire à propos de Floriane André, présente dans la liste au départ comme 3e gardienne, et Camille Depuiset, appelée en remplacement de Glauser : "Ce sont des filles qui ont des qualités, l’essentiel ce sera de les protéger avec une bonne défense, et pas le contraire". Comme pour en revenir aux fondamentaux qui ont porté cette équipe au sommet.
Il faut que ce soit une compétition utile pour 2024, qu’on continue à avancer, individuellement ou collectivement
La lassitude du sélectionneur était compréhensible, puisqu’il a aussi dû composer sa liste avec une absence majeure, sur le terrain cette fois : celle de Méline Nocandy, la demi-centre du Paris 92 sérieusement touchée au genou fin septembre. "Quand on voit ce qu’elle fait depuis quelques mois, c’est un potentiel de 3-4 buts qui tiennent essentiellement à ses qualités individuelles. Dans un rapport de force, une joueuse qui vous amène autant sur des qualités intrinsèques, c’est énorme", disait-il pour évaluer l’importance du vide laissé par l’ancienne messine.
Autre pilier qui ne sera pas du voyage à Skopje (où les Bleues joueront le tour préliminaire et le tour principal) et Ljublana (où elles iront en cas de demies et de finale), Allison Pineau. A 33 ans, l’arrière gauche rêve toujours des Jeux en 2024, mais elle n’a plus été appelée depuis le Mondial, et à la place, Krumbholz lui a choisi une petite nouvelle : Audrey Dembélé. La joueuse de Besançon ne sera pas la seule à disputer sa première compétition internationale, puisque Déborah Lassource et Léna Grandveau, en plus des deux gardiennes précitées, vont-elles aussi découvrir le parfum de ces rassemblements de fin d’année.
Un choix pas sans arrière-pensée pour Krumbholz, qui a clairement annoncé, au moment de dévoiler sa liste de 20 joueuses, qu’il espérait bien en faire monter certaines en puissance en vue des Jeux de 2024, l’objectif le plus brûlant de cette équipe dans les deux années à venir. "Il faut que ce soit une compétition utile pour 2024, qu’on continue à avancer, individuellement ou collectivement, a-t-il confirmé au début du rassemblement tricolore. C’est ce que j’espère et c’est ce qu’on (le staff) va leur dire, il faut aussi qu’on marque les esprits sur le fait qu’on est costauds et qu’on avance vers 2024 avec sérénité". En se recentrant sur ces nouvelles joueuses, Krumbholz a expliqué : "J’attends qu’elles arrivent à monter leur qualité, à être extrêmement combatives. Il faudra que les arrières expérimentées les accompagnent, qu’on leur donne un rôle à la mesure de ce qu’elle sont capables de faire".

Des jeunes à intégrer, des petits bobos à soigner

"Ça apporte beaucoup de fraîcheur, de dynamisme, d’engagement aussi. De ce que j’ai pu voir sur les premiers entraînements, les nouvelles ont de l’énergie, elles ont envie de montrer qu’elles sont là, qu’elles veulent leur place, c’est que du positif pour le groupe", se réjouissait l’ailière droite Pauline Coatanéa quant à l’apparition de ces nouvelles têtes dans le groupe. "Maintenant il faut juste qu’elles trouvent leur repère dans le collectif". Et c’est là que se jouera une partie de la compétition des Bleues, qui ne pourront s’appuyer uniquement sur leurs joueuses de bases lors d’une compétition très ramassée, avec un match tous les 2 jours, nécessitant une certaine rotation.
Les filles sont vice-championnes du monde l’an passé, forcément on a envie d’aller chercher un podium et je pense que le dernier carré, ça doit être notre objectif
D’autant que les organismes tricolores ont été déjà rudement mis à l’épreuve pour des joueuses habituées à disputer la Ligue des champions, et donc à jouer deux fois par semaine. Au moment de leur retrouvailles, les Bleues ont ainsi vu Pauletta Foppa arriver avec une petite gêne au dos, ou Pauline Coatanéa, sa coéquipière à Brest, légèrement touchée à la cheville. Des Bretonnes, au nombre de 5 dans le groupe, qui, la tête sous l’eau en club après un début de saison loin de leurs attentes en Europe, espèrent rebondir dans le cocon de l’équipe de France : "On avait du mal à trouver les solutions pour performer, donc d’être dans un autre contexte, avec un autre projet de jeu, ça permet de passer à autre chose et d’essayer de retrouver de la fraîcheur sur d’autres aspects du jeu", confirme Coatanéa.
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Grâce Zaadi et l'équipe de France de hand contre la Pologne, le 28 octobre 2022

Crédit: Imago

Malgré ces brises contraires, la nation qui reste sur trois podiums lors de ses trois derniers Euro compte bien y retourner, fort aussi de quelques certitudes, comme le trio Zaadi-Nze Minko-Flippes à la base arrière ou ces ailes qui tournent bien, comme le prouve l’importance toujours grandissante d’Alicia Toublanc sur le plan offensif. "Moi j’ai fait deux Euros, deux médailles, donc on a envie, et on sait qu’on en est capables, développe Coatanea. Là, les filles sont vice-championnes du monde l’an passé, forcément on a envie d’aller chercher un podium et je pense que le dernier carré, ça doit être notre objectif".
Une faim de sommets que les plus anciennes ont en tout cas transmis aux plus jeunes, selon Audrey Dembélé : "Grace (Zaadi), les autres, elles nous transmettent cette exigence, c’est important, c’est grâce à ça qu’elles ont gagné des matches, des titres", explique la redoutable tireuse, qui a vu tout de suite le monde qui séparait la vie d’une joueuse de D1 banale à celle d’une internationale de haut niveau : "C’est vraiment différent, ça va beaucoup plus vite, les balles arrivent là (elle montre son buste) et pas là (en désignant ses genoux)… Mais c’est bien parce que ça nous force à être hyper précises, et à ne pas laisser place à l’entre-deux. Ce sont des petits détails, en club on peut se dire ‘ca va, ça arrive’, mais en équipe de France, c’est l’exigence".
La mayonnaise, pour le moment, semble avoir bien pris. En témoigne ces deux victoires obtenues en match de préparation face à la Pologne (33-26 et 30-19), notamment cette seconde période du deuxième match. Cet adversaire, les Bleues pourraient recroiser lors du tour principal, où elles ont évité la Norvège, encore une fois favorite d’une compétition lors de laquelle il faudra garder un œil sur l’Espagne ou le Danemark.
Le piège de cette compétition, c’est qu’on va jouer des équipes que tout le monde estime moins bonnes que nous
Au premier tour, les coéquipières de Béatrice Edwige débuteront, ce samedi (18h) dans une salle qui promet d’être brûlante, face aux co-organisatrices, les Macédoniennes du Nord, qu’elles ne connaissent pas vraiment mais qui devraient leur rentrer dedans. La Roumanie et les Pays-Bas laissent en revanche Krumbholz perplexe : "Il y a un duo redoutable en équipe de Roumanie, avec (Crina Elena) Pintea à l’intérieur et (Cristina) Neagu au poste d’arrière, qui, même si elle avance dans l’âge (34 ans), évolue à un niveau extraordinaire. Il va falloir surveiller ce duo, plus quelques joueuses à côté. On peut penser que la Hollande a un peu plus de potentiel, mais la Hollande n’a pas une joueuse du niveau de Neagu, ni une pivot du niveau de Pintea".
Et le coach de conclure : "Le piège de cette compétition, c’est qu’on va jouer des équipes que tout le monde estime moins bonnes que nous, et avoir à assumer le statut de favori du match, ce qui est toujours piégeux et inconfortable". Les Bleus parviendront-elles à passer outre pour continuer leur formidable moisson de médailles, commencée il y a 6 ans ? Réponse imminente.
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