Paris 2024 I France - Hongrie (24-20), le soulagement des Bleus : "Vu d'où l'on vient, on ne craint plus rien"

Ils n'en menaient pas large. Forcément. Sur un match qu'ils n'avaient pas le droit de perdre, les handballeurs français étaient dans le dur, menés 18-16 à l'entame d'un dernier quart d'heure étouffant. Ils auraient pu rompre. Ce n'était pas à exclure après un début de tournoi olympique un brin chaotique. Mais c'était mal les connaître. Les Bleus se sont soudainement retrouvés. Affichant enfin le niveau d'une équipe championne olympique en titre, la France a récité son hand sur une fin de match aboutie pour s'imposer devant la Hongrie (24-20). Et s'offrir le droit de mettre ses doutes derrière elle.

Oui, il y en avait. Plus autour d'eux que chez eux, mais quand même. "Il y avait un risque, a reconnu le gardien tricolore Vincent Gérard, déterminant dans ce succès (11 arrêts), au micro d'Eurosport. En préparant mes affaires ce matin, je me suis dit que c'était peut-être la dernière fois… On a fait en sorte que ça se passe bien, ça a été compliqué, c'est dommage parce qu'on a bien fait le boulot en première période, même en début de deuxième. On sent une équipe qui a des fois des petits ratés mais à la fin, quand on joue, on marque à chaque attaque et on défend bien, on crée un écart conséquent en cinq minutes. Il faudra s'appuyer là-dessus."

Cette perspective est désormais permise. Ce n'était pas une évidence après l'humiliation infligée par le Danemark (37-29), le revers inquiétant contre la Norvège (27-22), le nul arraché à la dernière seconde contre l'Egypte (26-26) et le succès sans grand relief contre l'Argentine (28-21). Il y avait pas mal d'incertitudes autour de ces Bleus, et la qualification n'en est que plus réjouissante. "C'est un soulagement, un soulagement d'atteindre ces quarts, a avoué Karl Konan, peut-être le meilleur Français sur ce tournoi. Le début n'a pas été facile. Il n'y avait pas grand-monde qui y croyait, mais nous, on croyait en nous, on est resté soudé. On a réglé les choses qui n'allaient pas et c'est ça la force de l'équipe de France, rester ensemble malgré les difficultés."

C'est bien le plus important. D'une manière ou d'une autre, les Tricolores ont su compenser certains manques dans le jeu par une force de caractère indéniable. Cela s'était déjà senti sur le but si déterminant de Ludovic Fabregas pour offrir un nul capital contre l'Egypte. Et encore davantage dans un final parfaitement négocié contre la Hongrie pour se sortir d'une situation délicate. "Il y a des hauts, des bas, c'est la loi du sport, résume Konan. Le plus important, c'est celui qui gagne à la fin, qui arrive à gérer ses temps faibles et rester régulier sur l'ensemble du match. C'est 60 minutes, l'équipe de France est restée soudée jusqu'au bout et c'est ce qui nous permet d'atteindre les quarts."

Ce constat change tout. Les Bleus se devaient de monter en puissance dans un contexte délicat, avec la pression extrême d'un champion qui doit défendre son titre, qui plus est à domicile. C'est ce qu'ils ont réussi pour rester en vie et rentrer dans un autre tournoi. Ils l'aborderont libérés. "Vu d'où l'on vient, on ne craint plus rien, assure Konan. On a connu le pire, maintenant on est sur notre lancée, on a hâte d'être à ce quart." "Je pense que tout le monde ne peut pas se relever à ce point d'échecs et de désillusions, a ajouté Elohim Prandi. Mais c'est ça le caractère de l'équipe de France et on le montre encore."

Ce caractère n'est pas le seul enseignement positif de la victoire face à la Hongrie. Les Bleus ont aussi affiché une qualité défensive essentielle en limitant les Hongrois à 20 buts. Cet atout qui avait tant fait défaut face aux Danois et aux Norvégiens sera crucial pour aller loin dans le tournoi. "On a des joueurs agressifs, propres, forts, qui comprennent la défense, s'est réjoui Elohim Prandi. On a une osmose entre nous, on a recommencé à se faire vraiment confiance, il faut qu'on soit agressif, qu'on rentre dans les mecs dès la première minute, qu'eux ils trouvent ça long, que ce soit dur, pour les user. La qualité de cette équipe, c'est aussi qu'elle est capable de défendre longtemps."

La base défensive semble de retour. Mais il faudra encore hausser le niveau pour prétendre réellement à un deuxième titre olympique consécutif, l'objectif annoncé d'une nation sacrée championne d'Europe en début d'année. "Offensivement, on a encore du chemin à parcourir, a souligné le sélectionneur Guillaume Gille. On est loin de la fluidité qu'on connaît dans le jeu français, mais quand on n'a pas ces armes, on sait se réfugier vers des valeurs plus à l'ancienne, mettre beaucoup d'intensité défensivement pour empêcher l'adversaire de marquer." "On est juste au minimum de notre talent, qui est déjà très élevé, a ajouté Prandi. Je pense qu'on va continuer à monter en régime."

Il faudra bien cela pour venir à bout d'une équipe d'Allemagne redoutable en quart de finale à Lille. Mais les Allemands ont aussi toutes les raisons de craindre ces Bleus revigorés. Et portés par un public qui les galvanise. "C'est une nouvelle compétition qui va commencer avec une salle extraordinaire, a résumé Prandi. On a besoin de cette ferveur qui nous transcende, on n'est pas seul sur le terrain. Ça nous fait du bien, ça nous donne de la force, de l'énergie. On a envie de se dépasser au niveau mental par rapport à ça. On a toutes les qualités physiques mais derrière, au niveau psychologique, on a besoin de cet apport." Il ne sera pas de trop dans la quête de l'or.