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Jeux Paralympiques - Claire Supiot, un rêve olympique envers et contre tout

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 19/08/2021 à 15:41 GMT+2

TOKYO 2021 - Trente-trois ans après avoir disputé les Jeux Olympiques de Séoul en 1988, la nageuse Claire Supiot s’apprête à disputer ses premiers Jeux Paralympiques. Un parcours atypique, mais un rêve intact pour celle qui va devenir la première Française à participer aux deux Olympiades.

La nageuse française handisport Claire Supiot

Crédit: Getty Images

Il y a des destins que l'on ne soupçonne pas, que l’on n’aurait même pas imaginé. Il est probable, pour ne pas dire absolument certain, que Claire Supiot n’aurait jamais songé en 1988 participer aux Jeux Paralympiques. A 20 ans, la Tricolore domine alors la natation nationale avec huit titres de championne de France sur le 200m papillon, record de France à la clé.
Des performances qui emmènent l’Angevine aux JO de Séoul en 1988. La Tricolore est éliminée dès les séries et décide dans la foulée de prendre sa retraite pour s’essayer à d’autre choses. "J’ai découvert le triathlon, je me suis mariée, j’ai eu trois enfants…", expliquait-elle pour 20 Minutes. Loin du rêve olympique.

Première athlète française à faire JO et paralympique

Mais la vie n’a pas fait de cadeau à la Tricolore. Après un accident au pied en 2008, Claire Supiot découvre qu’elle est atteinte de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, une neuropathie héréditaire qui touche les nerfs contrôlant les muscles des jambes et entraîne une fatigue chronique.
"Passer d'un milieu valide à un milieu handi est une épreuve en soi", témoignait-elle pour France Télévisions. "On ne naît pas tous handicapés, cela peut arriver à n'importe quel âge". Mais, loin de se laisser abattre par son handicap, la Française a relancé ses rêves d’olympisme, en paralympique cette fois.
Non retenue pour Rio en 2016 alors qu’elle avait rempli les minimas, l’Angevine a depuis mis les bouchées doubles. En deux ans, elle devient championne d’Europe handisport en 2018 sur 50m nage libre, avant de ramener en 2019 deux médailles de bronze des Mondiaux, sur 50m et 100m nage libre. Suffisant pour convaincre le Comité paralympique et sportif français de l’emmener à Tokyo.
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La Française Claire Supiot, 3e des Mondiaux handisport 2019 du 50m nage libre

Crédit: Getty Images

Au Japon, Claire Supiot va donc devenir la première athlète française de l’histoire à avoir participé aux Jeux Olympiques et aux Jeux Paralympiques, une rareté également au niveau mondial. Et si ses JO de Séoul en 1988 avait été décevants sur un plan sportif, la Tricolore comptait bien faire mieux cette fois.
"Trente-trois ans après mes premiers JO, la maturité est là et le plaisir encore plus important", confiait-t-elle en décembre dernier à 20 Minutes. "Cette fois, j’ai l’intention d’aller le plus loin possible, voire de monter sur le podium et marquer l’histoire…" Vu ses performances récentes, avec notamment le record du monde du 100m nage libre, les espoirs de médailles de la Française étaient plus que légitimes. Mais le destin est décidément sans pitié avec les rêves de l’Angevine.

Un rêve de médaille contrariée

Classée depuis ses débuts en handisport en S8 (les classes vont de S1 à S10, du handicap moteur le plus lourd au plus léger), Claire Supiot a été placée en avril dernier dans la catégorie S9. "En S9, certaines concurrentes peuvent être amputées en tibial, mais peuvent avoir tout le reste qui fonctionne à 200%", expliquait-elle pour France Télévisons. "Ce n'est pas mon cas. Je suis la seule à arriver sur un plot en fauteuil, et à être assistée pour mon départ".
Pour simplifier la différence, les S9 ont des difficultés uniquement dans les poussées, là où les S8 en ont dans les poussées, aux virages et au départ. Un changement de catégorie "injuste" que la Française a eu beaucoup de mal à digérer à la vue des conséquences sur ses rêves de médaille paralympique. "Les marches du podium sont beaucoup plus hautes", regrette celle qui s’alignera malgré tout sur 400m nage libre avec, avant, la volonté de profiter de ce nouveau côté de l’olympisme.
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La Française Claire Supiot visera une médaille aux Jeux Paralympiques

Crédit: Getty Images

"C’est différent de 1988", expliquait-elle au cours de l’émission de radio "Tous paralympiques" organisé par des élèves de 4e du Collège Rabelais d’Angers. "Je pensais être déjà en apothéose quand j’étais plus jeune, quand j’ai fait les Jeux Olympiques à 20 ans mais, maintenant, c’est une autre saveur. A 53 ans, je sais ce qu’il a fallu faire pour arriver jusque-là. Je le savais à 20 ans mais je le savoure encore plus maintenant parce que je ne pense pas que je nagerais encore dans 33 ans… "
Mais, dans trois ans, il faudra surement encore compter sur elle pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. "Il y a des choses énormes à vivre, avoue-t-elle pour France Télévisions. Je vais tout faire pour être encore là en 2024, mais en attendant je me concentre sur 2021". Avec l’espoir de vaincre une nouvelle fois les obstacles mis en travers de sa route. Après tout, ça ne serait pas la première fois.
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