JO 2024 - Lebrun - "Il n’y a plus de gouffre entre nous" : Les Bleus peuvent-ils vraiment battre les Chinois à Paris ?

Le tennis de table français est en ébullition, porté par une fratrie Lebrun qui dépasse les espoirs fous placés en elle. Les Bleus sont vice-champions du monde alors que Félix, le cadet, n'en finit plus de renverser des montagnes en simple. A cinq mois des JO, peut-on rêver de l'impossible ? La Chine, qui règne en maître sur la discipline, peut-elle chuter face aux irréductibles Français ?

Alexis Lebrun lors de la finale des championnats du monde par équipes face à la Chine

Crédit: Getty Images

D'un côté, un empire. Soixante-dix millions de licenciés et un sport national comme religion. De l'autre, une joyeuse équipe de quelques gaillards et deux OVNI bien décidés à faire tomber la Chine et rompre sa toute-puissance sur le tennis de table mondial. Sauf que le défi est immense comme l'a rappelé la nette défaite (3-0) des Français en finale des championnats du monde par équipe dimanche. C'est une chose de le vouloir, c'en est une autre de le faire. L'Empire du Milieu, qui a récolté 15 des 21 médailles en simple hommes aux JO et tous les titres par équipes, est encore le maître du monde et il faut toujours une sacrée dose de culot pour s'imaginer le faire tomber aux JO de Paris (à suivre en intégralité sur Eurosport) dans cinq mois. C'est pourtant la mission des Bleus et des frères Lebrun dans l'épreuve par équipes mais aussi dans le tournoi en simple.
Peuvent-ils le faire ? A priori, et c'est la première bonne nouvelle, personne n'est mieux placé qu'eux. Cinquième joueur mondial derrière… quatre Chinois, Felix Lebrun serait tête de série numéro 3 des JO s'ils démarraient demain, chaque pays ne pouvant aligner que deux représentants. Bonne nouvelle, le cadet de la fratrie Lebrun est donc assuré de ne pas croiser de Chinois avant les demi-finales. La France, qui est assurée, elle aussi, d'être tête de série numéro 3 dans l'épreuve par équipe, ne jouera pas la Chine avant le dernier carré. Mais, à Paris, l'objectif est d'abord de les éviter et, ensuite, de les battre.
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Le podium des championnats du monde par équipes dominés par la Chine

Crédit: Getty Images

"Notre obsession aujourd'hui, c'est de les affronter le plus tard possible, nous explique Jean-Nicolas Barelier, DTN de la FFTT. Aujourd'hui, ils sont plus réguliers, plus précis que nous. Il n’y a plus de gouffre entre nous mais il faut un sacré alignement des planètes pour les battre. Le niveau d'Alexis Lebrun face à Fan Zhendong (ndlr : numéro 1 mondial) dimanche était plus qu'exceptionnel. Il faut comprendre que c'est un niveau très rare et qu'on ne peut pas reproduire à tous les matches. Cette partie restera dans les annales du tennis de table mondial. Les experts internationaux étaient scotchés. Alexis était exceptionnel mais le Chinois a résisté et s'est imposé. C'est dire l'ampleur de la tâche."
Car malgré une balle de match, le cadet des Lebrun a laissé filer le point. Médaillé d'argent aux Mondiaux par équipe en 1997 et oncle des frères Lebrun, Christophe Legoût a trouvé l'image juste pour mesurer le défi des Bleus aux JO : "C'est comme si Jérémy Chardy, Gaël Monfils et Gilles Simon devaient battre Roger Federer, Novak Djokovic et Rafael Nadal au sommet de leur forme", nous confie notre consultant. Mais Alexis Lebrun a déjà battu Fan Zhedong et avec des phénomènes comme les deux têtes blondes montpelliéraines, plus rien ne semble impossible.
A 17 ans, Felix Lebrun est devenu le troisième plus jeune membre du top dix mondial. Sa progression spectaculaire ne semble pas connaître, pour le moment, de limite. Au-delà de la 30e place mondiale en avril dernier, qui sait où il en sera dans cinq mois ? "La marge de progression d'Alexis et Félix est supérieure dans le jeu mais aussi parce que les Chinois sont déjà à un niveau exceptionnel. Il faut comprendre que, traditionnellement, ils sont plus forts mais cette génération l'est particulièrement", note le DTN. Peut-on croire au miracle dans cinq mois ?
"A Paris, on sera encore plus fort oui mais il ne faut pas s'attendre à une progression fulgurante non plus, tempère Legoût. Un exemple : la plus grosse différence entre Félix et les Chinois, c'est la puissance sur la première balle. En cinq mois, Félix ne peut pas combler ça. Jamais, il ne jouera aussi fort que les Chinois. Il faut qu'il travaille sur ses coups forts : service et la prise de balle tôt. Mais dimanche, lors du premier match de la finale, Felix, qui est le meilleur serveur du monde, a été bloqué sur sa mise en jeu. Il ne faut pas croire qu'à chaque fois, ça va être un peu mieux face aux Chinois. Parce qu'ils vont trouver des parades."
Comment tenter d'y remédier ? En travaillant leur singularité. Face à des Chinois au jeu sans faille mais plus stéréotypé, les Lebrun doivent opposer leurs variations, leur ingéniosité, leur sens de l'improvisation avec les risques que cela comporte. "Les Chinois ont cinq coups qu'ils font parfaitement et dans lesquels ils sont intouchables avec 100% de réussite, résume Legoût. Et trois ou quatre autres coups différents où ils ont aussi un excellent ratio. Les Lebrun ont 15 coups à 90% et 20 où ils sont à 70%. Ils ont plus de cordes à leur arc mais, s'ils sont dans un moins bon jour, c'est dur d'être juste avec 35 coups différents. Félix a une centaine de services différents quand les Chinois en ont dix par exemple."
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Félix Lebrun

Crédit: Getty Images

Les deux prodiges de Montpellier ont plus de variété mais moins de régularité, un peu plus de déchet. La clé est de gagner en efficacité tout en gardant une panoplie plus garnie. Si Felix a une vision de jeu et une vitesse uniques au monde, il lui reste aussi à "mettre de la barbac autour de l'os", comme nous le confiait Nathanaël Molin, leur coach, avant les championnats du monde. Alexis rend, pour le moment, la vie plus difficile aux Chinois, parce qu'il est "capable d'aller sur leur terrain de jeu en terme de puissance pour leur mettre la pression", selon Legoût.
En attendant, Jean-Nicolas Barelier estime que les Bleus ont "deux chances raisonnable de médailles" (simple et épreuve par équipes hommes) et "quatre dans (s)es rêves les plus fous" (double mixte et épreuve par équipes féminine). Reste à déterminer le métal. Aujourd'hui, l'or semble rester inaccessible. "L'objectif c'est d'être champion olympique", nous confiait les deux frères en avril dernier. Le rêve reste fou mais beaucoup moins qu'il y a dix mois…
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