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Judo, an zéro

Eurosport
ParEurosport

Publié 20/08/2004 à 13:40 GMT+2

Le judo français a donc touché le fond à Athènes. Une médaille d'argent le premier jour, puis plus rien. Eva Bisseni et Mathieu Bataille ont refermé vendredi l'un des chapitres les plus calamiteux du coq tricolore. Avec le départ des derniers grognards, i

Heureusement que l'olympisme s'est ouvert au judo féminin, à Barcelone, en 1992. La France lui doit sa seule médaille à Athènes. La guerrière Frédérique Jossinet, argentée au premier jour de compétition (-48 kg) face à la légendaire Ryoko Tamura, n'a pas fait d'émules. Cette breloque de la hargne avait pourtant tout pour mettre le coq en branle. Pas même l'excuse d'une absence de dynamique, donc. Ces fiers messieurs ne ramènent rien, comme à Munich, en 1972.
La France ne peut plus se rêver l'égale du Japon, soleil éternel d'un judo de son invention. Le pays de Jigoro Kano totalise huit titres en Grèce, et deux premiers accessits. L'Allemagne, la Chine, la Corée du Sud, la Russie, c'est admissible, mais plus grave la Grèce, la Géorgie et les Pays-Bas aussi peuvent se targuer d'avoir aujourd'hui de meilleurs judokas.
Cette année encore, le noble sport de combat avait établi ses quartiers tricolores à l'abri du fourmillement et de la dispersion du Village olympique. Pas la recette miracle, donc, même si l'esprit de famille du judo français y régnait une fois de plus authentiquement. "L'ambiance dans nos maisons allait, même si ce n'était pas la fête tous les soirs", a assuré Mathieu Bataille, éliminé vendredi au premier tour, en plus de 100 kg.
"Sont responsables : les athlètes, l'encadrement, les dirigeants"
Les prémices du naufrage collectif remontent en fait à Sydney 2000. Dans son sublime et improbable sacre, tant il était arrivé cassé de partout en Australie, David Douillet avait sauvé les apparences le dernier jour, et tranquilisé la réputation de son sport pour quatre ans. Séverine Vandenhende titrée chez les dames, les garçons n'auraient sans cela rien rapporté de doré. Un an plus tôt, les Mondiaux de 1999, à Birmingham, avait donné le signal de départ de ce lent glissement : aucun titre. Un en 2001, à Edmonton, puis la rechute à Osaka, en 2003.
"On est tous solidaires. On trouvera des solutions" , a promis Michel Vial, président de la Fédération française de judo, après la débâcle. "On a connu quelque fois des moments difficiles et on a su réagir. On réagira ensemble. On ne va laisser les choses en l'état (...) Sont responsables : les athlètes, premiers déçus, l'encadrement, les dirigeants parce que peut-être nous n'avons pas trouvé le bon moyen d'orienter vers les médailles. On a perdu beaucoup de médailles et des places d'honneur dans la fin des combats".
La volonté, l'instinct de survie, ont effectivement manqué, de façon parfois criante, voire révoltante. A Fabien Canu, directeur technique national, et Stéphane Traineau, directeur du Haut niveau, maintenant, de "faire part de leurs observations" , comme l'attend Michel Vial. Le chantier est immense. Les derniers tauliers que sont Larbi Benboudaoud et Céline Lebrun, champions du monde, et vice-champion olympiques en 2000, vont laisser un grand vide. L'ennui est qu'en Grèce on n'a vu aucun jeune capable de reprendre le flambeau.
Le judo restera la grande déception française d'Athènes 2004, puisque l'escrime, le canoë et le kayak ont été les habituels pourvoyeurs de la première semaine. "Notre campagne de communication n'est pas faite sur les champions mais sur les valeurs" , a estimé Michel Vial.

Les Jeux, plus grand théâtre à rêver, sont pourtant le premier créateur de vocations. Paris 2012 aurait certainement eu besoin d'Athènes 2004.
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