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Grand Chelem de Paris | Les derniers doutes de Riner avant les Jeux de Paris 2024

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 05/02/2024 à 20:21 GMT+1

A six mois des Jeux Olympiques en France, Teddy Riner a fait sa rentrée dimanche au Grand Chelem de Paris afin de faire un état des lieux de son judo et en savoir plus sur ses besoins en termes de préparation. Le Sud-Coréen Kim Minjong et l'Ouzbek Alisher Yusupov ont été parfaits pour ça, en dépit de l'absence de têtes d'affiche comme Tasoev, Tushishvili ou Saito.

Entre l' "invincibilité" de 2016 et la "quintessence" de 2012, le coeur olympique de Riner balance

Teddy Riner était venu dimanche retrouver le public français, et reprendre une petite dose d'adrénaline et de motivation dans le chaudron de Bercy, sur sa route olympique. Au milieu de tous ces stages rugueux, ses bocs d'entraînements qu'il s'inflige à longueur de temps. A la fin de son dimanche, il a compté sur ses mains avec une foule euphorique jusqu'au huit pour égrener le nombre de titres-record qu'il possède désormais au palmarès du tournoi parisien.
Il était surtout venu jauger son niveau de préparation, vérifier ses acquis et ce qu'il lui reste à peaufiner en vue du rendez-vous estival. De ce point de vue, le bilan est riche d'enseignements. Il est même nuancé, et c'est ce qui l'éclaire précieusement aujourd'hui autant que son staff.

Question de poids

Passés le Kazakhstanais Galymzhan Krikbay, tétanisé, le Sud-Coréen Jaegu Youn expédié en 42 secondes, et l'Allemand Losseni Kone, face auquel il a été averti deux fois avant de se réveiller, l'Ouzbek Alisher Yusupov et le Coréen Kim Minjong ont été les deux adversaires à la hauteur de ce qu'il attendait, utiles à sa "révision" comme il l'a dit, en demi-finale et en finale.
Premier point soulevé par son coach : le poids, et le frein qu'il représente. "Il est encore un peu trop lourd, on l'a vu dans la mobilité, a noté Franck Chambily. Il était à 150 kilos, l'idéal serait entre 145 et 140. 145, c'est bien."
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Teddy Riner contre Kim Minjong en finale du Grand Chelem de Paris, le 4 février 2024

Crédit: Getty Images

Pour un judoka, le poids est un ennemi et le temps un facteur d'aggravation. Au cours de sa carrière, un compétiteur éprouve des difficultés grandissantes à rester dans sa catégorie. Les descentes de poids deviennent des défis pénibles, trop impactants, et justifient des passages dans la tranche supérieure.

"Il laisse le temps au temps"

Les "lourds" n'échappent pas à cette règle et s'ils sont à l'abri d'un changement de catégorie, le poids embarqué augmente souvent. Aux Jeux de Tokyo en 2021, Teddy Riner affichait 138 kg sur la balance. Les 145 kg auxquels semble se résoudre son staff seraient donc une concession à l'aune de ses 35 ans. Qui a induit peut-être inconsciemment un dynamisme différent. "Il a manqué de mobilité, de pré-mobilité avant la saisie, a relevé Franck Chambily. Il n'est pas hyper saignant dans la prise de saisie. Surtout, il faut activer la mobilité avec la prise de kumikata (garde), et ça je ne l'ai pas beaucoup vu. Il l'a laissé s'installer (Kim, en finale)."
Le 2 août à l'Arena Champs de Mars, le coach français ne compte pas non plus voir son champion gérer son temps de la même façon qu'il l'a fait dimanche, spécialement les temps morts qui restent un marqueur de la forme physique. Teddy Riner a paru temporiser, ce dont le technicien convient. "C'est deux facteurs : on est à six mois des Jeux et il laisse le temps au temps ; le temps pour se relever, explique-t-il. Il n'est suffisamment 'en jambes', mobile. On est rentré mardi d'Almaty. Il y a toute cette fatigue car il a fait pas mal de randoris (combat d'entraînement)."
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Teddy Riner, vainqueur du Grande Chelem de Paris 2024

Crédit: Imago

Contrer les gauchers

Kim, c'était une première, Yusupov une troisième confrontation en neuf mois, après les Mondiaux, en mai, et la Ligue des champions, en décembre. Ils ont été "de vrais clients" selon Chambily. Kim et Yusupov sont gauchers et ont effectivement posé problème au Guadeloupéen. Et ils ne sont pas les seuls, loin de là. "On se focalise vraiment sur les gauchers, avoue le coach. Aujourd'hui, les dix premiers de la ranking list, à part Tasoev (le co-champion du monde en titre), sont tous gauchers : Kim, Yusupov, Krpalek (le champion olympique en titre), Tushishvili, Saito…" Rakhimov, Puumalainen, Granda, Odkhuu font aussi partie de l'inventaire. Parmi les plus dangereux de +100kg, Franck Chambily retient aussi Magomedomarov, même s'il n'est pas dans les huit premiers.
Pour ce qui est de Tasoev, "à la rigueur, Teddy le prend en garde emboîtée - droite-droite -, où il est plus à l'aise qu'avec les gauchers", expose le technicien. Mais pour tous les autres, ça reste un sujet brûlant. A travailler dans les prochains mois. "Il va repartir à Marrakech une semaine, faire beaucoup de physique, a indiqué son entraîneur. On va de nouveau retourner en France, puis on essaiera de repartir une dernière fois (en stage) au Japon. Il y aura ensuite le Grand Chelem de Turquie." Car il faudra encore des points.
Lundi, Teddy Riner est passé de la 21e à la 9e place sur la ranking list olympique. A la porte du Top 8, donc. Pas de doute, il sera à Antalya pour "aller chercher des points". Après, retour au bercail. "Il sera en France pour la préparation terminale, c'est sûr." La feuille de route est tracée.
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