Shirine Boukli - Blandine Pont, deux patronnes dans le vent : "On peut rêver d'une finale franco-française"

Et si l'heure de rompre la disette était enfin venue chez les -48 kg ? En quête d'un titre mondial depuis 1991 et Cécile Nowak, l'équipe de France de judo peut compter sur deux judokates de poids dans la catégorie des super-légers. Embarquées dans un duel à distance pour Paris 2024, Shirine Boukli et Blandine Pont peuvent légitimement rêver de médailles sur ces championnats du monde. Décryptage.

"Quelle chance d’avoir ces deux athlètes là, aussi bien sur le fond que sur la forme…" Frédérique Jossinet avait presque la banane au moment d'évoquer les cas de Shirine Boukli et Blandine Pont. A raison. Depuis quelques mois, les deux Françaises trustent le haut de l'affiche chez les -48 kg et débarquent aux championnats du monde gonflées à bloc.

Si la catégorie a eu son lot de championnes françaises hors pair au cours de ces dernières années, notre consultante en tête, la Nîmoise et la Montpelliéraine ont de bonnes raisons de croire en leurs chances sur ces Mondiaux. Les deux judokates sont surtout lancées dans un duel à distance haletant qui doit les mener jusqu'aux Jeux Olympiques de Paris. Les départager ressemble déjà à un sacré casse-tête.

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Shirine Boukli et Blandine Pont, deux Tricolores en quête de sommet... et en concurrence directe pour Paris 2024.

Crédit: Marko Popovic

Deux profils similaires, mais des différences notables

Mais cette densité n'est pas pour déplaire à la vice-présidente de la Fédération française de judo, loin de là. "J’ai souvent entendu qu’on avait des problèmes de riche chez les féminines… Je ne suis pas d'accord, c'est une chance. On a deux athlètes qui sont ultra performantes. Blandine reste sur trois victoires en Grand Chelem, mais on ne l’a pas encore vue face aux 5, 6 meilleures mondiales avec les Japonaises. Shirine a des titres européens et gagné un superbe Masters, avec la manière."

Novice sur ces Mondiaux, Blandine Pont est la "révélation" de cette saison. "Au fur et à mesure de ses performances et de ses victoires dont la plus belle à Paris, elle est montée de quelques crans d’un seul coup. Elle a enchaîné. Aujourd’hui, elle fait vraiment partie des têtes d’affiche de cette catégorie. Elle a des attaques très franches, saillantes", détaille Frédérique Jossinet.

Sur le plan judo, la vice-championne olympique d'Athènes voit beaucoup de similitudes entre les deux femmes. "Physiquement, Blandine en impose mais c’est aussi le profil de Shirine. Ce sont des athlètes très puissantes pour la catégorie de poids. Ce sont deux athlètes qui sont très complètes, mais elles restent très différentes. Ce ne sont pas les mêmes systèmes d'attaques, les mêmes kumi-kata (ndlr, les saisies du judogi), les mêmes déplacements et les mêmes gardes."

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Le mental, le levier majeur ?

C'est l'aspect psychologique qui peut également faire la différence. Il y a quelques semaines, Blandine Pont nous confiait avoir obtenu un déclic sur le plan mental. Assurément un point de départ dans la progression de ses résultats. "Elle a trouvé son rythme de croisière sur la performance", confirme notre experte.

Concernant la judokate du FLAM 91, la vice-championne du monde 2003 et 2005 insiste aussi sur ce poids mental. "C’est quelqu’un qui doit être boostée au taquet. C’est un peu comme les petits bonhommes à dynamo qu’il faut remonter. Elle a besoin de comprendre qu’on a confiance en elle."

Malgré des difficultés sur les Mondiaux ou les Jeux, Frédérique Jossinet réfute l'idée d'une panne psychologique pour Shirine Boukli lors des "grands" rendez-vous. "Il ne faut pas oublier que Shirine a enchaîné depuis 2020. Ça fait depuis trois ans qu’elle est au très, très haut niveau, ce qui n’est pas forcément le cas de Blandine. Il y a tout à digérer. On ne doit pas les entraîner du tout pareil psychologiquement, ce sont deux profils très différents."

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La chasseuse et la chassée

Si proches, Shirine Boukli et Blandine Pont n'en demeurent pas moins encore éloignées sur les temps de passage. La donne tend toutefois à évoluer. "Elles n’en sont pas encore aux mêmes étapes. Blandine est dans la même situation que Shirine il y a trois ans où elle était outsider avant les Jeux de Tokyo. Ça ne veut pas dire qu’il ne va pas y avoir une bascule à un moment donné et inversement."

Outsider derrière Mélanie Vieu avant Tokyo, avant de finalement prendre l'ascendant, la double championne d'Europe doit "assumer" ce statut de leader face à la triple vainqueure en Grand Slam. "Blandine est dans le costume de la chasseuse plutôt que la chassée. Ça va être intéressant. On va voir comment elles vont réagir. L’une est numéro un, l’autre est numéro trois. On peut avoir une finale franco-française. Je signe tout de suite."

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Un titre, Frédérique Jossinet en rêve. "On n’a pas eu de titres dans cette catégorie depuis Cécile Nowak, ça remonte… (ndlr, en 1991 à Barcelone) Ce serait une nouvelle preuve que l’on est dans une bonne dynamique dans ce judo féminin."

Mais alors, qui des deux Tricolores part avec l'avantage au Qatar ? Personne, à en croire notre consultante. "Les deux ont fait une super préparation. Shirine a gagné le Masters. Elle a prouvé qu’elle était là dans les grands rendez-vous. Blandine est sur un 100% de réussite en 2023. Dimanche, c’est un championnat du monde. Tout reste à faire." Encore plus avec la concurrence des Japonaises et des autres. Les deux Tricolores ont une belle occasion d'envoyer un message.

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