Jeux Olympiques - Tokyo 2020 : Amandine Buchard, la récompense méritée d’une cabossée

La déception était immense, à la hauteur de l’événement. Opposée à Uta Abe, ce dimanche en finale de la catégorie des -52kg, Amandine Buchard a livré un combat admirable. Mais elle a fini par s’incliner, ayant été piégée par une immobilisation. "Je suis triste, parce que mon rêve était de devenir championne olympique", a avoué la Française au moment de quitter le tapis. Avant d’ajouter toutefois : "Plus tard, je serai sans doute heureuse car cette médaille, j’ai beaucoup travaillé pour l’obtenir. J’ai connu des hauts et des bas, comme dans ma vie personnelle."

Amandine Buchard est, en quelque sorte, l’écorchée vive de l’équipe de France féminine, arrivée à Tokyo avec de très hautes ambitions. Un talent pur, qui a éclos très tôt, mais que le staff tricolore a longtemps eu du mal à faire grandir. Un très fort caractère, que l’on peut aisément assimiler à celui d’une championne. Mais avec ses failles, ses blocages et ses difficultés, rencontrées sur le tapis comme dans la vie. C’est, enfin, une personnalité attachante. Qui mérite incontestablement que l’on s’intéresse à elle.

Le judo, la jeune Amandine l’a découvert à l’âge de 6 ans, dans son club de Noisy-le-Sec. Elle ne s’y est cependant totalement investie qu’après le décès de son père, en 2008. C’est pour lui rendre hommage que la combattante désormais âgée de 26 ans a levé le doigt au ciel à plusieurs reprises, dimanche. "Tout au long de la compétition, j’ai beaucoup pensé à mon papa. C’était l’opportunité de réaliser mon rêve, et aussi le sien," a-t-elle soufflé au micro de France Télévisions.

De résultats probants en victoires éclatantes, "Bubuche" a fait son nid dans le groupe France, obtenant notamment une belle médaille de bronze aux Mondiaux de Chelyabinsk (2014). Sa sélection pour les Jeux Olympiques de Rio ne faisait, a priori, pas de doute. Sauf que la Francilienne a été confrontée à un problème de poids. Les régimes qu’elle devait s’infliger pour s’aligner en -48kg étaient de plus en plus difficiles à accepter. Elle souhaitait monter en -52kg, mais ses entraîneurs ne l’ont pas entendu ainsi.

"C’était une torture. À la fin, je devais perdre 7 à 8 kg. Au quotidien, je ne mangeais, ni ne buvais, pratiquement pas. Je courais avant et après les entraînements, parfois même en pleine nuit", racontait-elle au Parisien en 2017. Tombée en dépression à cause de cette situation, Buchard a pris une décision radicale : changer de catégorie avant les Jeux de 2016, pour lesquels elle n’a donc pas été sélectionnée. "Il y a cinq ans, j’ai très peu regardé le judo aux JO, j’étais dégoûtée de ne pas y être", a expliqué à France Télévisions celle qui s’épanouit maintenant chez les poids mi-légers.

Il y a trois ans, l’intéressée a franchi une autre étape censée favoriser son bien-être en faisant son coming-out dans les colonnes du Parisien. Si cette annonce n’a suscité aucune réaction déplacée dans le monde du judo, la sociétaire du RSC Champigny n’échange en revanche plus avec sa mère depuis. "Tu n’es plus ma fille, considère que tu es orpheline", lui aurait dit cette dernière avant de couper les ponts, comme cela a été révélé dans le documentaire "Faut qu’on parle", récemment diffusé sur Canal+.

Quand elle dit avoir connu "des hauts et des bas", Buchard n’exagère donc pas. Bien au contraire. La période de fortes turbulences semble néanmoins être derrière elle. Libérée par le titre de championne d’Europe conquis en avril dernier, la protégée de Larbi Benboudaoud a concrétisé son renouveau avec ce podium olympique. Qu’elle saura très certainement apprécier avec le temps.