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Jeux Olympiques - Tokyo 2020 : Teddy Riner face à son plus grand défi

Raphaël Brosse

Mis à jour 30/07/2021 à 04:30 GMT+2

TOKYO 2020 - Teddy Riner va tenter, ce vendredi, d’égaler la légende Tadahiro Nomura en décrochant une troisième médaille d’or olympique. Il s’agit du plus grand défi de la carrière du colosse français, à l’évidence moins dominateur que lors de ses précédents sacres aux Jeux. Quant à ses adversaires, aux couteaux plus aiguisés que jamais, ils ne rêvent que d’une chose : le faire tomber.

Teddy Riner à Tokyo en 2021

Crédit: Getty Images

N’y a-t-il pas plus bel endroit, au fond, pour accomplir pareille performance ? Situé en plein cœur de Tokyo, le Nippon Budokan est, pour les judokas, un lieu à part. C’est leur Mecque, un temple empreint de respect et de traditions, où gagner équivaut à inscrire son nom en lettres d’or dans la légende. En 1964, pour la première apparition de la discipline au programme olympique, c’est là qu'Anton Geesink avait commis un crime de lèse-majesté en privant le Japon du titre en toutes catégories. 57 ans plus tard, Teddy Riner voudra, à son tour, entrer plus encore dans la postérité.
Vendredi 30 juillet, le décuple champion du monde a en effet rendez-vous avec l’histoire. S’il remporte la médaille d’or, sa troisième aux Jeux, il se hissera au même niveau que Tadahiro Nomura (-60kg), seul triple champion olympique de la discipline (1996, 2000, 2004). En 2012, le colosse tricolore était porté par une irrésistible ascension. En 2016, il était au sommet de son art. Mais, en 2021, ce sera bien différent. Le défi qu’il s’est fixé est immense. À vrai dire, c’est même le plus grand de sa carrière.
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Geesink, celui qui fit chuter les Japonais

Le coup de tonnerre de Bercy

Tout d’abord parce que sa dynamique n’est plus la même qu’auparavant. Après son doublé planétaire +100kg (à Budapest) et toutes catégories (à Marrakech) en 2017, Riner a disparu des écrans radar. Pendant un an et demi, on ne l’a pas vu. Besoin de couper, de récupérer, de reposer un corps soumis à des efforts exténuants et à d'importantes variations de poids. Besoin, aussi, de penser à autre chose. Le combattant français est réapparu à Montréal, en juillet 2019, avant de l’emporter également à Brasilia trois mois plus tard. Une manière de remettre la machine en route dans l’optique des Jeux de Tokyo. Et puis, il y a eu Bercy.
Chez lui, devant son public, le double champion olympique est tombé. Un peu moins de dix ans après sa dernière défaite, infligée aux drapeaux par un Japonais, Daiki Kamikawa, et au Budokan (tiens, tiens…). La série s’est donc arrêtée à 154 victoires, laissant Yasuhiro Yamashita et son incroyable record (203 succès d’affilée) définitivement hors de portée. Mais le plus important était ailleurs : non, Riner n’est plus invincible. Plus maintenant.
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Teddy Riner lors de son combat contre Kokoro Kageura au Grand Slam de Paris 2020

Crédit: Getty Images

Harasawa, Krpalek… Ils espèrent enfin détrôner le roi

Et ça, les autres cadors de la catégorie l’ont bien compris. À commencer par les Japonais, qui seront représentés par Hisayoshi Harasawa. Préféré à Kokoro Kageura - le tombeur surprise du Guadeloupéen à Paris -, le numéro 1 nippon n’a pas oublié sa défaite en finale des Jeux de Rio. Cinq ans qu’il s’entraîne, sans relâche, dans le dojo de la réputée université Nichidai. Cinq ans qu’il pense, sans cesse, à sa revanche. "Mon rêve est de battre Riner en finale", lâchait-il au JDD, venu à sa rencontre il y a plusieurs mois. Tout un peuple sera derrière lui. La pression sera immense.
Harasawa ne sera néanmoins pas le seul prétendant dont il faudra se méfier, car la concurrence s’annonce particulièrement relevée. En or chez les -100kg en 2016, Lukas Krpalek a parfaitement réussi son adaptation à l’étage supérieur (champion du monde en 2019). Le longiligne Tchèque est bien plus qu’un simple outsider. Au même titre que Guram Tushishvili, dont l’explosivité avait failli surprendre Riner en 2017. À défaut d’avoir obtenu assez de points pour être tête de série, le Français ne sera en outre pas exempt de 1er tour et se retrouve dans le quart de tableau du n°1 mondial, Tamerlan Bashaev.
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Jossinet : "Perdre avant les Jeux a remis Riner dans des défis dont il a besoin"

Blessure à un genou et préparation dans l’ombre

La meute n’a jamais été aussi proche, et apparaît fermement résolue à renverser celui qui l’a longtemps toisée de haut. Ce dernier a par ailleurs longtemps laissé planer le mystère au sujet de sa condition physique. Juste avant l’ouverture des Jeux, il a toutefois révélé à Paris-Match avoir été victime d’une déchirure du ligament externe d’un genou en février. Absent en Grand Slam et lors des Mondiaux de Budapest, le protégé de Franck Chambily a préféré poursuivre sa préparation dans la plus grande discrétion, à l’abri des regards.
Sans oublier que la crise sanitaire et le report des Jeux sont passés par là, l’obligeant à revoir ses plans et à s’imposer des sacrifices qui, avec le temps, deviennent de plus en plus délicats à accepter. "Il a fallu gérer tout ça et ce n’était pas facile à vivre, a avoué le combattant de 32 ans au Figaro, peu avant son départ pour le Japon. C’est une course contre-la-montre avec beaucoup de pression, mais qui mérite d’être vécue."
Teddy a su se remettre en question
Car s’il y a bien une chose que Teddy Riner n’a pas perdue, c’est sa détermination. Elle n’a pas été ébranlée par son revers parisien, qui a, au contraire, agi comme une salutaire piqûre de rappel. "Une défaite marque soit le début de la fin, soit le début de la faim, nous soufflait récemment Frédéric Lecanu, consultant Eurosport et ancien poids lourd de l’équipe de France. Teddy en veut encore, il veut toujours aller plus loin. Il a su se remettre en question, il a eu cette capacité à remettre de l’énergie pour travailler toujours plus et revenir au plus haut niveau."
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"Niveau mental, Douillet et Riner, ce sont des 'Dexter' du judo, ils ne sont pas là pour rigoler"

En ce sens, la victoire finale de Riner lors du Masters de Doha en janvier - sa seule apparition de l’année 2021 - a été plutôt encourageante. "Je l’ai trouvé complètement différent par rapport à ce qu’il avait produit à Paris onze mois plus tôt, a reconnu Fred Lecanu. Il y avait de l’intensité physique, de l’engagement. Le patron était de retour". Ce vendredi, justement, le patron dispose d’une occasion en or de (re)mettre tout le monde d’accord.
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Teddy Riner at the World Judo Masters in Qater

Crédit: Getty Images

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