Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

UFC PARIS - Ciryl Gane vs Tai Tuivasa - "Je n'avais aucune idole" : Gane, itinéraire d'un surdoué un peu fainéant

Yohann Le Coz

Mis à jour 02/09/2022 à 14:54 GMT+2

MMA - Ciryl Gane combattra face à Tai Tuivasa lors de l'UFC Paris, le premier en France, ce samedi 3 septembre. À cette occasion, le "Bon Gamin" se livre sur son parcours dans le sport où il a été bon, dans presque tout ce qu'il a touché, et particulièrement dans les sports de combat. Son itinéraire est celui d'un surdoué, celui de quelqu'un d'un peu fainéant qui veut devenir le plus fort de tous.

Gane : "Faire du MMA ne t'oblige pas à être méchant"

L'UFC Paris arrive ce samedi 3 septembre, avec notamment votre combat face à Tai Tuivasa. Le public français est-il prêt pour accueillir ce genre d'évènement ?
Ciryl Gane : "Sans aucun doute. Le public français sera au rendez-vous. Il y a énormément de fans en France, de combattants aussi.
Quel regard portez-vous sur la croissance de ce sport en France ?
C. G. : Très positif. Avant que je commence ma carrière il y avait des gens qui se battaient dans l'ombre et tentaient de légaliser ce sport tant bien que mal. C'était diabolisé. En très peu de temps ça s'est débloqué et on a eu la légalisation, Ciryl Gane en tête d'affiche... Enfin on libère ce sport. Il y a énormément de licenciés. Je suis très chanceux, j'arrive dans un timing parfait."
Regardez une soirée MMA et vous allez aimer (...) C'est un jeu d'échecs
Qu'est ce que vous auriez à répondre aux personnes qui voient encore ce sport comme trop violent ?
C. G. : "Certaines personnes ont des a priori non fondés. Regardez une soirée MMA et vous allez aimer. Attention, si vous avez un rapport à la violence compliqué, n'allez pas voir. Mais j'ai eu énormément d'avis du genre : 'ah je ne connaissais pas ce sport, j'avais des a priori, ça me faisait peur et au final j'étais debout à coacher les combattants alors que je ne connaissais rien'. Et c'est intéressant. Un combattant est un ancien judoka, l'autre un ancien de la boxe thaï, quel art martial va prendre le dessus sur l'autre… c'est un jeu d'échecs."
picture

Gane sur son adversaire à l'UFC Paris : "Si tu fais une erreur, ça ne pardonne pas !"

Vous parlez de votre sport avec enthousiasme, vous avez combattu pour la ceinture des poids lourds de l'UFC et pourtant, vous n'en avez jamais vraiment rêvé.
C. G. : "Les sportifs, qu'ils fassent du ski ou du foot, ce sont souvent des gens qui ont commencé leur sport depuis jeunes. On est plus rêveur quand on est jeune et ils avaient des idoles dans leur sport. Moi, le MMA j'ai connu ça à 28 ans. Quand j'étais jeune, je n'avais aucune idole, je ne connaissais même pas ce sport. D'ailleurs, si j'ai commencé le MMA c'est parce que je n'avais encore rien fait dans les sports et je savais que dans le MMA, on fait de l'argent. Un but plutôt monétaire.
Pourtant vous aviez touché à plusieurs sports avant le MMA.
C.G. : Mon père était footeux, j'ai commencé par le foot, j'ai fait pas mal d'années, ça marchait bien.
Vous avez eu des touches pour jouer à haut niveau ?
C.G. : Ouais j'ai eu des touches mais je n'étais pas dans l'optique de faire quelque chose, c'était le plaisir avant tout. Quand j'étais jeune, dès qu'il y avait un peu d'adversité ça me faisait peur.
Le jeune Ciryl était un grand timide ?
C.G. : Ouais, un peureux. Ou un mec qui n'a pas envie d'être adulte avant l'heure. Quand tu joues au foot tu fais des détections, tu quittes tes parents, tu vas dans un centre de formation…"
Dans tous les sports ça fonctionne bien
Vous aviez fait quelques essais ?
C. G. : "Oui ! Je crois que c'était Montaigu (ville de Vendée, NDLR) qui faisait faire des tests dans la région. J'avais fait des tests sur plusieurs jours, mais je n'avais pas été pris.
Et au basket ça marchait bien aussi ?
C. G. : Challans (Nationale masculine 1) était venu me voir jouer ma première année. Je loupe le wagon au foot mais j'ai envie d'autre chose. Je côtoie des mecs qui sont dans le basket, l'hiver ils ne connaissent pas…
Et puis quand on arrive à 90 kilos à 16 ans (aujourd'hui il en fait environ 112), le basket c'est plus facile que le foot non ?
C. G. : Ouais c'est ça ! C'était pas trop pratique. Mais j'avais l'optique de faire du basket, à côté je m'amusais à faire des pompes tout ça… et le physique a suivi. Pour le coup, dans le basket, on est venu me chercher. J'ai dû dire carrément non, parce que je voulais jouer pour le plaisir, c'est 'ouf'.
Dans tous les sports vous avez réussi ?
C.G : Je suis un multi-sport. Si tu me mets au tennis, je pense que je peux me débrouiller... dans tous les sports, ça fonctionne bien."
picture

Tyson, Riner… Comment Gane affronterait ces stars des sports de combat en MMA ?

Le MMA ça ne t'oblige pas à être mauvais
Particulièrement dans les sports de combat, donc.
C. G. : "Je découvre la boxe thaï dans l'année de mes 25 ans. J'en ai fait trois ans et en janvier 2018, je commence le MMA.
Votre surnom de combattant est "Bon Gamin". C'est paradoxal pour quelqu'un qui a commencé par la boxe thaï, un des sports de combat les plus violents, et qui est combattant de MMA, le sport à l'image la plus violente.
C. G. : Pour moi c'est un sport avant tout. Il faut de l'agressivité, ne pas avoir peur du contact. Ça ne t'oblige pas à être mauvais, méchant. C'est un sport, l'aspect sport doit être mis en avant.
Comment on passe du gamin "peureux" au gars qui n'a pas peur de prendre des coups ?
C. G. : Quand j'étais petit j'étais peureux et pleurnichard (rires). Qu'est ce qui a fait que je suis devenu tout l'inverse ? Je ne sais pas… Pour ce qui est de prendre des initiatives et se mettre au diapason pour réussir dans le sport c'est quand j'étais mûr et adulte. Le fait d'être un homme, regarder l'heure et se dire bon 'le sport c'est ce que tu fais de mieux mais tu n'as rien fait dans le sport'. Alors quand on m'a proposé la boxe thaï je me suis dit : 'allez, challenge !'."

Notoriété et rôle de modèle

Est-ce que les gens commencent à vous arrêter dans la rue ?
C. G. : "Oui depuis longtemps maintenant, je le vis bien, les gens sont bienveillants. On ne me critique pas, on ne m'embête pas. Et ça, partout où je vais sur la planète.
Êtes-vous arrivé à ce stade où la police vous arrête pour prendre des photos ?
C. G. : Plus que jamais ! La police, le corps militaire etc… c'est les premiers à m'arrêter. Tout à l'heure on s'est arrêtés pour prendre des photos à la Tour Eiffel, une voiture de police s'est arrêtée pour prendre des photos avec nous.
Vous commencez à inspirer des vocations chez les jeunes ?
C. G. : Ouais ! À la Rochelle, il y a deux mois, j'étais parti faire Fort Boyard. En revenant à Paris, à la gare, un papa avec son fils s'arrête. Il me dit dit 'mon fils est fan de toi, on peu prendre une photo, mon fils a arrêté le basket pour faire du MMA à cause de toi' (rires). Le papa était basketteur. J'ai même des mamans qui me disent qu'elles ont accepté que leur enfant fasse du MMA grâce à moi !
Les parents sont crispés quand on leur parle de MMA ?
C. G. : Très ! Il y a une méconnaissance du sport, ça fait peur. J'ai déjà donné mon numéro à une maman pour qu'elle et son fils me rappellent. Au final elle m'a dit 'mon fils, ça fait des années qu'il voulait faire du MMA. J'ai jamais voulu et j'ai dit oui, je suis content qu'il ait une idole comme vous'. C'est touchant."
Là, je me mets à pleurer
On passe du gamin qui a commencé la boxe thaï à l'homme qui a combattu pour la ceinture des lourds de l'UFC. Contre Francis Ngannou, en janvier, c'était la première défaite de votre vie, tous sports de combat confondus. Ça a quel goût la défaite ?
C. G. : "Un goût amer. Cela pique. Je me suis rendu compte que je l'ai vécu comme un gosse. Tu fais ton match de foot et tu perds, tous les gosses se mettent à chialer. C'est ce qui s'est passé. Mais ça ne dure pas longtemps. Derrière tu vas reprendre le bus avec tes potes et faire la fête.
Des larmes carrément ?
C. G. : Le contrecoup, quand je passe la foule et je vais voir le médecin qui me 'check', voir si tout va bien. Là je me mets à pleurer. Je me dis 'wow, je me suis fait "hm hm" pour pas dire de mots vulgaires'. Et ça s'est joué à rien. Donc c'était en core plus amer. Il y a de l'enjeu, ça s'est joué à rien pour que j'aie le statut de l'homme le plus fort au monde.
picture

Il a dormi dans la rue, il est au sommet du MMA : l'incroyable histoire de Ngannou

Et ensuite ?
C. G. : Après ce contrecoup, il y a eu une série d'interviews et le soir je suis parti faire la fête avec mon frère. Donc je l'ai bien vécu. J'ai vécu cet échec comme un compétiteur qui a perdu, pas quelque chose qui me hante.
A la fin de votre combat, vous aviez regardé la caméra et dit "désolé", comme si vous vous excusiez auprès des Français.
C. G. : Ce ne sont pas des excuses genre 'je vous dois tout'. C'était plutôt 'on partage l'aventure ensemble, j'ai pas assuré'. Comme si je dis à un pote à 'désolé, je devais prendre tes clés pour nourrir ton chat…" je n'ai pas fait le taf."

Ciryl Gane, un fainéant ?

Dans le jeu UFC votre personnage a 4,5 étoiles sur 5 de note. Qu'est ce qu'il vous manque pour arriver à 5 sur 5 ?
C. G. : "Je ne sais pas… je me donne un an et demi ou deux... (Son coach Fernand Lopez intervient).
F. L. : On est d'accord lui et moi pour dire qu'il est fainéant ! S'il décide de passer au niveau supérieur, là on aura facilement un 5 sur 5.
Le mot de la fin c'est que Ciryl est fainéant ?
(Rires) C. G : Oui ! Sur mes bulletins scolaires c'était pareil. 'Ciryl s'en sort avec la moyenne mais…'
F. L. : Les gens comme nous, c'est laborieux on doit fournir beaucoup plus de boulot pour y arriver. Lui il se dit : 'bon, j'ai juste à faire le minimum, gagner le combat et aller dormir".
picture

Ciryl Gane lors de son combat contre Derrick Lewis lors de l'UFC 265 en août 2021.

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité