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MotoGP | Chutes à répétitions, attitude, comportement : Marc Marquez est-il en train de tout gâcher ?

Julien Pereira

Mis à jour 23/06/2023 à 15:39 GMT+2

Marc Marquez (Honda) est et restera à jamais l'un des très grands champions de l'histoire du MotoGP. L'Espagnol aux six couronnes s'est démarqué par son style et sa résilience hors norme. Mais ces derniers mois, son attitude agace plus qu'elle ne fascine. Sa volonté tourne à l'obstination. Et le pilote semble prendre le dessus sur l'homme.

Marc Marquez (Honda) en marge du Grand Prix de France, le 13 mai 2023

Crédit: Getty Images

On ne compte plus ses "retours". Présent pour le Grand Prix des Pays-Bas, une semaine après avoir dû déclarer forfait pour celui d'Allemagne - conséquences de chutes que l'on a également cessé de dénombrer - Marc Marquez (Honda) poursuit son parcours de montagnes russes qui, ces derniers mois, l'ont beaucoup plus souvent tiré vers le bas que vers le haut. Trois ans après un crash qui l'a fait dérailler de son chemin vers le sommet de la discipline, le sextuple champion du monde s'obstine, convaincu que son talent unique lui permettra, un jour, de renouer avec le titre de champion du monde.
Mais, privé du leader sur lequel il a si longtemps concentré ses efforts sportifs et financiers, Honda s'est quelque peu perdu en route. La machine japonaise, autrefois intouchable, a fini par devenir... incontrôlable. Et chaque pilote tentant de la dompter finit au tapis. Joan Mir, coéquipier de Marquez, soigne des blessures à la main droite après une vilaine chute en Italie. Alex Rins vient tout juste de subir une deuxième opération après avoir subi une double fracture tibia - péroné au Mugello. Marquez, lui, souffre d'une "petite fracture" au doigt, d'une côte fêlée et de douleurs à la main gauche et au poignet. Mais il est là, à Assen.

Résilience fascinante

"Honda a besoin de motos en piste pour progresser pour l'avenir", a-t-il confié au moment de justifier sa présence dans des propos rapportés par motogp.com. La résilience du Catalan n'est plus à prouver. Même si cela lui a probablement fait perdre un temps précieux, il restera à jamais l'homme qui avait tenté de reprendre la compétition une semaine après s'être fracturé l'humérus, en 2020. Qu'il en soit encore là après quatre opérations et tant de péripéties donne une idée de la mentalité qui lui a permis de se forger un tel palmarès. "Dans le passé, peu d'athlètes ont passé trois ans blessés avant de revenir", a-t-il glissé lors d'une interview à GQ.
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L'une des cinq chutes de Marc Marquez (Honda) dans le cadre du Grand Prix d'Allemagne

Crédit: Getty Images

Personne ne peut être insensible au caractère et à la volonté du bonhomme. "Je n'ai pas de mots pour le décrire, il se donne à 100% en permanence, observait Quartararo au Sachsenring. Qui chute cinq fois en essayant d'être meilleur, en essayant d'être au sommet ? Pour moi, c'est mentalement l'un des plus forts ici." Cette attitude-là a toujours imprégné son style de pilotage et a joué un rôle colossal dans ses succès, mais aussi dans le spectacle qu'il a été capable de produire et donc, dans sa popularité. Mais sur une Honda plus rétive que jamais, il ne fait plus recette. Et la résilience a peu à peu pris des allures d'obstination.
Depuis le début de la saison, l'Espagnol n'a bouclé aucune des trois courses principales auxquelles il a participé. Au Portugal, il avait harponné le local Miguel Oliveira, qui se battait aux avant-postes, après un freinage complètement manqué. Les sifflets du public avaient accompagné son évacuation du circuit et soulevé de nouvelles interrogations autour de la dangerosité du pilote. Désormais, lui assume. Depuis qu'il a décidé de casser son image de gendre idéal avec la série "All In" , diffusée sur Prime Vidéo et dont il fut l'un des co-producteurs, Marquez se veut beaucoup plus flegmatique, parfois hautain et même... de mauvaise foi.
Ce n'est pas l'image de Marc que l'on veut
C'est ainsi qu'il avait fait remarquer, la semaine dernière, que c'était à Johann Zarco d'éviter le violent crash provoqué par la chute de l'Espagnol à l'entrée du premier virage, qui avait coupé en deux la Ducati du pilote tricolore. "J’aime la façon dont Marc roule et la façon dont il attaque, c’est un champion mais il perd un peu le contrôle quand il parle actuellement, avait rétorqué le Français sur Canal+. Il devrait réfléchir à deux fois avant de parler." Sur le fond, la direction de course avait donné raison à Marquez (c'était au pilote sortant des stands de prendre ses précautions) mais la forme, elle, avait laissé songeur.
"Quand j’étais à terre, il aurait pu au moins venir, avait ajouté Zarco. Je peux comprendre qu’il voulait courir vers une autre moto pour essayer de faire un chrono, mais avec le drapeau rouge, il aurait pu venir voir si tout allait bien." Là aussi, la procédure interdit formellement au personnel non médical de toucher un pilote au sol.
Marquez s'est contenté d'un tout petit geste. "Si, pour simplement prouver que la moto n'est pas compétitive cette année, il doit aller jusqu'à se casser tous les membres, c'est malheureux, a souligné le Français jeudi sur Canal+. Il faudrait presque lui dire : 'Tu n'as rien à prouver'. Mais je pense qu'il le sait. [...] Ce n'est pas l'image de Marc que l'on veut." Peu à peu, l'admiration laisse place à l'amertume.
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