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MotoGP - Marc Marquez (Honda), le retour à la vie au Grand Prix du Portugal

Gilles Della Posta

Mis à jour 22/04/2021 à 14:49 GMT+2

GRAND PRIX DU PORTUGAL - En marge de la deuxième victoire consécutive de Quartararo, l’épreuve a aussi été le théâtre d’une scène pleine d’émotions au sein du garage Honda. Neuf mois après sa série de cabrioles dans le bac à gravier du circuit de Jérez, et après le retour prématuré, les opérations, les greffes, Marc Marquez a de nouveau franchi la ligne d’arrivée d’un Grand Prix. Une libération.

Marc Marquez (Honda) au Grand Prix du Portugal, le 16 avril 2021

Crédit: Getty Images

Lui qui a remporté des succès dans toutes les catégories, lui qui a battu d’innombrables records, a été rattrapé par l’émotion une fois de retour à son box dimanche soir. La fatigue, la douleur l’ont fait craquer. La peur aussi, celle de ne plus retrouver la vie qu’il aime. Celle de la confrontation avec les autres, de la confrontation avec les limites de la physique, de la confrontation avec ses propres limites.
Marc Marquez, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a développé ce don inexplicable de se relever d’une chute sans même être tombé. On ne compte plus le nombre de fois où sa Honda est partie en glissade sur le flanc et, par une manœuvre que personne ne saurait rationnellement expliquer, l’Espagnol l’a relevée et a poursuivi sa route. Quand on possède cette capacité à réussir l’inexplicable, on ne peut forcément pas se résoudre à s’arrêter plusieurs semaines pour laisser un simple os se ressouder.
Marc Marquez a-t-il voulu revenir trop vite après son accident de Jérez ? Facile à affirmer aujourd’hui que l’on connaît la suite de l’histoire. Mais pour être tout à fait honnête, il faut rappeler le contexte. A Jérez, en 2020, le champion du monde est poussé dans ses retranchements par un Fabio Quartararo qui entame sa deuxième saison en catégorie reine en alignant des chronos ahurissants. La chute, le rythme du français, ne sont pas les seules plaies de l’Espagnol.

Marquez submergé

A cette période débute une saison 2020 pleine d’inconnues. La pandémie frappe la planète et on se met à rechercher dans les statuts de la Fédération Internationale de Moto le nombre minimal de courses nécessaires pour officialiser un titre. C’est dire à quel point le championnat est en sursis à ce moment-là. C’est dire aussi l’importance pour tous les pilotes à être en tête du classement, au cas où...
Marc Marquez n’a donc qu’un objectif : revenir le plus vite possible pour faire barrage à son nouveau rival. On lui pose une plaque sur l’humérus droit et, dans la foulée, le pilote Honda tente de reprendre la piste le week-end suivant, sur le même circuit de Jérez... La douleur est trop vive, Marquez renonce. Échec sur toute la ligne. Ce n’est que le début d’un véritable chemin de croix pour le Catalan. Quelques jours plus tard, la plaque censée renforcer son humérus se brise en ouvrant une porte vitrée. Deuxième opération, pour changer la plaque.
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Marc Marquez (Honda) dans son box après le Grand Prix du Portugal, le 18 avril 2021

Crédit: Imago

Les semaines passent mais le processus de guérison semble figé. A tel point qu’il faut consentir à une troisième intervention chirurgicale pour greffer un nouveau morceau d’os. On est alors en novembre 2020, la question se pose de savoir si l’Espagnol sera remis à temps pour la reprise des débats en 2021. Dans son antre familial, Marc Marquez se demande en fait s’il sera de nouveau en mesure de piloter une MotoGP un jour. Interrogé par DAZN pour savoir si son retour prématuré était à l’origine de cette très longue convalescence, la réponse lui avait immédiatement jailli de ses lèvres : "Les pilotes que nous sommes ont une qualité et un défaut, à savoir que nous ne ressentons pas la peur, donc il faut qu'elle nous apparaisse. Après la première opération, la première question d'un pilote est toujours 'Quand est-ce que je peux remonter sur la moto ?'."
Il était inconcevable pour lui de ne pas tenter le coup. Impossible de rester tranquillement à la maison sans savoir s’il était capable de défendre ses chances. Que cette option puisse lui avoir coûté du temps n’a finalement jamais été un sujet à ses yeux. Alors forcément, en enlevant son casque après sa 7e place dimanche dernier à Portimão, l’émotion a emporté l'homme Marc Marquez. Et dorénavant, c’est le champion Marc Marquez qui doit se demander s’il pourra retrouver le niveau qui était le sien au moment de son accident.

Et maintenant, gagner de nouveau

Un niveau exceptionnel, fait de talent, mais aussi fait d’un engagement total. Un engagement qui n’avait pas faibli après sa chute terrifiante sur le circuit du Mugello, en Italie, en 2013. Parti à la faute à près de 338km/h, le pilote Honda s’en était tiré avec de belles contusions et une égratignure au menton. Et il était remonté sur sa machine presque comme si de rien n’était. Aura-t-il cette capacité cette fois-ci ? En 2013, le doute n’avait pas eu le temps de s’engouffrer dans l’esprit de ce jeune homme de 20 ans qui n’était pas descendu du podium lors des quatre premières courses de la saison alors qu’il découvrait la catégorie la plus relevée, s’imposant même pour son deuxième rendez-vous, au Texas.
Désormais, le Catalan a 28 ans, et surtout, a passé neuf longs mois à gamberger, souffrir et douter. Restera-t-il quelque chose dans son esprit le 2 mai prochain, au moment d’aborder à Jérez la redoutable série de virages à droite à plus de 200km/h, moto inclinée à près de 60 degrés, la tête à une dizaine de centimètres du sol ? Aura-t-il une appréhension au moment de se jeter dans la courbe Dunlop à près de 300 km/h au Mans ? Tous les pilotes avec lesquels nous avons échangé sur ce sujet sont convaincus que le doute ne survivra pas dans l’esprit de cet animal de compétition.
Mais il reste encore une étape à franchir, et elle est loin d’être simple : gagner à nouveau. Car pour le sextuple champion du monde MotoGP, les douleurs, les efforts n’ont de valeur que s’ils permettent de s’imposer. L’homme Marquez a sans doute repris vie à Portimão mais le retour du champion qu’il était, restera en gestation tant qu’il n’aura pas franchi, en premier, une ligne d’arrivée en GP.
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Marc Marquez (Honda) lors des essais libres du Grand Prix du Portugal, le 16 avril 2021

Crédit: Imago

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