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Johann Zarco cherche encore la victoire en MotoGP : et s'il souffrait d'un mal français ?

Julien Pereira

Mis à jour 24/06/2022 à 13:44 GMT+2

GRAND PRIX DES PAYS-BAS - Cette fois, c'est la bonne ? Très consistant ces dernières semaines et auteur de nombreux podiums depuis qu'il est en catégorie reine, Johann Zarco court toujours après un premier succès en MotoGP. Le pilote Ducati pourrait tout simplement souffrir d'un mal franco-français, selon le préparateur mental Thomas Sammut.

Johann Zarco (Ducati Pramac) au Grand Prix d'Italie, le 28 mai 2022

Crédit: Getty Images

Toutes les séries ont une fin. Souhaitons à Johann Zarco que celle qu'il a entamée il y a un peu plus d'un mois, au Grand Prix de France, s'étire un week-end de plus. Au Mans, le pilote Pramac s'était classé cinquième. Il avait fini quatrième au Mugello, deux semaines plus tard. Puis troisième, en Catalogne. Et enfin deuxième en Allemagne.
Inutile donc, de vous préciser où l'on veut en venir. Zarco court toujours après sa première victoire. C'est à la fois une anomalie statistique, puisqu'aucun autre pilote que lui ne compte plus de podiums (15) sans jamais s'être imposé. C'est aussi une étrangeté si l'on tient simplement compte de sa trajectoire, de son travail et de son talent.
Le Cannois en est parfois passé tout près. Au Mans, à Valence (2017), en Argentine (2018) ou encore en Catalogne (2021), le double champion du monde s'est incliné pour quelques centièmes. Les tentatives vaines existent et sont de plus en plus nombreuses. À tel point que cette finalité ne peut plus réellement n'être qu'un hasard.
On est formatés à s'apprécier en fonction d'un résultat
Mais alors, Zarco fait-il tout simplement un "blocage psychologique" ? "C'est quelque chose qui peut exister, nous confirme Thomas Sammut, préparateur mental ayant collaboré avec de nombreux grands sportifs ces dernières années. Ça ne veut pas dire que le sportif n'est pas fort mentalement. Simplement qu'il ne suit pas le bon schéma pour aller au bout de la performance."
Impossible, en effet, de remettre en question la résilience du Français, double champion du monde Moto2 et désormais n°3 mondial en MotoGP après avoir été poussé dehors en 2019. "En France, il y a un problème majeur, souligne Thomas Sammut. On a une éducation et une culture qui ne nous apprennent pas à nous connaître ni à nous épanouir en tant qu'individus. On est formatés à s'apprécier en fonction d'un résultat. À l'école, on a une note. Et on s'apprécie ou se déprécie en fonction du résultat."
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Johann Zarco, Jack Miller et Fabio Quartararo sur le podium du Grand Prix d'Allemagne, le 19 juin 2022

Crédit: Imago

Si Zarco n'a toujours pas enlevé sa première victoire, c'est peut-être tout simplement parce qu'il est... Zarco. À savoir, un pilote à part, au parcours atypique. Lui n'était pas prédestiné à devenir l'un des meilleurs pilotes du monde et n'a jamais été enrôlé par les usines à champions que sont les écoles espagnoles ou italiennes, même s'il a parfois franchi la frontière transalpine, durant son adolescence, pour se frotter aux meilleurs.
"Cette observation est valable dans toutes les disciplines, renchérit le préparateur mental. Pour 95% des sportifs de haut niveau français, les freins les empêchant de se libérer complètement sont liés à notre culture. On a tendance à se mésestimer parce qu'on grandit à travers une idée que l'on pourrait schématiser en 'Je ne fais pas assez bien'. On en arrive à se dire que quoi que l'on fasse, ce ne sera jamais assez par rapport à d'autres. Il faut savoir faire une autocritique sans tomber dans des excès négatifs. Ça, c'est vraiment une sorte d'héritage. Et c'est limitant."

Quartararo y a échappé

Ce n'est pas Zarco lui-même qui dira le contraire. Très cartésien et précis dans son approche technique, le pilote tricolore lutte aussi contre lui-même sur le plan mental. "J'ai vite tendance à m'auto-flageller et à me dire : 'Ce que tu fais, ce n'est pas bien, c'est nul, c'est nul'", confiait-il dans un documentaire Canal+.
Quartararo, par exemple, n'a jamais eu ce problème, alors que la question d'un blocage psychologique s'était également posée en 2019, après plusieurs courses où il avait buté sur Marc Marquez. Lui est d'origine italienne, a disputé ses premières courses en Toscane avant de s'expatrier en Espagne dès ses 13 ans. "Je suis français, mais je parle mieux espagnol... et je pense en italien", disait-il il y a quelques années. Et ça change tout.
"Je peux vous donner un autre exemple assez explicite, ajoute Thomas Sammut. J'ai travaillé avec Patrick Vieira à Nice et je lui ai posé une question toute simple. Si la France a gagné la Coupe du monde de football en 1998, est-ce parce que la grande majorité des joueurs n'évoluait plus en France ? Il m'a répondu cash : 'Bien sûr'."
Pour briser le plafond de verre, une solution existe : "Il y a d'un côté l'homme formaté par tout un environnement dans lequel il évolue depuis toujours, analyse le spécialiste. Et d'un autre, le pilote qui aimerait agir d'une certaine manière. Il faut réussir à identifier son mode d'emploi par rapport à la performance. Une fois que c'est fait, on peut sortir du moule et se rendre compte qu'on est unique. Et qu'il n'y a qu'une méthode très personnelle qui convient à chacun. L'idée est de trouver cette méthode et de la dupliquer à l'infini." Une autre sorte de série.
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Johann Zarco (Ducati Pramac) au Grand Prix d'Allemagne

Crédit: Getty Images

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