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MotoGP - Les courses "sprint" de 2023 en questions : crise, mode d'emploi, impopularité...

Julien Pereira

Mis à jour 21/08/2022 à 11:30 GMT+2

GRAND PRIX D'AUTRICHE - C'est le petit séisme du week-end. Les organisateurs du MotoGP ont annoncé ce samedi la mise en place d'un nouveau format pour les week-ends de Grand Prix, dès 2023. Trouver une autre formule était obligatoire pour un sport en difficulté sur le plan économique. Et tant pis si elle est déjà très impopulaire chez les pilotes et une partie des fans.

Fabio Quartararo (Yamaha) en marge du Grand Prix d'Autriche, le 19 août 2022

Crédit: Imago

Pourquoi le MotoGP se met aux sprints ?

Il y a deux raisons. Et elles sont de toute façon liées. Pour justifier cette décision, le PDG de la Dorna - le promoteur du championnat - Carmelo Ezpeleta a d'abord expliqué vouloir "améliorer le sport, la sécurité et le spectacle." Mais l'objectif est surtout de plaire aux "fans et à la télévision". Qui dit plus de fans prêts à payer pour suivre le championnat, dit également plus d'argent découlant des droits télévisés, donc plus de revenus pour les promoteurs et les équipes.

Le MotoGP est-il en crise ?

Oui, contrairement à ce que peut laisser penser le marché français, qui se porte extrêmement bien grâce notamment aux performances de Fabio Quartararo et Johann Zarco. Les deux saisons largement perturbées par la pandémie ont eu des conséquences durables. La retraite de Valentino Rossi a également affecté la popularité de ce sport. Les absences longues et répétées de Marc Marquez n'ont pas aidé non plus. Et, enfin, l'homogénéité du plateau et les progrès aérodynamiques ont rendu les courses moins spectaculaires, avec moins de dépassements.
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L'absence de Valentino Rossi se fait sentir en MotoGP

Crédit: Getty Images

"Le moment le plus excitant est le départ, a d'ailleurs avoué maladroitement le président de la FIM, Jorge Viegas. Là, vous doublez le nombre de départs !" Dans certains marchés clés, les audiences se sont effondrées, comme en Espagne ou en Italie. Le contexte économique global n'aide pas non plus, puisque dans les pays où les courses sont diffusées sur des chaînes payantes, les spectateurs prêts à payer un abonnement sont de moins en moins nombreux.
Cumulés, tous ces facteurs ont poussé les organisateurs à chercher une nouvelle formule. Emprunter la voie ouverte par la F1, qui est elle en pleine croissance économique, était la solution la plus "évidente". "Notre show est bon mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas l'améliorer, a confié Hervé Poncharal, président de l'IRTA (association des équipes) en conférence de presse. Nous serions stupides de ne pas regarder ce qui se fait ailleurs."

Quand cette nouvelle formule a-t-elle été décidée ?

Au début de l'été, si l'on en croit Hervé Poncharal. Ce qui explique, en partie, la soudaineté de l'annonce. La première partie de cette nouvelle saison, sans restriction et sans Valentino Rossi, a probablement permis de tirer un bilan.

Pourquoi les pilotes n'ont pas été mis au courant ?

Plusieurs sons de cloche. En conférence de presse, Carmelo Ezpeleta s'est dédouané en rappelant que "les pilotes devaient être informés par leurs équipes". Hervé Poncharal, lui, s'est défendu en rappelant qu'il était impossible de garder une information "secret défense" en la révélant à tous les pilotes, donc à leur entourage.
En réalité, les organisateurs ont surtout voulu éviter les polémiques traversées par la F1 avec une nouveauté globalement impopulaire chez les principaux concernés. Quand l'éventualité d'une fronde des pilotes a été évoquée par un journaliste, les visages d'Ezpeleta et Poncharal ont trahi une pointe de crispation.

À quoi ressemblera un week-end de Grand Prix en 2023 ?

Le vendredi restera inchangé... ou presque. Les deux premières séances d'essais libres devraient être rallongées. Elles serviront également à établir une première hiérarchie, avec les dix premiers pilotes directement qualifiés pour la Q2 en qualification. Les troisième et quatrième séances d'essais libres disparaîtront pour laisser place à la qualification le samedi matin, et au sprint l'après-midi sur les coups de 15h00.
Ce sprint sera deux fois plus courts que la course du dimanche, et rapportera donc deux fois moins de points : 12 pour le vainqueur, 9 pour le deuxième, 7 pour le troisième, etc. Le dimanche, le warm-up du matin pourrait disparaître. La course, elle, demeure inchangée. Au contraire de ce qui se fait en Formule 1, la qualification définira la grille pour le sprint et la course.

Pourquoi ce format ne fait pas l'unanimité ?

D'abord parce qu'il touche directement à l'ADN du sport. Depuis 1949, jamais le MotoGP ne s'était laissé tenter par les courses "sprint". Cette nouvelle formule va complètement bouleverser l'histoire : un pilote qui l'emportera le samedi après-midi et le dimanche sera crédité de deux victoires à son palmarès. Avec 42 podiums dans la saison, certains records établis par Valentino Rossi, que l'on imaginait intouchables, risquent de vite tomber. À commencer justement par ses 199 podiums en catégorie reine.
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Marquez, Bayliss, Rossi : quand les pilotes roulent avec la douleur

Au-delà de ces considérations statistiques, les pilotes peuvent aussi avoir des craintes pour leur santé mentale et physique. La plupart d'entre eux roulent déjà avec d'importantes blessures - le candidat au titre Aleix Espargaro est en Autriche avec un pied fracturé, par exemple - et la nouvelle formule va augmenter de manière importante les enjeux, donc le stress, donc les risques pour l'organisme. "Quand ils seront habitués à ce rythme, ils seront satisfaits, a tenté de rassurer Jorge Viegas. 21 Grands Prix, ça fait 42 départs et 42 podiums !" Pas sûr que les principaux concernés aient le même point de vue.
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