Mondiaux de Doha - Bernard sur le record du monde de Pan : "Mais qu'est-ce qu'il se passe là ?"

A.B. : Avant même de voir le record du monde, j'ai vu que les Chinois avaient remporté le relais 4x100. Ça m'a déjà beaucoup surpris. Ensuite, j'ai vu le temps de Pan. Ma première réaction a été claire : "Mais qu'est-ce qu'il se passe là ? Qu'est-ce que c'est que ce temps de fou ?" Puis, j'ai vu sa course, il n'a pas beaucoup de fréquence mais il est hyper efficace. Il est impressionnant.

A.B. : Ça m'a carrément surpris. Même s'il fait 4e l'an dernier aux Mondiaux de Fukuoka, il avait déjà nagé sous les 47 secondes. Après, les Chinois, c'est toujours difficile d'avoir de la visibilité sur leur programme, ce qu'ils font. Ils ne sont pas toujours bien placés au ranking et ils débarquent en grands championnats pour claquer des performances comme celle-ci. C'est fou.

A.B. : Oui et non. Bien sûr, battre un record à cette époque de l'année, c'est dingue. Mais on ne connaît pas vraiment les modalités de sélection des Chinois et dans quel état de forme ils sont à Doha. Et puis, il a 19 ans, pas 25. Il peut se permettre des choses en préparation.

A.B. : A une époque, la Chine état déjà excellente chez les filles mais moins chez les hommes, c'est vrai. Après, il faut rester prudent. Je me souviens de Ning Zetao, champion du monde du 100 m aux Mondiaux de Kazan en 2015 alors qu'il sortait de nulle part et qu'on n'a plus jamais vu ensuite. Bien sûr, Pan s'inscrit aujourd'hui comme un des favoris pour Paris mais il va falloir surveiller ses chronos jusqu'à l'été et comment il gère ça. Ce lundi, en séries du 200m, il fait le 38e temps en 1'51"03, c'est assez moche. Ce n'est même pas une contre-performance, c'est un temps d'entraînement. Ca aussi, c'était très imprévisible. Mais oui, quand tu arrives avec un record du monde, forcément, ça signifie quelque chose et je ne suis pas certain qu'il y ait beaucoup de nageurs capables d'aller aussi vite.

A.B. : Plus que leur âge, c'est leur morphologie qui me marque. Ils ne sont pas plus costauds que ça, ils sont très longilignes. J'ai l'impression que Pan et Popovici ont compris des trucs que les autres n'ont pas encore compris.

A.B. : Peut-être que Maxime a pris un coup derrière la tête mais, à mon avis, ça lui a surtout donné l'envie d'en découdre. Il ne s'est pas dit : 'en 46"90, je serai champion olympique.' Ce n'est pas comme ça qu'il voit les choses. Parce qu'il ne se fixe pas de limite et qu'il ne doit pas en avoir. Moi, l'année des JO de Pékin, l'Australien Eamon Sullivan bat le record du monde du 50 m en février, je le bats à nouveau en mars.

Je me souviens, je l'ai appris alors que j'étais en pleine séance d'entraînement hyper difficile en Floride. Je ne suis pas dit : 'Waow, c'est un truc de dingue'. Non, je me suis juste dit : 'Super, la compétition est lancée.' Maxime ne doit pas voir ça comme quelque chose d'inaccessible. Bien sûr, il est moins bon sur le retour qu'un Popovici par exemple. Mais ce sont des profils de course différents parce qu'il a un départ canon. Il fait le premier 50 en 22"20. Le temps d'une course, il peut le faire. Ca ne lui mettra pas de coup au moral, ça va le booster.

A.B. : Oui, d'autant qu'il y a l'incertitude Dressel. Dans quel état va-t-il revenir après ce qu'il a vécu ? Même avec un Pan à 46"80, même avec un nouveau favori, le profil même de la course en fait un évènement ouvert et incertain. Un 100 m, c'est toujours bizarre. C'est une des rares courses où tu ne sais jamais parmi les quatre ou cinq meilleurs nageurs qui va toucher en premier. Même si parmi ces cinq-là, il y a un recordman du monde.