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"En termes de qualité pure, Léon Marchand est le meilleur nageur de tous les temps"

Martin Mosnier

Mis à jour 14/04/2023 à 23:59 GMT+2

A Westmont, Léon Marchand a encore brillé dans la nuit dernière. Le Français à remporté le 400 mètres 4 nages et a battu le record de la série Pro Swim en 4'07"80. S'il n'a pas battu le record du monde détenu par Michael Phels, la nouvelle sensation de la natation mondiale continue de marcher sur la concurrence. Son entraîneur historique, Nicolas Castel, fait le point sur le phénomène des bassins.

Léon Marchand TYR Pro Swim Series à Westmont

Crédit: Getty Images

Nicolas Castel est un homme heureux. Le chercheur d'or est tombé sur la pépite, le plus gros potentiel que la natation française ait jamais connu. Entraîneur de Léon Marchand depuis plus de onze ans, il revient pour Eurosport sur le phénomène qu'il a vu éclore sous ses yeux à Toulouse jusqu'à le voir devenir double champion du monde l'été dernier à Budapest.
Si Marchand est allé se perfectionner aux Etats-Unis sur les ordres de Bob Bowman, le coach historique de Michael Phelps, il a gardé Castel dans son giron. Alors qu'après avoir tout cassé lors des finales NCAA, son poulain a nagé en grand bain pour la première fois de l'année la nuit dernière, Castel nous en dit plus sur Léon Marchand, le nageur à qui rien ne résiste.
Léon Marchand n'a pas raté son passage en bassin de 50 m, remportant le 400m 4 nages du meeting de Westmont (Illinois) et en dominant facilement la concurrence. Comment jugez-vous sa course ?
Nicolas Castel : Il fait 4'07"80 alors que l'année dernière, sur le même exercice, il avait nagé en 4'10". Il nage plus vite, la transition s'est bien faite entre les yards et le grand bassin.
Est-ce qu'il aurait pu chatouiller le record du monde de Michael Phelps (4'3"84) ?
N.C. : Ce n'est pas envisageable sur ce genre de meeting. L'adrénaline et l'enjeu ne sont pas assez importants. Le stress, ça inhibe ou ça fait émerger des performances. Le but de ce meeting est de commencer à se confronter aux athlètes professionnels et aux meilleurs. Il fallait se confronter à Forster, le vice-champion du monde, et s'étalonner par rapport à la concurrence.
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Léon Marchand, superstar des finales NCAA

Crédit: Getty Images

Avez-vous déjà construit son programme pour les Mondiaux de Tokyo ?
N.C. : Ce qui est évident, ce sont les 200m et 400m 4 nages. Après, le programme ne permet pas toujours de s'aligner sur 200m papillon et 200m brasse. Il faut voir comment il évolue et sa forme à l'approche de l'échéance.
Il peut passer sous les 4 minutes
Ce qui impressionne aujourd'hui, plus que ces temps, c'est la marge qu'il semble avoir sur la concurrence.
N.C. : Aujourd'hui, on ne peut que constater qu'il a cette marge-là. Mais il ne faut pas qu'il s'endorme. Il sait qu'il manque de puissance sur le dos et le crawl. Même s'il a progressé, il peut être plus rapide. C'est ce qui lui permettra de battre le record de Phelps. Moi, je crois qu'il peut passer sous les 4 minutes, il a le potentiel pour le faire. C'est un nageur très complet, il a de la vitesse, de l'endurance, il va vite sous l'eau. Je ne vois personne être capable de faire ce genre d'exploit sauf lui. Rien n'est jamais acquis mais il a déjà progressé par rapport à la saison dernière. Ce n'est jamais joué avant mais il a le potentiel pour battre largement le record.
Après son double titre de champion du monde, il continue de progresser. Où sont ses limites ?
N.C. : Je ne vois pas de limites ou alors, elles sont loin d'être atteintes. Il a tellement mis de choses en place avec une forme de fraîcheur dans son quotidien. Il progresse, il a de la confiance et il prend du plaisir dans ce qu'il fait. Il a encore une énorme marge de progression. Quand je le vois nager, je n'ai pas l'impression qu'il est à bloc ou plutôt qu'il plafonne. Il a encore des ressources.
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Léon Marchand aux Championnats du monde de Budapest 2022

Crédit: Getty Images

Le principal risque, c'est de se voir déjà champion olympique ?
N.C. : Il est assez conscient qu'il a des adversaires et qu'il y a des choses qui peuvent arriver. On est allé aux JO de Tokyo, il a pris plein d'expérience. On reste vigilant dans l'organisation et l'anticipation de certaines problématiques. Il peut se passer tout et n'importe quoi. Aujourd'hui, on veille surtout à ce qu'il soit heureux.
Un nageur français qui domine autant la concurrence, c'est quasiment du jamais vu. Comment gérez-vous la situation ?
N.C. : Complètement. C'est pour ça qu'on s'inspire aussi d'autres disciplines où d'autres Français dominent et qu'on a fait des séminaires avec les entraîneurs de Martin Fourcade. En natation, on s'inspire des Américains. Je rappelle quand même qu'on pensait Phelps imbattable mais qu'il s'est fait battre par Chad Le Clos. On reste vigilant. Il faut qu'on s'aligne par rapport à son statut, son niveau. On évolue avec lui.
La référence, dans la construction de carrière, c'est Michael Phelps ? La presse américaine trace déjà un parallèle entre lui et Marchand.
N.C. : Oui. Aujourd'hui, c'est le plus gros potentiel depuis Phelps. Léon est un nageur exceptionnel. Comme lui, il y en a un par décennie. Il est complet : vitesse, demi-fond, 4 nages, sous l'eau… En termes de qualité pure et de ce qu'il peut produire, c'est le meilleur nageur de tous les temps. Mais il doit encore construire son palmarès. David Popovici est exceptionnel mais il est moins complet. Summer McIntosh est un peu son équivalent féminin : forte dans les 4 nages, sur le sprint, en demi-fond.
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