Fourcade : "Sportif de l'année, ça récompense une forme de régularité au sommet"

Maxime Dupuis

Mis à jour 19/12/2018 à 21:59 GMT+1

SPORTIF FRANÇAIS DE L'ANNEE 2018 – Pour la deuxième fois de sa carrière et la deuxième année de suite, Martin Fourcade a été élu sportif français de l'année par la rédaction d'Eurosport. Le quintuple champion olympique de biathlon nous a livré ses impressions sur un titre qui compte beaucoup à ses yeux. "J'en suis particulièrement ému et très honoré", nous a-t-il confié.

Martin Fourcade

Crédit: AFP

En 2017, la rédaction d'Eurosport vous avait sacré sportif français de l'année. Vous nous aviez dit que "cela avait encore plus de valeur d'être sacré sans avoir été champion olympique". Cette fois, c'est avec trois titres olympiques dans la poche, au nez et à la barbe d'un recordman du monde du décathlon et d'un champion du monde de football. Ce n'est pas mal non plus ?
M.F. : Tout d'abord, je tiens à remercier la rédaction d'Eurosport. Ça me fait très plaisir. Il est très compliqué de comparer les sports et avoir été élu sportif de l’année en 2017, lors d'une année non-olympique, avait été quelque chose de fort. Cette année a aussi une saveur particulière alors que l'équipe de France de football a été sacrée championne du monde. La portée du titre des Bleus est sans commune mesure avec les Jeux Olympiques d'hiver, quels que soient les résultats obtenus, mais je trouve bien que vous ayez récompensé un sportif individuel parce que je pense que toute l'équipe de France de football méritait d'être récompensée, pas un seul de ses membres. Concernant Kevin (Mayer), qui est deuxième, je suis très heureux d'être devant lui alors qu'il a battu un record du monde d'athlétisme.
Vous avez en quelque sorte pris votre "revanche" sur 2014 où vous aviez été devancé par un autre recordman du monde d'athlétisme, Renaud Lavillenie…
M.F. : Oui, j'avais terminé deuxième du classement derrière Renaud (ndlr : le perchiste avait battu le record mythique de Serguei Bubka). A mon avis, la différence avec 2014 est que Renaud avait tout gagné et que Kevin a manqué son objectif majeur cette année, aux Championnats d'Europe. Si on récompensait l'exploit de l'année, je pense que Kevin aurait gagné ce titre. Sportif de l'année, ça récompense une forme de régularité au sommet. Ça fait bientôt sept ans que je suis dans le Top 10 Eurosport. J'imagine que ça compte au moment de faire vos choix. J'en suis particulièrement ému et très honoré. Si on ne se bat pas pour ce genre de trophées, au contraire d'une médaille olympique ou d'une Coupe du monde, c'est une réelle fierté d'être sportif français de l'année. Surtout au terme d'une année 2018 où la France a particulièrement brillé en sport.
Trois titres olympiques, un nouveau Grand Chelem en Coupe du monde, difficile de rêver plus belle année…
M.F. : Pour moi, 2018 n'a pas été l'année où j'ai été le plus fort. En 2017, j'avais une plus grosse marge sur la concurrence. En revanche, en 2018 j'ai mieux maitrisé mon niveau global, parce que j'ai dû puiser le plus loin dans mes ressources pour m'imposer au général de la Coupe du monde et aux Jeux Olympiques. J'ai eu un adversaire de haut niveau qui m'a poussé dans mes retranchements et m'a obligé à être parfait. Pour moi, c'est l'année de la perfection. Attention, pas dans le sens où on l’entend habituellement mais parce que j'ai réussi à exploiter 100% de mon potentiel. Il y a une petite nuance.
Si vous ne deviez retenir qu'un moment de la saison dernière, lequel choisiriez-vous ?
M.F. : Il y en a un qui a beaucoup compté à mes yeux, c'est la mass start du Grand-Bornand. C'était à la toute fin de l'année 2017. Cela n'a bien sûr rien à voir en terme de retentissement avec la mass start des Jeux et le final avec Simon Schempp (ndlr : Martin Fourcade avait gagné à la photo finish), ne serait-ce qu'en terme d'excitation. Mais il y avait une réelle pression de courir à la maison. Cela ne sera a priori pas le cas mais je pensais que c'était peut-être la dernière fois de ma carrière… L'ensemble du stade était venu me voir gagner. J'avais fait deux podiums la veille et l'avant-veille, c'était une déception. Du coup, au départ de de la mass start, il y avait une très grosse attente et j'avais une énergie folle. Cette course m'a donné une énorme confiance en ce qui concerne ma capacité d'élever mon niveau le jour J et de répondre aux attentes qui allaient peser sur moi quelques semaines plus tard, aux Jeux Olympiques.
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Imprenable au tir, Fourcade a fait chavirer de bonheur le Grand-Bornand

Vous êtes quintuple champion olympique : être l'athlète français le plus couronné aux JO, cela change-t-il quelque chose ? Courez-vous toujours derrière la même quête ?
M.F. : Oui, je n’en ai pas terminé. Cette quête-là, elle s'arrêtera le jour où je déciderai d'arrêter ma carrière. Quand j'ai pris la décision de continuer, c'était avec le même niveau d'exigence et la même envie de tutoyer les sommets de mon sport. C'est une réelle fierté d'être cinq fois champion olympique mais il n'y a pas un jour où j'y pense. Je ne suis pas champion olympique mais juste un athlète qui prend le départ d'une course, comme les autres inscrits. De ce point de vue-là, ça n'a rien changé.
Et de l'extérieur, sentez-vous que les regards ont évolué à votre égard ?
M.F. : Oui, c'est indéniable mais ils changent depuis 2011 et mon premier titre mondial. Ma première victoire au général de la Coupe du monde en 2012 et mon premier titre olympique en 2014 ont aussi modifié quelque chose. C'est à chaque fois plus de reconnaissance et de partage. Je trouvais ça drôle en début de carrière, cette affection et cette reconnaissance que les gens me portent. Aujourd'hui, je prends pleinement conscience de ma responsabilité et de l'honneur qui m'est fait à chaque fois que je reçois un message me remerciant pour l'inspiration ou pour le modèle que j'ai pu être. Quand on est jeune ou en début de carrière, on voit ça d'un œil amusé. Aujourd'hui, j'ai conscience de ce rôle. C'est plus qu'une responsabilité, c'est un honneur. Cela me façonne.
Vous avez été couronné en 2017, en 2018… on se retrouve en 2019 pour un triplé que seul Sébastien Loeb a réussi ?
M.F. : J'aimerais. Mais il faudra réussir une année parfaite. Et mes adversaires me montrent d'ores déjà que je devrai être au top. 2019, ce n'est pas une année olympique mais je sais désormais que j'ai ma carte à jouer (rires)…
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Martin Fourcade - France

Crédit: Getty Images

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