Rien (ou presque) n'a résisté à la reine Serena Williams

On ne peut jamais réécrire l'histoire. Mais jusqu'au 11 septembre, Serena Williams avait mis un pied, ou au moins quelques orteils, sur la première marche du podium de notre classement. Victorieuse à l'Open d'Australie, à Roland-Garros et à Wimbledon, l'Américaine était en demi-finales de l'US Open. A deux petits matches du premier Grand Chelem vu dans le tennis, hommes et femmes confondus, depuis 1988. A deux petites victoires d'un majuscule pas supplémentaire dans la légende de son sport. Puis, victime d'une épatante Roberta Vinci et sans doute aussi de ses propres crispations face à l'enjeu, elle a coincé.

Cette défaite, une de ses trois seules défaites de l'année, lui a laissé un goût amer. Au point que l'Américaine a pu se laisser aller à dire qu'elle avait fait "une année de merde". Voilà où en est Serena. Un Petit Chelem, c'est une année de merde. C'est évidemment tout sauf vrai. Serena Williams a été un des personnages majeurs de l'année sportive. Les Américains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Elue athlète féminine de l'année pour la 4e fois de sa carrière par Associated Press, elle a aussi été couronnée sportive de l'année (tous sexes confondus) par Sports Illustrated. Une reconnaissance majeure.

Jusqu'à cet accroc new-yorkais, Serena avait donc réussi un quasi sans faute, s'assurant le Petit Chelem dès Wimbledon. Sur la route de cette triple couronne, elle a notamment déployé une faculté unique à trouver des ressources. Elle est souvent passée près du précipice mais, à chaque fois, a su dénicher une porte de sortie. Son triomphe parisien aura à ce titre été le plus fort. Malade, grippée avec 40 de fièvre, elle a vécu ce que Patrick Mouratoglou, son entraineur, a nommé "un véritable chemin de croix".

"Quand je dis qu'elle me surprend toujours..., explique le technicien français. Là, elle a été incroyable. J'ai entendu des commentaires qui n'avaient ni queue ni tête, comme souvent. Mais moi, je sais dans quel état elle était et ce qu'elle a accompli, il n'y a qu'une personne qui pouvait l'accomplir, pas deux. Et c'est Serena. Sa capacité à trouver des ressources est unique. C'est ce qui me bluffe le plus chez elle. On a beau le soupçonner, on est surpris systématiquement." En s'imposant à Wimbledon un peu plus tard, elle avait signé son deuxième "Serena Slam", détenant alors les quatre couronnes majeures simultanément puisqu'elle s'était imposée à l'US Open fin 2014. Mais elle voulait le vrai Grand Chelem.

Habituée de notre Top 10, Serena Williams y figure pour la troisième fois en quatre ans. Mais c'est la première fois qu'elle se retrouve sur le podium. Ah, s'il n'y avait pas eu cette défaite contre Roberta Vinci… Avec le Grand Chelem en poche et un 22e sacre majeur, qui lui aurait permis d'égaler Steffi Graf, il aurait été bien difficile de lui refuser la seule position qui satisfasse cette championne assoiffée de victoires : la première.