Sportifs français 2017 - Camille Lacourt, un mec en or, jusqu'au bout

Sport : Natation
Nombre de points : 28
Nombre de citations : 10
Meilleur classement : 7e
Classement 2016 : -

"Au plus profond de moi, je pense que la natation, c'est un jeu." Camille Lacourt a beaucoup joué. Parfois perdu, comme dans les bassins olympiques, où le podium s'est toujours refusé à lui. Il a beaucoup gagné, aussi. Jusqu'au bout même. Cet été, lors des Championnats du monde de Budapest, pour ce qu'il savait être le dernier rendez-vous de sa carrière, le double mètre de l'Aude a magistralement réussi sa sortie en décrochant un cinquième et dernier titre planétaire grâce à sa victoire sur le 50 mètres dos. Celle qui lui vaut aujourd'hui de se glisser dans le Top 10 de notre classement des sportifs français de l'année.

Elle est méritoire à plus d'un titre cette médaille d'or. D'abord parce qu'après son échec aux Jeux de Rio, relancer la machine pour une dernière danse, à bientôt 32 ans, était tout sauf simple. Ensuite en raison de ses activités diverses. Cette saison, Lacourt a été nageur tout en mettant déjà un pied dans sa vie d'après, que ce soit au plan télévisuel, ou dans les affaires en ouvrant un bar à cocktails à Paris ou via ses interventions dans des séminaires en entreprise. Pas l'idéal pour préparer un championnat du monde. Mais il a assumé.

Puis Camille Lacourt a eu beaucoup de choses à porter sur ses épaules, heureusement larges. Florent Manaudou en retraite après Rio, il s'est un peu retrouvé dans le costume du dernier des Mohicans. En Hongrie, l'équipe de France a traversé la semaine dans un épais nuage gris, sans le moindre titre jusqu'au dernier jour, où le 50m dos messieurs était notamment au programme. C'est dire si la donne était complexe pour Lacourt, chargé non seulement de magnifier sa sortie, mais aussi de sauver le radeau bleu en perdition. C'était beaucoup pour un seul homme mais d'une longueur d'une seule, il a accompli cette double mission.

Vainqueur devant le Japonais Junya Koga, qui l'a menacé jusqu'au bout, et l'Américain Matt Greaves, Lacourt n'a peut-être jamais été aussi ému qu'après ce titre. "Penser que c'est fini, que c'est la dernière Marseillaise, c'est beaucoup de plaisir et énormément d'émotions", a-t-il d'ailleurs soufflé en descendant du podium. Parce que c'était le dernier bien sûr, et aussi sans doute parce qu'il bouclait la boucle à la perfection. C'est ici-même, à Budapest, que tout avait commencé pour lui, sept ans plus tôt. En 2010, il avait été l'une des stars des Championnats d'Europe en glanant trois titres sur 50m et 100m dos et dans le relais 4x100 4 nages).

De Budapest à Budapest, une sacrée carrière, une émergence à 25 ans, à l'âge où d'autres sont déjà retraités des bassins et une permanence au plus haut niveau qui mérite d'être saluée. Mais c'est aussi un personnage qui tire sa révérence, le beau gosse assumé de la natation française, déconneur, chambreur, toujours prêt à profiter. D'ailleurs, même quand il a été promu capitaine de l'équipe de France pour ces Mondiaux 2017, Lacourt avait prévenu : "Ce n'est pas pour ça que je vais être moins déconneur, c'est comme ça que j'ai réussi." Il avait raison. Ça a (encore) marché.