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Georges Djen : l'âme de Live Poker
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Publié 11/06/2015 à 14:50 GMT+2
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Georges Djen est directeur de la publication du magazine Live Poker. L'homme est passionné par le poker et un très bon observateur du milieu. Il nous livre un état des lieux de la presse poker en pleine mutation ces derniers mois.
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Pouvez-vous nous définir la ligne éditoriale de Live Poker et nous raconter l'histoire du magazine ?
Live Poker est un magazine fait par des passionnés pour des passionnés. Dès la création de LivePoker, il y juste 7 ans, la ligne était claire : il fallait réunir une équipe de rédacteurs, de graphiste, de photographes, de spécialistes techniques tous passionnés de ce jeu. Bien évidemment chacun avec ses propres compétences dans son domaine. En décembre 2005, j'étais déjà fondateur et éditeur de 3 titres dont 2 autour du jeu : Un magazine de beauté, esthétique et plastique, une bible des casinos à travers le monde, "Casinos official guide", et le guide officiel des hippodromes à travers l'Europe. Je jouais au poker depuis plus de 10 ans déjà et je pense que j'ai été le premier joueur online dès 1999 sur Paradise poker. A l'époque avec la connexion bas débit via le modem classique, une main pouvait prendre plus d'une minute pour faire le tour de la table à chaque enchère !!!
Depuis plusieurs mois je me disais : ""il faut que je crée le premier magazine de poker 100% français. A chacun de mes voyages j'achetais card player aux USA ou Bluff en Angleterre. Mais la législation un peu floue sur la publicité des sites me freinait en france. J'ai eu le déclic quand en février 2006 j'ai vu sur Canal un match Bordeaux-PSG avec des publicités pour un site de pari au stade Chaban Delmas. Là je me suis dis, je peux y aller. Il est possible de communiquer pour des sites de jeu en ligne, je peux donc financer un magazine. De plus en tant qu'agence média spécialisée dans le gaming, je connaissais déjà tous les acteurs de l'époque: Titan, Pacific, 888, Pokerstars, FullTilt, Party, CDpoker ...
J'ai donc réuni une première équipe de rédaction et un photographe qui tournait sur les plus gros events. Et le 6 juin 2006 sortait LivePoker. Trois jours plus tard sortait la licence française de Card Player. Mais nous étions déjà le seul et unique magazine 100% français. Et j'en suis toujours très fier.
Quel est votre tirage ? Comment se porte votre titre ?Nous tirons à 25-30000 exemplaires aujourd'hui selon les numéros et la saisonnalité. Le titre a fait un véritable carton aux tous débuts avec des tirages de 40-48000 ex. il est vrai que nous n'étions que deux à nous partager le marché pendant 2 ans et en pleine pokermania ! A partir de 2008 une multitude de titres ont été créés : Pokerpro, Poker expert, Poker débutants, Thats poker, Poker interview, Pokerworld. Tous avaient pour seul but de surfer sur la vague. Aucun d'entre eux n'existe à ce jour. La période était encore assez faste malgré la concurrence. A partir de 2010 nous avons commencé à connaitre une baisse sensible due à la régulation, puis à la crise de la Presse en général. Mais finalement nous sommes bien remontés depuis plus d'un an avec la disparition de tous les titres que j'ai cité. Et nous ne sommes plus que deux avec Poker 52 à nous partager le marché de la Presse poker, ce qui est plutôt sain.
Quelles relations entretenez-vous avec vos concurrents ?
Avec mon concurrent plutôt ! Bonnes. Nous avons désormais compris qu'il ne servait à rien de se tirer dans les pattes, que la concurrence était saine et que cela permettait aux kiosquier de situer une presse spécialisée poker... nous nous échangeons même quelques fois des images et nous nous retrouvons surtout à faire le même métier aux mêmes endroits.
De nombreux titres de la presse poker ont disparu ces dernières années. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Comme je l'expliquais de nombreux titres sont nés uniquement en cherchant un intérêt économique pour tenter de ravir une régie publicitaire existante. Mais le lecteur ne s'y trompe pas, si vous n'êtes pas un passionné, vous ne pouvez pas vivre le poker, en parler encore moins donner envie d'être lu. Tous les titres créés s'inspiraient de ce qui existait déjà ou étaient des licences de titres anglo-saxons. En revanche, Notre magazine est réalisé pour un lectorat français, uniquement avec des articles originaux. Je le souligne bien. Depuis 7 ans, aucun de nos articles n'est repris de ce qui existe déjà, nous sommes les seuls à avoir créé une équipe de rédaction qui réalise un magazine à la Française. La France est le plus grand pays de Presse magazine dans le monde, nous avons une vraie identité et une grande force à ce niveau là. Nous ne sommes ni un tabloïd, ni un recueil technique. Il réunit des rubriques variée et innovantes avec des portraits de champions et des interviews travaillées, de la technique, des signatures de grands joueurs, des news et des pages pratiques qui permettent au lecteur de prévoir leur calendrier de jeu aussi bien en live et online.
Les annonceurs influencent t-il votre ligne éditoriale ?Pour être honnête a la fois oui non. Non car nous sommes absolument indépendants c'est là notre déontologie de journaliste. Mais oui car pour le joueur les annonces sont aussi une information. Quelques exemples : une pub pour les FCOOP de Pokerstars sont-elles mêmes un contenu, de même pour le Winamax poker tour ou pour le WPT de Party poker. Comment ne pas parler aussi de ces acteurs qui font la vie du poker dans le monde, de Barrière et du BPT, de Partouche qui se retire.... Sans eux, pas de circuit, sans les casinos ou les cercles pas de tournois, pas de cash game autorisé, ni online ni en live. En revanche dès le début j'ai demandé à mon équipe de rédaction de ne jamais prendre parti. Et j'assume entièrement cette décision.Ce n'est pas notre rôle, nous ne sommes pas un journal politique, nous relatons les faits, c'est tout. Tous les faits. C'est au lecteur de se faire sa propre opinion pas à nous. Nous ne pouvons être juges. A la manière de LCI ou de France info qui relatent les événements. Nous serions ici trop influencés dans un sens ou dans un autre. Il est par exemple impossible de faire un banc d'essai du type : ce soft est meilleur qu'un autre, ou ce casino sert de mauvais jus d'orange, ses croupiers sont nuls... et pourquoi pas même "les croupières sont moches". C'est au joueur d'estimer s'il préfère le soft d'un tel ou d'un autre, pas à nous. C'est à lui de faire sa propre expérience, il pourrait très bien adorer jouer sur une plateforme que nous détestons ou avoir le plus mauvais des souvenirs d'un tournoi ou d'un casino que nous estimons car il y aura perdu. De plus tous ont connu leur bugs, tous les tournois ont connu leur mésaventure d'organisation, d'affluence ou ont été victime de tentative de collusion, voire de triche. Je dis bien tous.Démonter ces organisateurs, ces opérateurs qui tentent de faire tant poour le poker serait une politique du crachat vertical. Nous dénonçons les malversations s'il y en a bien entendu comme à la suite du black Friday. Mais je sais que critiquer à longueur de temps tue le poker. Même si c'est le sport favori de certains sites et des forums en particulier. Ce que je sais c'est que nos annonceurs font tout, comme nois-même, pour le développement de ce jeu en live et online. Tous ont investit des sommes considérables pour nous permettre de jouer. Ils offrent encore de nombreux bonus et des overlays importants. Notre rôle est d'informer le joueur pour qu'il fasse son choix selon ses critères.En revanche nous donnons la parole aux acteurs, aux joueurs : eux peuvent prendre position et s'exprimer dans nos pages en toute liberté. Toujours à la manière d'un journal télévisé et de son invité qui prend la parole pour s'exprimer et donner son opinion. Et me concernant je m'accorde une page de liberté totale avec l'édito où je peux dire ce que je pense, selon l'humeur et les événements récents.
Comment décidez vous de mettre un joueur en couverture ?
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Oui c'est un passage obligé. La Presse change à travers le monde, elle se numérise. Pourtant je pense que rien ne vaudra jamais le papier, cette qualité, cette notoriété acquise dans un magazine. Tous les champions qui ont fait notre couv' sont fiers d'êtres en une de LivePoker. Les lecteurs conservent les numéros et se souviennent qu'ElkY était inconnu lors de notre numéro de février 2007. Ils ne peuvent en revanche pas se souvenir du nom du dernier vainqueur de l'EPT Monaco en parcourant des centaines de news quotidiennes sur le Net. Tous nos annonceurs savent très bien que leur publicité n'est pas un gage de retour immédiat mais que la marque reste gravée dans le papier et dans les esprits. Internet est très bon pour une promo immédiate mais pas pour assoir définitivement une marque. Les deux médias sont complémentaires.
Aujourd'hui notre site www.livepoker.fr créé dès 2007 est totalement indépendant du magazine. Nous avons deux rédactions Web et magazine, car le traitement de l'info y est totalement différent. Le web débite de 8 à 10 news par jour, des coverages, alors que les reportages sont quasi inutiles dans le magazine. Le print est bien plus profond, ils permet de développer sa technique, les aspects psychologiques du jeu, le décryptage de mains... Toutefois livepoker.fr est le site d'actus le plus visité en France (hors forums bien sûr) et ce n'est pas hasard car nous y consacrons une forte énergie.
Quel état des lieux du poker en France pouvez-vous dresser ?
D'un aspect ludique, contrairement à ce que l'on pense, il y a toujours autant de joueurs qu'à l'époque de cette fameuse pokermania il y a 7 ans. Mais les joueurs jouent moins, préoccupés par une conjoncture difficile. En revanche le contexte économique du poker n'est pas très bon. Le marché se resserre aussi bien online, qu'en live, c'est la même chose pour les medias spécialisés. Seuls les plus motivés résistent et se renforcent. Le marché se consolide et beaucoup disparaissent.
Êtes vous aussi encore un joueur régulier ?
Plus du tout. Pourtant j'étais un vrai reg. Et depuis quelques années à force de travailler 24/h24 dans ce milieu, j'ai besoin de m'échapper autrement quand je sors du bureau. Bon j'ai toujours ma petite partie privée entre amis chaque semaine mais c'est tout. Et puis je n'aime jouer qu'en vacances surtout. Là je ne travaille plus et le poker me manque !
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