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Michel Abécassis : le film de sa vie

Julien Tissot

Publié 11/06/2015 à 14:57 GMT+2

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Eurosport

Crédit: Eurosport

Docteur en médecine, journaliste, joueur de bridge puis de poker et enfin artisan de l'arrivée de Winamax en France, la vie de Michel Abécassis est un roman. A 61 ans, il est une légende du poker français. Portrait d'un homme libre à travers 3 personnages de fiction.  Action !
Antoine Doinel
La Bande Originale des 400 coups en fond sonore, quelques affiches de films de la Nouvelle Vague au mur… En entrant dans le salon de Michel Abécassis, le visiteur est immédiatement  plongé dans l'univers de ce passionné de cinéma. On s'aperçoit vite que l'homme n'a pas que le poker dans la vie. Comme Antoine Doinel, le héros des films de Truffaut, Michel Abécassis n'aime pas être enfermé dans un monde clos. Très tôt, il a eu la volonté de ne jamais s'ennuyer et de faire ce qui lui plaisait quoi qu'il en coûte. Il a rapidement eu le besoin de fuir la réalité quotidienne et sa banalité. C’est avec ce sujet que notre conversation commence et en quelques phrases, il avait peut-être déjà dit l’essentiel. De sa jeunesse à Oran où il est né, il garde des souvenirs très précis. «Je pourrai y retourner sans me perdre » lance-t-il un peu ému. Arrivé en France, âgé de 10 ans à peine, il se passionne pour la littérature, fait du grec et du latin mais sa famille l’encourage à suivre la voie scientifique, il s’oriente finalement vers des études de médecine. Il décroche son diplôme de docteur mais n’exercera que très peu. Durant cette période, il découvre le bridge et se prend de passion pour ce jeu. Il deviendra l’un des tous meilleurs joueurs français et même européens avec de nombreux titres dans son escarcelle.
A 36 ans, au milieu des années 80, il entame une nouvelle vie. Il cherche plus de stabilité après s’être marié. Il entre au magazine ELLE comme simple stagiaire. Il y restera 8 ans. Au début, il s’occupe de l’editing, c’est-à-dire la mise en forme des articles. Il doit par exemple réécrire des chapôs (les quelques phrases d’introduction au début d’un article) et trouver des titres. Les débuts sont un peu difficiles et il confesse « avoir souffert » et a pu « passer des nuits entières à simplement réécrire quelques lignes ». Puis, il va prendre son envol et gravir les échelons pour finir Rédacteur en chef adjoint. De cette période, il gardera un lien très fort avec le journaliste Jean-Dominique Bauby, victime d’un accident vasculaire cérébral. Il s’occupera de l’association Locked-In-Syndrome (ALIS). Il dirigera quelque temps plus tard un magazine de Bridge. Il sera chroniqueur pour le Nouvel Observateur.
Robert de Nirodans « Casino »
Sur les panneaux de liège qui tapissent sa cuisine, il a agrafé de nombreux petits souvenirs, des billets de spectacles, des cartes de visites ou encore des photos. On aperçoit une feuille de chou datée de 1998 qui rapporte la victoire d’un certain Patrick Bruel aux WSOP à Las Vegas. "J'y étais ! Ce fut même mon premier voyage sur place…" À la fin des années 1990, lorsqu'il découvre le poker, il a immédiatement l'intuition que c'est un jeu qui a un énorme potentiel et qu’il va exploser dans les années qui viennent. A l’époque, il joue régulièrement des parties entre amis où l’on peut croiser Vincent Lindon ou Patrick Bruel. C’est le moment à partir duquel des liens vont se tisser avec le chanteur.
Son cheval de bataille va être de « dédiaboliser » ce jeu et l'image du joueur. Sans doute veut-il aussi changer l’image que les gens peuvent avoir de lui. Dès lors, il se fait l’avocat du poker. Il veut communiquer sa passion de la compétition et il est un des premiers en France à tenir un blog consacré au poker, ce sera pokerfull.com. Au milieu des années 2000, il deviendra ensuite consultant à la télévision pour commenter les EPT sur Eurosport puis les WSOP sur RTL 9. Il remporte aussi deux fois le Tournoi des As sur Paris Première et lance le magazine Live Poker. A cette époque, il est un homme que l’on s’arrache avec le Boom du poker.
En 2006, Patrick Bruel lui propose de participer au lancement de Winamax. Bien qu’ayant reçu des propositions alléchantes de la part de concurrents, il accepte la proposition de Bruel. «Comment refuser quelque chose à quelqu’un qui réussit tout ce qu’il entreprend ?». Avec Christophe Schaming, Alexandre Roos et Marc Simoncini, il fait partie des pionniers. Il est fier de ce parcours chez Winamax. « Nous avons démarré à 4 ou 5 dans un petit appartement et aujourd’hui Winamax est le leader du marché. La France est le seul pays au monde où PokerStars n’est pas numéro 1 ». Dès lors, il est chargé de faire vivre une communauté de joueurs autour du forum Wam-poker. Pour lui, Winamax c’est comme une famille. En 2010, lors de l’ouverture du marché en France, il est directeur éditorial et responsable de la lutte contre l’addiction. On lui doit les séquences « Dans la tête d’un pro ». Sa voix chaude en commentaire est très identifiable parmi des centaines.
Michel Abécassis possède une fascination pour les gangsters mêlée à une évidente répulsion. Il se souvient quand il côtoyait autour des tapis verts les frères Zemmour, ces seigneurs de la pègre qui pouvaient vous terroriser d’un simple regard. « J’ai appris à ce moment là ce que signifiait l’autorité naturelle ».
L’un des films cultes de Michel Abécassis est Casino qu’il a peut-être vu « 20 fois ». Comme Robert de Niro dans le film, il aime Las Vegas. Il aime l’histoire de cette ville et son ambiance incroyable. En novembre dernier, il était au premier rang des supporteurs de Sylvain Loosli. Le Français a réalisé un parcours incroyable et finit 4eme du Main Event des WSOP.
Comme dans la série les Sopranos, pour Michel, la famille est sacrée et en particulier ses deux enfants, « La plus belle chose qui me soit arrivé ». Il est fier de leur parcours et leur a légué une certaine philosophie : aller au bout de ses intuitions.
James Bond
Aujourd'hui, Il regrette la dureté du monde du poker où il nécessaire d'écraser l'autre pour s'imposer. Michel Abécassis est un idéaliste, un homme qui cultive des valeurs chevaleresques dans un monde un peu étriqué. « Les gens qui jouent sont parfois moins intéressants que le jeu lui-même » regrette-t-il.Il aime passionnément ce jeu car il est révélateur de tant d’aspects de la vie. «  Dans le poker, il y a un rapport permanent au pouvoir, à l’argent et au destin… ». Face à moi, sur la table, un énorme coffret qui regroupe l’intégralité des films de James Bond, un personnage flamboyant que Michel Abécassis adore. « Au poker aussi, il faut se battre. Contre soi-même, très souvent, et en tout cas sans aucun gadget !» lance-t-il en référence à 007.
Ces derniers temps, MIK.22 (son pseudo de joueur) a pris du recul et n’exerce plus de fonction quotidienne dans l’entreprise de Winamax. Mais il reste un ambassadeur de la marque et un joueur au sein du Team Winamax. Il sera sur les tournois du circuit, à commencer par l’EPT Deauville. La passion, toujours !
Après 3 heures de discussion, Michel Abécassis ne m’a sûrement pas dit le dixième de ce qu’il avait à me dire. Lorsque je demande s’il n’a jamais pensé à écrire un livre, il me dit que l’on lui a déjà proposé mais qu’il a refusé… Il devrait accepter.
Vous pouvez suivre Michel Abécassis sur Twitter @MIK_22
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