Tournoi des 6 Nations / Après Angleterre-France : Jonathan Danty, retour fracassant

La course contre-la-montre n’était pas gagnée d’avance. Le 31 décembre dernier, Jonathan Danty quittait la pelouse de Perpignan sur blessure. Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur d’un genou, le Rochelais a certes évité de passer par la case opération, qui aurait précipité sa fin de saison. Son objectif de revenir sur le pré avant le terme du Tournoi des 6 Nations restait malgré tout un pari franchement osé. Un pari toutefois réussi, puisque le centre de 30 ans était de retour sous le maillot bleu samedi, à Twickenham.

Et quel retour ! Car si le XV de France a mis au supplice l’Angleterre dans son antre (10-53), c’est notamment grâce au rôle joué par son revenant, auteur d’un match XXL à plus d’un titre. L’ancien joueur du Stade français s’est d’abord illustré dans le jeu au sol. Après seulement trente secondes, on l’a d’ailleurs vu habilement glisser ses mains dans une zone de plaquage, permettant à Gaël Fickou de lancer la première offensive tricolore.

Dans le sillage leur numéro 12, qui a gratté trois ballons à lui seul, les Français ont retrouvé toute leur férocité et leur efficacité dans les rucks, eux qui avaient été pénalisés à 18 reprises en Italie à l’occasion de leur premier match du Tournoi. Cette fois, les hommes de Fabien Galthié ont su appuyer là où il fallait, en perturbant au maximum les sorties de balle anglaises tout en évitant (du moins, autant que possible) de se mettre à la faute. Danty a été un élément moteur dans ce secteur, même si l’on pourra toujours tempérer en relevant qu’il a concédé deux pénalités.

Au-delà de son importance au grattage, l’international aux 19 sélections a rappelé à quel point la puissance de ses charges ballon en main était précieuse pour mettre ses adversaires sur le reculoir, mobiliser des défenseurs et ainsi libérer des espaces pour ses partenaires. Fidèle à lui-même, le Maritime a également mis beaucoup d’impact au plaquage, à l’image de la manière dont il a stoppé net Ollie Lawrence et ses 101 kilos.

Ce retour très attendu a aussi offert l’occasion au staff de recomposer la charnière Danty-Fickou. Celle-ci avait fait des étincelles par le passé, en particulier contre la Nouvelle-Zélande en novembre 2021 (40-25) et pendant le Tournoi 2022. "Jo nous a jusqu’à présent énormément apporté par son style de jeu et sa complémentarité avec Gaël Fickou", s’était d’ailleurs justifié Galthié. Plutôt proches, les deux anciens coéquipiers au Stade français (2018-2021) ont tissé une complicité qui se reflète sur le terrain et que les Bleus ont clairement intérêt à exploiter.

Malgré tout cela, et en dépit de l’étonnante rapidité avec laquelle le natif de Paris s’est remis sur pied, les entraîneurs tricolores ont pris leur temps avant de le réintégrer dans le quinze de départ. Il y a deux semaines, ils avaient préféré le laisser à disposition de son club, plutôt que de l’aligner contre l’Écosse. Encore un poil trop juste pour rejouer au niveau international, Danty a donc pu enchaîner deux titularisations avec La Rochelle, contre Brive et à Pau, avant de revenir dans le groupe France.

"Lundi, je lui ai demandé comment ça allait, il m’a dit : 'Je suis prêt', avait révélé Galthié devant la presse. Mercredi, il me l’a confirmé. Il est chaud !" L’engagement sans faille dont a fait preuve l’intéressé face au XV de la Rose a prouvé qu’il n’avait pas la moindre appréhension. De quoi valider la stratégie de prudence de l’encadrement national. Remis sur les rails, Danty peut désormais poursuivre sa série d’invincibilité avec les Bleus, lui qui n’était pas du déplacement en Irlande. Un statut de porte-bonheur qui risque de le rendre encore plus indispensable qu’il ne l’est déjà.