Coupe du monde - Gareth Anscombe (pays de Galles), l’inattendu bourreau des Wallabies

Le destin se joue parfois à peu de choses. Gareth Anscombe était là au cas où, dimanche au Groupama Stadium de Lyon, et s’est finalement retrouvé homme d’un match qui a fait du pays de Galles la première nation qualifiée pour les quarts de finale de cette Coupe du monde. Celui aussi qui, par ricochets, est quasiment synonyme d’élimination pour l’Australie, une première historique au stade des poules. Tout sauf anodin pour le Neo-Zélandais de naissance, qui a grandi et s’est construit en tant que jeune joueur dans la rivalité entre les All Blacks et les Wallabies, à une époque où ces derniers dominaient le rugby mondial (deux Coupes du monde en 1991 et 1999, une finale en 2003).

Cette réussite a bien sûr été rendue possible par la blessure prématurée de l’ouvreur gallois titulaire Dan Biggar, touché au pectoral droit et obligé de sortir dès la douzième minute de jeu. Mais il la doit avant tout à lui-même et à sa force de caractère pour entrer si tôt dans un match aussi décisif, puis se relever mentalement d’un premier échec sur une pénalité presque en face des poteaux (19e). Las, l’expérimenté numéro 10 de 32 ans a passé ses six tirs au but suivants sans trembler, sanctionnant impitoyablement les fautes australiennes, notamment en mêlée.

"Je savais qu’il fallait que je fasse ce que je sais faire, a-t-il sobrement déclaré après la rencontre. On est resté calmes et on a bien démarré le match. Les avants ont été incroyables, ils ont dominé en conquête et moi, j’ai juste eu à faire mon job".

Remis en selle après un premier match laborieux dans la compétition face au Portugal, Anscombe s’est peu à peu armé de confiance dans une partie qu’il a définitivement fait pencher en début de seconde période, en réussissant un petit coup de pied par-dessus exquis à destination du centre Nick Tompkins (peut-être hors-jeu au moment du botté) pour un essai qui a définitivement décroché les Wallabies. Et pour bien enfoncer le clou, le natif d’Auckland s’est offert à dix minutes du terme le doux plaisir d’un drop parfaitement claqué de 30 mètres. Soit, en tout, à lui tout seul 23 des 40 points gallois.

Un réel motif de satisfaction pour son sélectionneur Warren Gatland : "Contre le Portugal, il était un peu rouillé (il jouait son premier match depuis le mois d’avril, ndlr), mais on l’a sélectionné pour son expérience et il a bien contrôlé le match. C’était bien de le voir aussi bon sur les coups de pied au but, et j’ai trouvé qu’il avait pris de très bonnes décisions". Une bonne nouvelle pour ce pays de Galles retrouvé, surtout si Biggar devait manquer les prochaines échéances.