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Rugby - Coupe du monde à 24 équipes : Tout sauf une mauvaise idée

Raphaël Brosse

Mis à jour 03/10/2023 à 10:41 GMT+2

En fin de semaine dernière, plusieurs médias anglais ont révélé que World Rugby avait l'intention d'étendre le nombre d'équipes participant à la Coupe du monde à 24 à partir de l'édition 2027. Cela ne risque pas de faire l’unanimité, au regard des nombreux matches déséquilibrés ayant eu lieu en France cet automne. Mais on ose affirmer qu'il s'agit là d'une bonne idée.

La joie des Chiliens face à l'Argentine, samedi 30 septembre 2023. / Coupe du monde

Crédit: Getty Images

96, 59, 84, 49. Qu’il n’y ait pas de méprise : ce n'est pas le dernier tirage du loto, mais le nombre de points encaissés par l’Italie, le Chili, la Roumanie et les Tonga au cours de la 4e journée de la phase de groupes de la Coupe du monde. Comme souvent depuis le début de la compétition, le week-end a été prolifique en affiches déséquilibrées, qui ont engendré des écarts au score parfois gigantesques. De quoi inciter certains observateurs à appeler de leurs vœux à une réduction de la liste des participants au Mondial. Moins de petites équipes, pour des matches plus serrés, voilà une formule qui devrait faire recette. Ce n’est cependant pas le sens de l’histoire.
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Le débat des Finisseurs : Faut-il réduire le nombre d'équipes en Coupe du monde ?

À en croire plusieurs médias britanniques, dont le Times et le Telegraph, World Rugby souhaiterait en effet que la prochaine édition de l’épreuve, qui se tiendra en Australie en 2027, se déroule avec 24 sélections (contre 20 actuellement). L’ambition de l’instance est de faire en sorte que le ballon ovale rebondisse dans autant de pays que possible. Une forme d’universalisme rafraîchissant, dans une discipline dont les autres grands rendez-vous internationaux - Tournoi des 6 Nations, Rugby Championship - sont fermés à double tour. Et même si l’air du temps suggère le contraire, on a tendance à penser que cette extension du nombre de participants à la Coupe du monde serait une très bonne chose.

Plus de petits, moins de scores fleuves ?

Avec un tel changement, des nations comme les États-Unis, le Canada (non qualifiés pour 2023 mais régulièrement présents par le passé), l’Espagne, les Pays-Bas ou même Hong Kong auraient une chance de s’inviter à la grand-messe du rugby mondial. Certes, on les imagine très mal bouleverser l’ordre établi et faire tomber les cadors du circuit. Eux aussi risquent de passer de sales moments, à l’image de la Namibie en France cet automne. Des scores fleuves, il y en aura encore, il y en aura toujours. Mais ils seront probablement moins nombreux.
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Johan Retief, troisième ligne de la Namibie

Crédit: Getty Images

Car au-delà du volume de participants, le véritable intérêt de la réforme voulue par World Rugby réside dans le nouveau format qui serait mis en place. Avec six groupes de quatre équipes (contre quatre groupes de cinq actuellement), les formations les plus modestes se retrouveraient dans des poules moins denses. Elles n'auraient que trois matches à préparer, donc moins de risques de finir sur les rotules ou d'être tentées de galvauder une rencontre perdue d'avance. Rappelons ainsi que les Namibiens s'étaient présentés avec un XV remanié contre la France, ce qui avait donné lieu à une correction de très grosse ampleur (96-0).
Surtout, ces petites sélections n’affronteraient a priori que deux adversaires du top 12 (le Tier 1, plus les Fidji et le Japon), alors qu’elles peuvent en croiser jusqu’à trois actuellement. Les pauvres Tongiens et Roumains, martyrisés par l’Irlande (n°1 mondiale), l’Afrique du Sud (n°3) et l’Écosse (n°5) en ont d’ailleurs fait les frais.

Chasser les matches sans intérêt, éviter la lassitude

À l’instar de l’Euro de football, ce format permettrait en outre aux quatre meilleures troisièmes d’accompagner les deux premiers de chaque poule en huitièmes de finale. Une aubaine pour la Géorgie, l’Uruguay ou le Portugal. Aujourd’hui, ces sélections doivent se contenter d’un rôle de faire-valoir, trop limitées pour sortir de leur groupe et dont la seule ambition ne peut être que de gagner un match ici ou là. Ce nouveau système leur offrirait l’alléchante perspective de rallier le tour suivant. À condition de terminer troisième, si possible en accrochant des bonus et en préservant sa différence de points.
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Georgie - Portugal lors de la Coupe du monde 2023.

Crédit: Getty Images

Cela donnerait beaucoup d’intérêt à des rencontres de second plan qui, actuellement, en manquent parfois terriblement. Enfin, et ce n’est pas l’argument le plus anecdotique : la phase de groupes gagnerait en dynamisme. Dans sa configuration du moment, elle dure beaucoup trop longtemps (un mois jour pour jour entre le match d’ouverture et Fidji-Portugal, dimanche soir) et contraint chaque équipe à s’accommoder d’un week-end "off" pendant que d’autres jouent. Ce qui n’est idéal ni pour l’équité, ni pour la lisibilité de l’épreuve, ni pour éviter que le grand public ne se lasse.
Avec des groupes de quatre, ce serait beaucoup plus simple. Tous les participants seraient sur le pont chaque week-end et l’affaire serait pliée au bout de trois semaines. Les huit sélections les plus faibles seraient déjà invitées à rentrer chez elles, quand les autres basculeraient sur une phase autrement plus excitante, à savoir celle des matches à élimination directe. Quantité n’est pas synonyme de qualité, et ce n’est pas en augmentant le nombre d’équipes participant au Mondial que celles-ci deviendront subitement meilleures. En revanche, l’épreuve en elle-même pourrait donc en profiter pour se refaire une beauté. En tout cas, on ne demande qu’à voir.
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Santiago Arata inscrit un essai pour l'Uruguay contre la Namibie lors du Mondial de rugby 2023

Crédit: Getty Images

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