Champions Cup : débarqué sur la pointe des pieds, Jack Willis s'est mué en taulier du Stade Toulousain

"Au panthéon des plus grandes performances défensives de l'histoire, aux côtés de Thierry Dusautoir contre les All Blacks en 2007". Comme de nombreux observateurs et suiveurs, Alex Lowe du Times ne tarissait pas d'éloge à l'égard de son compatriote Jack Willis. Et pour cause. Dans le sillage d'un Antoine Dupont et d'un collectif toulousain exceptionnel, le natif de Reading a endossé ses habits de gala dans la victoire face au Leinster en finale de la Champions Cup (31-22, a.p.).

Avec 30 plaquages réussis ce samedi selon les chiffres de l'EPCR, un chiffre que certains gonflent même jusqu'à 40, l'ancien Wasp a été au four et au moulin dans le jeu au sol. Grand espoir lors de ses jeunes années outre-Manche, il ressemblait presque à un "pari" du staff toulousain fin 2022 après la liquidation judiciaire des Wasps, son club de cœur. Depuis, le "flanker" a pris de la bouteille. Si cette évolution ravit les supporters toulousains, elle fait presque grimacer au Royaume qui ne peut le voir à l'œuvre avec la bande d'Owen Farrell.

En plus de dix-huit mois, Jack Willis ne cesse de prendre de l'épaisseur dans l'effectif pléthorique du champion de France. Ugo Mola saluait déjà l'évolution de son poulain avant la demi-finale de Champions Cup contre les Harlequins dans un entretien à l'AFP. "Ça reste un jeune joueur, qui croque pleinement son expérience française et toulousaine. On a l'impression qu'il est passé par notre école de rugby. Il écoute, il progresse, il commence à jouer debout..."

Cette activité, François Cros l'a également (re)mis en lumière lors de la présentation du trophée au peuple toulousain dimanche place du Capitole. "C'est un mec qui s'est super bien intégré dans notre effectif. Il est bourré de talents. Jack a une énergie folle et sur tout le jeu au sol, il est redoutable. C'est un des joueurs les plus marquants avec lequel j'ai joué dans ce secteur-là", s'est fendu le Tricolore dans des propos rapportés par actuRugby.

Depuis son arrivée sur les bords de la Garonne, Jack Willis a étoffé sa palette. Excellent plaqueur-gratteur, l'Anglais continue de bâtir sa réputation défensive. Mais le phénomène a aussi grandi dans le jeu courant. "On se demande jusqu'où il est capable d'aller. Pas trop loin, j'espère, pour pas qu'une équipe anglaise le rappelle et qu'il parte de chez nous…", lançait le manager haut-garonnais.

Ugo Mola peut néanmoins se rassurer. Le retour au pays, Jack Willis n'y pense pas. A Toulouse, le Britannique voit la vie en rose et c'est peu dire. Parti "s'exiler" en France en octobre 2022, le "flanker" ne répond pas aux règles d'éligibilité de la Fédération anglaise pour reporter le maillot des champions du monde 2003. C'est presque secondaire dans son esprit aujourd'hui.

Car le natif de Reading ne semble pas spécialement enclin à quitter le Stade Toulousain avec qui il est encore sous contrat jusqu'en juin 2026. "Ma famille a été bien accueillie et il y a tellement de bons gars ici. Je suis tellement reconnaissant de faire partie de ce groupe et de pouvoir essayer d’y apporter ma contribution", expliquait-il samedi après la rencontre.

Très touché lors de son départ des Wasps, le joueur avait également exprimé la difficulté de "rejoindre un autre club en Angleterre". A Toulouse, il a trouvé son équilibre. "Vous passez plus de temps avec votre club qu'en sélection", expliquait-il en janvier dans un entretien à l'AFP. "Il est donc primordial de bien le choisir, d'être heureux dans son environnement quotidien".

Heureux à Toulouse, fier d'évoluer aux côtés d'Antoine Dupont, "le meilleur joueur de rugby de tous les temps et qui [l'a] aidé à remporter deux trophées" comme il l'a rappelé une nouvelle fois en zone mixte, Jack Willis veut continuer de rêver grand avec les Rouge et Noir et pour longtemps. A commencer par "le doublé" Coupe d'Europe-Top 14 que le principal intéressé espère désormais décrocher dans quelques semaines.