CAB - Avec Patrice Collazo, la renaissance briviste

Pour faire sa lune de miel, la Corrèze n’est peut-être pas la destination rêvée. Mais l’union du CA Brive et de Patrice Collazo, datée du 22 décembre dernier, pourrait faire évoluer ce diagnostic. C'est simple : depuis l’arrivée de l’ancien manager toulonnais sur le banc du stade Amédée-Domenech, tout sourit aux Gaillards. Revenus dans la course au maintien en Top 14, ils viennent de s’offrir, grâce à leur victoire de prestige face à Cardiff (34-27), une fin de saison teintée d’Europe en se qualifiant pour les huitièmes de finale de Challenge Cup.

Cette renaissance est d’abord l’affaire de Patrice Collazo, dont l’arrivée a redonné du baume à l’ouvrage aux Brivistes, et a marqué un tournant comptable évident. Les Noir et Blanc ont pris 12 points en 3 journées, eux n’en comptabilisaient que 13 après les 12 premières rencontres de Top 14. L’acte fondateur de ce renouveau étant peut-être à chercher lors d’un derby à couteaux tirés face à Clermont, pour la première du coach sur le banc briviste le 23 décembre (20-16).

"J’ai trouvé un vrai projet, un club qui a envie de grandir. C’est un club historique du Top 14. J’ai senti un truc qui m’a attiré, expliquait Collazo au sortir de sa première victoire corrézienne. Au rugby, ça ne me fait pas peur quand la situation est compliquée". Arrivé sans complexe et conscient de ce qu’il avait à perdre, l’ancien coach rochelais a su remobiliser son groupe, métamorphosé depuis quelques rencontres aussi bien dans l’envie, qui lui permet de tenir le choc dans les rencontres serrées comme à Lyon (victoire 27-30), que dans le jeu.

Offensivement, le CAB a retrouvé de l’allant, à l’image d’Enzo Hervé, qui errait sans inspiration derrière ses avants en début de saison et qui est redevenu l’un des fers de lance des vagues des Zèbres. Mis à part le revers cinglant en Irlande face au Connacht la semaine passée (61-5) avec une équipe largement remaniée, les Brivistes ont toujours marqué au moins de 20 points par rencontre depuis l’arrivée de Patrice Collazo.

Le succès du nouvel arrivant est aussi d’avoir construit une nouvelle dynamique sans remodeler l’intégralité du staff ou de l’effectif briviste. Collazo est arrivé et a gardé les mêmes têtes, tout en relançant plusieurs joueurs en difficulté lors de la première partie de saison (Zafra, Abadie, Hervé ou Hirèche). "Quand on joue pour la survie d'un club, autant le faire avec des mecs qui ont porté le maillot et qui l'ont défendu corps et âme", justifiait ainsi l’ancien pilier son choix d’accorder sa confiance aux naufragés de l’automne.

A ce cocktail pour le moment gagnant se sont greffées plusieurs recrues dont l’apport se fait déjà sentir. L’arrivée au poste d’ouvreur de l’Argentin Nicolás Sánchez a donné une nouvelle cartouche de choix au manager briviste, et a du même coup relancé Enzo Hervé en lui offrant de la concurrence. Le Toulousain Arthur Bonneval, en manque de temps de jeu à Ernest-Wallon, a posé ses bagages en tant que joker médical la semaine dernière en Corrèze, et s’est déjà illustré avec un essai face à Cardiff.

Au moment où le Top 14 va subir son chamboulement annuel avec le tournoi des Six Nations qui ampute les poids lourds de leurs internationaux, Brive n’occupe plus la dernière place et veut regarder vers le haut du classement. Et Patrice Collazo ne veut pas croire que la qualification en phase finale de la Challenge Cup pourrait porter préjudice aux Brivistes. "Certains diront sûrement que l’objectif, c’est le Top 14. C’est vrai, mais s’habituer à gagner, c’est très bien", pointait celui qui est devenu l’homme providentiel en Corrèze, après la belle victoire face à Cardiff le week-end dernier.

Les Noir et Blanc ont attrapé le bon wagon, au moment où le train aurait pu ne plus passer. "La tâche est immense, mais il y a des choses pour aller chercher un truc qui peut être fabuleux pour toute une ville, pour les supporters, pour le club, pour les gens qui aiment le CAB", avait clamé Patrice Collazo dès le soir de la victoire face à Clermont, le 23 décembre dernier. Rien n’est encore acquis pour le CAB, qui n’a toujours pas le droit à l’erreur s’il veut éviter la relégation à la fin de la saison ; mais la dynamique est enfin enclenchée.