Byggmark, phénomène d'Are

Ce garçon à la tignasse blonde, c'est de l'or inespéré pour les organisateurs des Mondiaux d'Are, qui doivent combler l'attente des épreuves de super-G reportés: le Suédois Jens Byggmark, nouvelle terreur du slalom, a tenu la vedette dimanche sans skier. Celui qu'on a surnommé "Big Mac" après deux succès d'affilée à Kitzbuehel, les 27 et 28 janvier, quasiment inconnu il y a encore deux semaines, remplit une salle et fait crépiter les flashes pour une conférence de presse.

A 13 jours du slalom, la vedette, c'est lui, avec sa bouille ronde et ses yeux verts en amande qui trahissent des gènes lapons. Un rayon de soleil pour chasser la grisaille ambiante et les soucis des officiels. Comme ses pieds rapides, qui se faufilent entre les piquets serrés à une cadence folle, Byggmark fonctionne avec des réponses brèves. Par saccades: "j'ai toujours skié pour être au top", "Schladming? Je l'ai appréhendée comme une course normale", "je n'ai pas de limite", "je suis handicap 2 (en fait 17) au golf", "au tennis, j'apprécie Andy Roddick", "Raich? Il peut être un adversaire redoutable".

Evidemment, le jeune homme de Taernaby, déjà la petite "grande patrie" aux portes du Cercle Polaire des champions Ingemar Stenmark et Anja Paerson, se moque un peu de l'auditoire. Histoire probablement de mieux se protéger, disent ses entraîneurs. Pour échapper aux parents, amis et autres fans, les Suédois ont d'ailleurs installé leur camp de base à Vemdalen, à quelque 200 km au sud-est de la station hôte des Mondiaux. "Cela ne me dérange pas. En voiture, ça va vite. Je conduis vite" , ajoute, provocateur, le nouveau roi du slalom, capable après son doublé à Kitzbuehel d'enchaîner avec une 2e place à Schladming, le temple du slalom.

Le phénomène, qui a eu deux modèles de jeunesse, Stenmark évidemment, statue du Commandeur avec ses 86 victoires record en Coupe du monde, et l'Italien Alberto Tomba, ce dernier probablement pour son exubérance, descendra sur la piste jeudi prochain à l'occasion du super-combiné. "J'ai de réelles chances. Je me débrouille pas mal en descente, même si ce n'était pas très bon la dernière fois", précise-t-il. Ce gars, qui provoque l'attroupement et fait briller les yeux des jeunes filles, apporte un vent de fraîcheur sur ce Cirque blanc qui ne faisait plus rire.

"Je n'ai pas eu le temps de le voir grandir. Il a toujours été ce petit gars qui s'amusait en skiant. Et tout d'un coup, il gagne en Coupe du monde. Sa façon de skier paraît risquée. Mais, en fait, elle est très efficace et lui permet d'être rapide" , explique la reine Anja Pärson. Foin de respect, Jens se rappelle, lui, la première fois qu'il avait battu Pärson. Ses partenaires Markus Larsson et Andre Mhyrer, pourtant vainqueurs en Coupe du monde cette saison, ont du boulot pour inverser la tendance.