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BANSKO - Le gros globe, une revanche à double titre à assurer pour Alexis Pinturault

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 27/02/2021 à 08:56 GMT+1

BANSKO – Leader du classement général avec plus de 200 points d’avance sur Marco Odermatt, son dauphin, Alexis Pinturault est bien parti pour remporter le premier gros globe de sa carrière, le premier pour un Français depuis 1997. Une récompense en forme de double revanche après le scénario de l’an passé et son raté en géant aux Mondiaux, que le Français assure avoir digéré.

Alexis Pinturault lors du géant des Mondiaux de Cortina d'Ampezzo

Crédit: Getty Images

A défaut d’avoir été une année normale pour le ski alpin français, marquée encore une fois par la pandémie, 2021 a tout pour être inoubliable. Les Français semblent déterminés à dépoussiérer des trophées depuis longtemps absents de leurs étagères, avec le titre de champion du monde de géant acquis à Cortina par Mathieu Faivre, 53 ans après Jean-Claude Killy. Le symbole des grands Mondiaux des Bleus, qui y ont signé leur meilleur bilan en médailles depuis 1970 ! Ce titre en géant, toute la France l’attendait de la part d’Alexis Pinturault mais le skieur de Couchevel est encore une fois passé à côté du titre dans la discipline, avec une sortie en seconde manche. Ce raté détonne dans la saison exceptionnelle du Savoyard, jusqu’ici dominateur en géant en Coupe du monde, avec trois victoires et six top 5 en autant de courses.
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Une dizaine de secondes de course et la chute : le moment où Pinturault a tout perdu

Mais il ne doit pas l’empêcher de devenir le premier Français depuis Luc Alphand en 1997 à remporter le gros globe du général de la Coupe du monde. Succéder à Alphand, le skieur de Courchevel aurait pu – et sans doute dû – le réussir la saison passée. A la lutte pour le classement général avec Aleksander Aamodt Kilde, le Tricolore avait vu sa chance lui filer entre les doigts avec l’arrêt prématuré de la saison et le gros globe offert ainsi au Norvégien, pour 54 points, ne lui laissait qu’une grosse déception à ruminer. "C’est difficile à accepter, expliquait-il en fin de saison passée. Est-ce que c’est juste ? C’est difficile d’y répondre. Je n’ai pas pu me battre pour défendre mes chances, pour le géant et pour le gros globe". Mais cet échec, vécu comme une injustice, avait poussé le Français à faire la course en tête cette saison, pour éviter pareille mésaventure.

Calendrier, blessure de Kilde… Tout va dans son sens en 2021

En tête dès la deuxième course de la saison et sa victoire sur le parallèle de Zurs, en Autriche, Pinturault n’a cédé le commandement du classement général qu’à deux reprises, à Val Gardena puis Bormio, des courses dont Aleksander Aamodt Kilde a profité pour reprendre les devants. Mais le Français ne s’en est jamais affolé et, contrairement à la saison passée, tous les éléments sont allés dans son sens. A commencer par la Covid-19, que le Tricolore a contracté … à l’intersaison, évitant ainsi d’être arrêté pendant la saison. Également avantagé par un calendrier proposant 22 courses de technique contre seulement 15 épreuves de vitesse, le skieur de Courchevel a vu la route vers le gros globe se dégager le 15 janvier à la suite de la grave blessure à l’entrainement de Kilde, obligé de mettre un terme à sa saison. Son nouveau dauphin, le Suisse Marco Odermatt, pointait alors à 188 points du Tricolore, un écart un temps monté à 277 points après Flachau et aujourd’hui à 225, avec seulement 11 épreuves encore au programme.
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Alexis Pinturault, à l'occasion du slalom de Flachau le 17 janvier 2021

Crédit: Getty Images

Une marge qui semble insurmontable et le Suisse était de cet avis fin janvier. "Je ne pense pas au classement général, assurait-il. Pinturault est trop fort cette année. Il skie super bien dans chacune de ses disciplines, ça va être difficile de faire plus de points que lui. Gagner le gros globe c'est un grand rêve pour moi, mais ce n'est pas un rêve pour cette saison, plutôt pour la prochaine ". D’autant que le Tricolore a l’habitude de briller en fin de saison. Sur les cinq dernières saisons, 10 de ses 22 succès en Coupe du monde ont été acquis en février ou en mars et, si l’on excepte 2018 et 2017, le Français a toujours glané – au moins – 50% de ses victoires sur la fin de saison, que ce soit en 2016 (5 de ses 6 succès), en 2019 (2/2) ou l’an passé (3/6). Mais on est en droit de ne pas prendre les dires d’Odermatt pour argent comptant, d’autant que les Mondiaux laissent planer des doutes sur ce qui était alors une certitude.
La Coupe du monde, ce n’est pas "ça passe ou ça casse" comme les Mondiaux
Le Français était tenant du titre en combiné et archi favori en géant après ses trois succès de rang en janvier et ses deux médailles de bronze aux Mondiaux. Mais le skieur de Courchevel a perdu son titre au profit de Marco Schwarz avant de sortir en seconde manche en géant. Un échec difficile à comprendre pour le Tricolore, qui n’était plus sorti dans la discipline depuis Äre en 2018, et encore plus à encaisser. "Le seul point d'ombre de mes Mondiaux, c'est le géant où j'avais à coeur de me battre pour une médaille d'or, regrettait-il après le slalom qui clôturait l’évènement. C'est celle qui me manque. J'ai bien ruminé pendant deux jours après mon abandon en géant, j'ai mal dormi, je ne pensais qu'à ça". Reste à savoir s’il continuera à y penser dans cette fin de saison.
Ou si, au contraire, il se servira de cet échec pour revenir encore plus fort, comme il a su le faire cette année. "Je me suis demandé ce que j’aurais pu mieux faire, avouait Pinturault à SkiChrono au terme des Mondiaux. On en a discuté avec le staff aussi. Après, il faut que ça me serve, c’est le principal, un échec doit pouvoir nous former, il faut que je m’appuie dessus pour devenir encore meilleur. Et il faut garder le positif de ces Mondiaux. Même si je fais abandon en 2e manche, je fais une première manche remarquable et il faut que je construise là-dessus". D’autant que les courses de Coupe du monde ou les Mondiaux ne s’abordent pas du tout avec le même état d’esprit. "On revient à des courses classiques de Coupe du monde, on peut avoir plus de stratégie et de contrôle, ce n'est pas ''ça passe ou ça casse'' comme sur des Mondiaux", expliquait-il le week-end dernier, à raison.
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Alexis Pinturault lors du super-G du combiné de Bansko en 2019

Crédit: Getty Images

Avec ses 225 points d’avance sur Odermatt, même si le Suisse aura plus de courses (9 contre 7 ou 8 en fonction de la participation du Tricolore aux Super-G) pour faire son retard, Alexis Pinturault n’a pas besoin et encore moins intérêt à prendre tous les risques pour s’imposer sur chaque course. Le gros globe est une course à la régularité et non une prime à la victoire, ce que le Français avait constaté l’an dernier avec six succès mais quatre zéros pointés en slalom alors que Kilde ne s’était imposé qu’à une reprise mais avait fini dans le top 10 de 17 de ses 18 dernières courses de la saison. Une saison du Norvégien qui ressemble fortement à celle d’Odermatt, vainqueur une fois (sur le géant de San Caterina) et dans le top 10 de 12 de ses 16 courses de la saison. Sauf que l’Alexis Pinturault de 2021 n’est plus celui de 2020. Il a appris de ses échecs et ne sortait plus avant le couac des Mondiaux. S’il apprend autant de ce dernier échec que du précédent, il n’a pas de souci à se faire dans la course au gros globe.
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