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Victor Muffat-Jeandet, Thibaut Favrot, Matthieu Bailet | "Quand je suis dans le filet…" : Le long chemin des blessés

Christophe Gaudot

Mis à jour 01/12/2023 à 09:46 GMT+1

Victor Muffat-Jeandet, Thibaut Favrot et Matthieu Bailet partagent un point commun dans cette saison qui a débuté il y a une douzaine de jours seulement pour les hommes et qui a pris la direction des Etats-Unis (Beaver Creek) : les trois reviennent de blessures et ont donc traversé ces longs mois faits de rééducation, de doutes mais aussi, paradoxalement, de joie. Ils racontent.

Muffat-Jeandet : "Rater les Jeux olympiques et les Mondiaux en France a été un crève-coeur"

Se lancer sur une piste de descente à 150 km/h ou enchaîner les virages serrés en géant sans craindre l'énorme chute ou la petite qui finit mal est une seconde nature pour les skieurs. Mais quand les choses partent en vrille, la réalité les rattrape vite et ils retrouvent alors la pleine conscience d'un sport à hauts risques qui pardonne peu. Trois skieurs tricolores ont démarré ou vont la reprendre avec dans un coin de leur tête cette épée de Damoclès. C'est que Victor Muffat-Jeandet, Thibaut Favrot et Matthieu Bailet savent par quoi ils ont dû passer après une chute qui les a contraints à l'arrêt.
Ligament croisé (Favrot), ligament latéral externe, fissure du plateau tibial, lésion du ménisque et commotion cérébrale (Muffat-Jeandet), ligament croisé antérieur (Bailet), pour chacun la blessure fut un choc. Pas pour les mêmes raisons puisqu'un Thibaut Favrot n'avait jamais vécu ça alors qu'un Victor Muffat-Jeandet revenait justement d'une grosse blessure ou qu'un Matthieu Bailet pensait qu'il pourrait disputer la course suivante. Accepter que vous n'êtes plus aujourd'hui ce que vous étiez hier n'est évidemment pas simple. "J'étais en forme physiquement et on me dit, 'la semaine prochaine on t'opère et celle d'après tu réapprends à marcher'… C'est fou", remet Bailet.
On vous prive de la seule chose que vous avez dans votre vie
"Du jour au lendemain, votre corps lâche et on vous prive de la seule chose que vous avez dans votre vie finalement", poursuit Favrot qui a profité de cette période blanche pour réparer l'une de ses deux hanches abîmées par le ski de haut niveau. "Totor" lui a vécu un "drôle" d'enchaînement. Gravement blessé le 6 janvier 2022 puis… le 7 janvier 2023. "Quand je suis dans le filet, je me dis 'là ça fait deux fois de suite…', nous raconte-t-il. Je me dis que c'est peut-être la blessure de trop et que deux ans coup sur coup, peut-être que ce n'est pas fait pour moi, qu'il faut faire autre chose."
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Favrot : "M'enlever la chose la plus importante de ma vie... je ne l'ai pas bien vécu"

Très vite, tous néanmoins retrouvent le moral car la planification chirurgicale puis la partie rééducation fixent un cap et chacun devient de nouveau acteur de son projet. il y a même, et c'est Muffat Jeandet qui le dit, du positif à glaner, voire un peu de bonheur :
"Je suis allé en centre de rééducation à Capbreton. Je suis content d'avoir vécu cette période. Ça m'a permis de retrouver la vie de sportif. Tu rencontres plein de gens hyper intéressants. J'étais avec Gabin Villière (l'ailier du XV de France), j'ai passé des bons moments de vie. Je trouve que c'est toujours 'marrant' ces périodes de rééducation si tu arrives à prendre ce que tu peux. Il y a toujours du positif. C'est presque des bons souvenirs."

Bailet : "J'aimais le ski pour le ski et ça c'était beau"

Celui qui a aussi passé 15 jours en Martinique avec son kiné, le même que Christophe Lemaitre, a pris tout ce qu'il pouvait prendre ici et là. Ainsi, il a partagé des séances d'entraînement avec le Grec, AJ Ginnis, quand la structure privée de ce dernier avait établi son camp de base aux Deux Alpes. Le retour sur les skis fut pour tous évidemment un moment à part. Muffat-Jeandet n'a pas attendu la reprise du groupe France, préférant reprendre avec du "matériel touriste" pour retrouver les sensations. Celles qui justifient tous les sacrifices et qui font du ski, un sport à part.
De cette reprise et du bonheur qui en découle, c'est Matthieu Bailet qui en parle le mieux pour avoir été surpris lui-même :
"On me disait 'tu vas voir', moi j'étais content mais ce n'est pas une finalité. Je monte sur le glacier à Cervinia, sur le téléski tout seul avec ma musique. Et là d'un coup… C'est une émotion qui est partie de dedans. J'ai remis les deux pieds sur le plaisir simple de mon sport. La montagne, l'air frais en plein juillet, de l'espace à plus quoi savoir quoi en faire. Ce côté paisible, cette solitude. Tu pars, il n'y a pas de consigne technique, pas de consigne tactique, ce n'est pas un échauffement. Je voulais juste que mes sensations soient les plus belles possibles. J'aimais le ski pour le ski et ça c'était beau."
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Bailet : "Je manque encore de ski"

L'angle mort du mental

"Je ne suis pas encore totalement de retour, je n'ai pas pris de départ de Coupe du monde, je n'ai pas encore fait deux minutes avec des pointes à 150 km/h", rappelle pour autant Bailet. Car l'angle mort de toute cette aventure reste le mental dans un monde du sport professionnel où l'accompagnement psychologique reste largement tabou. Victor Muffat-Jeandet a pu confirmer qu'il n'avait pas de traumatisme pendant que Thibaut Favrot a fait appel à un spécialiste pour "se libérer complètement". Comme si cet arrêt forcé avait permis de prendre du recul et de poser les bonnes questions.
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Bailet : "Ma grave blessure m'a fait évoluer dans ma vie et sur la perception de mes objectifs"

Contrairement à Muffat-Jeandet, revenu sur le slalom de Gurgl, lui n'a pas encore eu la chance de retrouver la compétition puisque le géant de Sölden a été annulé. Pour Matthieu Bailet, ce sera ce vendredi pour la première descente de Beaver Creek. Un aboutissement ? Un peu, mais pas tout à fait. "Gagner en Coupe du monde en revenant d'un genou, ça c'est une finalité."
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