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Clément Noël, qu’est-ce qui cloche ? "Il faut que son ski évolue", estime Jean-Pierre Vidal avant le slalom de Garmisch

Simon Farvacque

Mis à jour 04/01/2023 à 14:19 GMT+1

COUPE DU MONDE - Le champion olympique de slalom n'a toujours pas marqué de point dans la discipline cette saison. Ce n'est qu'une demi-surprise, parce qu'il se nomme Clément Noël. Le Français (25 ans) se caractérise par un style à risque, que notre consultant Jean-Pierre Vidal estime nécessaire de façonner, pour gagner en régularité. Voici son analyse alors que Noël joue gros mercredi à Garmisch.

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Une drôle de disette. Clément Noël n’a remporté aucun des onze derniers slaloms qu’il a disputés en Coupe du monde. Surtout, il n’en a terminé que quatre. Il sort de la piste beaucoup plus souvent qu’il ne la dompte, depuis un peu plus d’un an. Mais pendant cette période, il a été… champion olympique de la discipline. Rien que cela. Un paradoxe tenace qui le préoccupe. "Cela m’arrive beaucoup trop souvent, a-t-il pesté après son dernier zéro pointé, à Madonna di Campiglio, comme rapporté par L’Equipe. Je vais essayer de voir d’où vient le problème. Je n’ai pas trop de solution ni de mots mais je ne suis ni dépité, ni abattu."
Noël est un skieur exceptionnel. Au sens propre du terme, avec ce que cela implique comme bons et comme mauvais côtés. "C’est quelqu’un qui prend énormément de risques et qui a besoin d’être sur un fil pour aller vite, estime Jean-Pierre Vidal. C’est un peu son péché mignon depuis qu’il fait du haut niveau." Notre consultant, également champion olympique de slalom (en 2002) avait analysé le style particulier de son successeur tricolore, en décortiquant son sacre lors des derniers JO (voir palette ci-dessous). Il propose cette fois de l’illustrer par une analogie avec les sports mécaniques.
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"Il a inventé quelque chose" : Vidal décrypte comment Noël a révolutionné le slalom

"C’est sa manière de skier depuis tout petit"

"C’est un peu comme en Formule 1, ou en rallye, il y a des pilotes qui sont à fond. Parfois ça passe, et parfois ça casse. Le ski de Clément, c’est ça, considère Vidal. Il prend une trajectoire différente de celle des autres. Il passe très près du piquet. La moindre erreur se paie souvent cash… mais c’est sa manière de skier depuis tout petit, cela semble assez naturel." Un naturel que le skieur français de 25 ans doit façonner sans le chasser : "La difficulté c’est que s’il 'déskie', il ne va plus gagner de course non plus."
Un sacré défi que Noël doit relever pour s’imposer comme le boss de sa discipline : "S’il veut gagner la Coupe du monde de slalom (il a déjà terminé trois fois 2e du petit globe de la spécialité, ndlr), il faut qu’il trouve de la régularité. Pour cela, tactiquement et techniquement, il faut que son ski évolue. Je pense qu’il en a conscience et qu’il essaie de mettre des choses en place", avance Jean-Pierre Vidal, plutôt confiant à ce sujet : "Il avait mis des choses en place qui avaient l’air plutôt bonnes cet été (…) Qu’il continue de construire là-dessus et de se faire confiance."
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Un début de manche fou, puis la sortie : la nouvelle déception de Noël

"Il faut éviter d’être sur la brèche lors des deux manches"

Vidal est convaincu que son compatriote peut ajouter une infime dose de contrôle à son ski dément. "Sur les premières manches, il n’a pas besoin d’être à 200%, en skiant déjà juste, il peut être facilement dans le 'Top 5', assure notre expert. En slalom, je pense qu’il faut éviter d’être sur la brèche lors des deux manches. Vu son niveau, il peut se permettre d’être un peu en retenue, pour se placer… puis prendre les risques qu’il faut lors de son deuxième passage, en fonction d’où il se situe." A Val d’Isère, Noël a vu sa course s’arrêter dès le premier run. A Madonna di Campiglio, c’est le second qui lui a été fatal.
"Il peut faire des manches à 98%, en gardant une petite marge", poursuit Jean-Pierre Vidal, considérant ce gain de maîtrise comme la marque de fabrique des références des piquets serrés : " Henrik (Kristoffersen), on le voit souvent contrôler sur ses premières manches et en rajouter comme il faut dans les secondes. C’est ce que faisait très bien Marcel Hirscher (octuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde, ndlr) quand il survolait la discipline du slalom."
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Coup de tonnerre, Noël premier éliminé !

Impact du matériel et digestion olympique

L’ancien skieur évoque aussi "l’importance énorme du matériel" et y voit un possible vecteur de déclic : "Je me rappelle d’avoir changé de chaussure, dans ma carrière, et je m’étais retrouvé avec un bien meilleur équilibre." Il n’imagine pas un cadre particulièrement propice au lancement de la saison de Noël, qui n’a donc achevé aucun des deux premiers slaloms de 2022-2023, et tentera d’y remédier mercredi à Garmisch Partenkirchen… où il a signé deux "0" l’an passé : "Clémentpréfère les pistes qui tiennent bien, avec une neige assez dure, mais il a une palette assez large, je ne suis pas très inquiet quant à sa capacité d’adaptation aux conditions de ski."
Reste la question de la digestion du titre olympique. La tendance de Noël à ne pas voir la ligne d’arrivée date d’avant son couronnement, certes, mais son nouveau statut n’arrange peut-être pas la situation. "Quand on atteint ce niveau en tant qu’athlète, qu’on a touché le Graal, c’est difficile de se remobiliser tout de suite, de se donner de nouveaux objectifs, raconte Vidal, en connaisseur. Il faut accepter cette phase de dépression (sic), qui est tout à fait naturelle." Et d’ajouter : "On prend trop à la légère cette période qui n’est pas simple."
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Noël, sacre olympique digéré : "Je suis redescendu de mon nuage"

Un précieux "Top 7" à conserver

Si le temps presse, ce n’est pas seulement dans l’optique du petit globe : "Il garde un bon dossard, mais s’il continue à sortir, il va perdre des places au sein de la WCSL (World Cup Starting List, ndlr)" Noël est 7e de ce classement, établi sur une année glissante, qui assure au "Top 7" un des sept premiers dossards. Un rang de moins, et cela pourrait se corser : "Quand on est seulement dans le 'Top 15' (8e-15e, ndlr) et qu’on tire le dossard 15… entre le premier et le quinzième à s’élancer, rien que la différence de terrain peut faire perdre toute chance d’être champion du monde."
D’où un vœu de Vidal, avant un mois de janvier qui va être très dense pour les techniciens (cinq slaloms en vingt jours) : "Il faut arriver en bas. Cela ne sert à rien de prendre tous les risques dès la première manche et enfourcher (…) Il faut accepter de ne pas être à 100%, même si cela ne donne pas un résultat aussi bon qu’il le souhaite. C’est important de marquer des points." Pour rester un sérieux candidat au sceptre planétaire, en février. Et à nouveau tout oublier ? "Il sortait déjà beaucoup la saison passée… et les JO ont tout effacé. S’il est champion du monde à Courchevel-Méribel, on oubliera tout aussi."
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C'est son jour de gloire : La deuxième manche en or de Noël

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